Voir le sujet précédentAller en basVoir le sujet suivant
John
John
Médiateur

Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90) Empty Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90)

par John Mar 23 Déc 2008 - 20:49
1999 - LM - La poésie est "la mise en rapport des contraires fondamentaux" (Jaccottet)
Dans l’Entretien des muses (éd. Gallimard, 1968, p. 303-304), Philippe JACOTTET écrit :
« La poésie est elle-même non pas dans le maintien à tout prix de telle ou telle prosodie, mais dans l’usage de la comparaison, de la métaphore ou de toute autre mise en rapport ; elle est au plus près d’elle-même dans la mise en rapport des contraires fondamentaux : dehors et dedans, haut et bas, lumière et obscurité, illimité et limite. Tout poète est au plus pur de lui-même dans sa façon singulière de les saisir. »

1999 - LC - "Ce n'était ni vrai, ni faux, mais vécu" (Malraux)
Adoptant le point de vue d'un de ses personnages, André Malraux écrit dans La Condition humaine : « Ce n'était ni vrai, ni faux, mais vécu. » Cette phrase vous semble-t-elle de nature à éclairer le débat sur l'oeuvre autobiographique sous ses diverses formes ?

1998 - LM - Le roman pourrait "recueillir tout l'héritage de l'ancienne poésie" (Butor)
« Étudiant, comme beaucoup, j’ai écrit quantité de poèmes. Ce n’était pas seulement distraction ou exercice ; j’y jouais ma vie. Or, du jour où j’ai commencé mon premier roman, des années durant je n’ai plus rédigé un seul poème, parce que je voulais réserver pour le livre auquel je travaillais tout ce que je pouvais avoir de capacité poétique ; et si je me suis mis au roman, c’est parce que j’avais rencontré dans cet apprentissage nombre de difficultés et de contradictions, et qu’en lisant divers grands romanciers, j’avais eu l’impression qu’il y avait là une charge poétique prodigieuse, donc que le roman, dans ses formes les plus hautes, pouvait être un moyen de résoudre, dépasser ces difficultés, qu’il était capable de recueillir tout l’héritage de l’ancienne poésie. »
Michel BUTOR, Répertoire II (Paris, Les Editions de Minuit, 1964, « Le roman et la poésie », p. 7)

1998 - LC - « Les ouvrages les plus courts / Sont toujours les meilleurs. » (La Fontaine)
« Mais les ouvrages les plus courts Sont toujours les meilleurs. », La Fontaine, Discours à Monsieur le Duc de La Rochefoucauld (Fables, X, 14)

1997 - LM - "L'impression de lecture" (Gracq)
« Ce qui égare trop souvent la critique explicative, c’est le contraste entre la réalité matérielle de l’oeuvre : étendue, articulée, faite de parties emboîtées et complexes, et même, si l’on veut, démontable jusque dans son détail, et le caractère rigidement global de l’impression de lecture qu’elle produit. Ne pas tenir compte de cet effet de l’oeuvre, pour lequel elle est tout entière bâtie, c’est analyser selon les lois et par les moyens de la mécanique une construction dont le seul but est de produire un effet analogue à celui de l’électricité. »
Julien GRACQ, En lisant en écrivant (éd. J. Corti, 1981)

1997 - LC - "Là où je suis il n'y a plus à penser" (Artaud) vs "La dignité de l'espèce humaine et la gloire du monde" (Mme de Staël)
Dans le préambule destiné à la publication de ses Oeuvres complètes, Antonin ARTAUD (1896-1948) écrit : « Moi poète j'entends des voix qui ne sont plus du monde des idées. Car là où je suis il n'y a plus à penser. »
Un siècle et demi plus tôt, Madame de Staël avait fait dire à Corinne, l'héroïne de son roman (publié en 1807) : « Je me sens poète, non pas seulement quand un heureux choix de rimes et de syllabes harmonieuses, quand une heureuse réunion d'images éblouit les auditeurs, mais quand mon âme s'élève, quand elle dédaigne de plus haut l'égoïsme et la bassesse, enfin quand une belle action me serait plus facile : c'est alors que mes vers sont meilleurs. Je suis poète lorsque j'admire, lorsque je méprise, lorsque je hais, non par des sentiments personnels, non pour ma propre cause, mais pour la dignité de l'espèce humaine et la gloire du monde. »

1996 - LM - "Le roman est l'autre de tous les genres" (Quignard)
« Le roman est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est ce qui dégénère et qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques, et vous commencez d’approcher le roman » Pascal QUIGNARD, Le Débat n° 54, mars-avril 1989, p. 77-78

1996 - LM (sujet de remplacement) - Réalisme et fantaisie s'équilibrent dans l'écriture comique (Sareil)
« Le réalisme est donc très répandu dans l’oeuvre comique, mais il apparaît toujours bridé, limité à des détails secondaires, à des traits d’observation. son rôle est très souvent celui d’un point de départ. Mais, chose étonnante, la fantaisie n’est pas mieux traitée et se voit contrôlée presque dans les mêmes proportions. Il serait faux de croire que l’écrivain comique cherche à donner libre cours à son imagination. A chaque instant, il doit toucher terre, revenir au réalisme, qui le relance. »
Jean SAREIL, « Réalisme et fantaisie » in L’Écriture comique (PUF « écriture », 1984, p. 133)

1996 - LC - "Un écrivain de génie aujourd'hui a tout à faire. Il n'est pas beaucoup plus avancé qu'Homère." (Proust)
« En art il n'y a pas (au moins dans le sens scientifique) d'initiateur, de précurseur. Tout est dans l'individu, chaque individu recommence, pour son compte, la tentative artistique ou littéraire ; et les oeuvres de ses prédécesseurs ne constituent pas, comme dans la science, une vérité acquise dont profite celui qui suit. Un écrivain de génie aujourd'hui a tout à faire. Il n'est pas beaucoup plus avancé qu'Homère. »
Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve

1995 - LM - Le romantisme a irradié "l’histoire culturelle dans l’ensemble de son devenir" (Gusdorf)
« Constante de culture, le romantisme apparaît comme une catégorie transhistorique, irradiant l’histoire culturelle dans l’ensemble de son devenir. Il ne s’agit pas d’une mode littéraire qui aurait régné dans la première partie du XIXe siècle ; conception absurde, car il n’y a pas eu d’année zéro du romantisme, ni d’année terminale. Le romantisme a existé au présent, dans un moment historique ; mais il s’est projeté dans le passé médiéval et renaissant, et il n’a pas cessé de susciter dans le futur des hommes et des oeuvres en lesquels revivait son
esprit. »
G. GUSDORF, Le Romantisme, éd. Payot et Rivages, 1982, rééd 1993, p. 46

1995 - LC - Le lecteur de roman.

1994 - LM - Le poème entre "horizon interne du texte" et "horizon externe du monde" (Collot)
« Au nom d’un "matérialisme" de la lettre, certains ont vidé la poésie de tout rapport avec l’être et avec la matière. Ils se sont adonnés aux glissements intensifs de la "chaîne signifiante", où se perdent de vue les signifiés. Moyennant quoi, leur écriture est devenue parfois illisible, et ils ont contribué à détourner les lecteurs de la poésie. La lisibilité d’un poème se fonde en effet sur un double rapport des mots qui le composent avec l’horizon interne du texte et avec l’horizon externe du monde. Se priver de l’un de ces deux horizons, c’est s’exposer soit au réalisme, soit à l’hermétisme. »
Michel COLLOT, L’Horizon fabuleux, Librairie José Corti, 1998, p. 214.

1994 - LC - Le théâtre est un "détournement de la vie" (J.-D. Hubert)
« Il semble (...) que le théâtre s'affirme moins comme imitation que comme détournement de la vie : semblable à l'amour-propre de La Rochefoucauld, il ne se lasse jamais de se désigner à travers tous ses avatars. »
J.-D. HUBERT, Essai d'exégèse racinienne, nouvelle édition, Nizet, 1985.

1993 - LM - Le lecteur est "metteur en scène du sens" (Bellemin-Noël)
« Je ne puis fantasmer n’importe quoi à propos d’un texte, je ne brode pas sur un canevas aux couleurs prémarquées : ce discours et moi, nous devenons ensemble cette tapisserie. Ma main doit passer par des points obligés, choisir des fils de nuances déterminées, meubler les entours d’une ornementation. Le motif existe, imposé par le titre, il ne faut pas l’oublier ; le dessin, la couleur et le cadre sont aménagés. Mon inconscient de lecteur ne s’impose pas, il se prête aux possibles du texte ; le sens secret du texte ne s’expose pas, même à force
de (mauvais ou bons) traitements, il s’offre aux connivences de mon écoute. Car c’est moi qui suis le maître du relief, des intensités : j’accentue ici ou là, je marque plus ou moins le contraste, je crée la tonalité, je fais voir ce qui n’était pas remarqué, remarquer ce qui autrement n’eût pas été vu, mon rôle est de mettre en vue – je suis metteur en scène du sens, et dès lors c’est mon sens. »
Jean BELLEMIN-NOEL, Vers l’inconscient du texte (PUF, p. 194-195)

1993 - LC - "La littérature a trait à l'existence humaine, c'est un discours orienté vers la vérité et la morale." (T. Todorov)
Depuis deux cents ans, on nous a répété à qui mieux mieux que la littérature était un langage qui trouvait sa fin en lui-même. Il est temps d'en revenir à des évidences qu'on n'aurait pas dû oublier : la littérature a trait à l'existence humaine, c'est un discours orienté vers la vérité et la morale. (...) Littérature et morale : quelle horreur ! s'exclamera mon contemporain. Oui, le rapport aux valeurs est inhérent à la littérature : non seulement parce qu'il est impossible de parler de l'existence sans s'y référer, mais aussi parce que la littérature est un acte de communication, ce qui implique la possibilité d'entente au nom de valeurs communes. (...) Mais la littérature n'est pas un sermon : la différence entre les deux est que ce qui est ici un acquis préalable ne peut être là qu'un horizon.
Tzvetan TODOROV, Critique de la Critique, 1984.

1992 - LM - Le roman est "un discours parabolique" (C. Grivel)
« Roman signifie exemplarisation. Le roman prouve. Il constitue un discours parabolique, illustratif, donne à souscrire à un sens. Raconter suppose la volonté d’enseigner, implique l’intention de dispenser une leçon, comme aussi celle de la rendre évidente. »
C. Grivel, Production de l’intérêt romanesque (La Haye, Mouton, 1973, p. 318)

1992 - LC - "Les oeuvres d'art, il est judicieux d'avoir l'oeil sur leurs fréquentations, mais de laisser quelque peu flotter leur état civil." (Gracq)
« En matière de critique littéraire, tous les mots qui commandent à des catégories sont des pièges. Il en faut, et il faut s'en servir, à condition de ne jamais prendre de simples outils-pour-saisir, outils précaires, outils de hasard, pour des subdivisions originelles de la création ; que d'énergie gaspillée à baliser les frontières du « romantisme », à répartir les oeuvres d'imagination entre les fichiers du fantastique, du merveilleux de l'étrange, etc. ! Les oeuvres d'art, il est judicieux d'avoir l'oeil sur leurs fréquentations, mais de laisser quelque peu flotter leur état civil. »
Julien Gracq, En lisant en écrivant, 1980, p. 174

1991 - LM - "La création passe nécessairement d’abord par l’imitation" (H. Godard)
« Toute oeuvre est un système de formes qui n’existent pas telles quelles dans le monde réel. Nous n’éprouvons jamais celui-ci que comme une totalité et une confusion. Il nous déborde de toute part. Il est sans limite, à chaque instant il se dérobe à notre prise. Tout s’y tient, et la diversité des plans de notre expérience y multiplie à l’infini les liens de tout avec tout. Les formes que nous percevons dans l’oeuvre ne peuvent donc résulter que du découpage et des choix que l’artiste y a opérés. Or l’idée même d’un découpage et de choix de ce
genre, chaque nouvel artiste ne peut la tenir que des oeuvres de ses prédécesseurs. « Un poète ne se conquiert pas sur l’informe, mais sur les formes qu’il admire.1 » Il s’ensuit que la création passe nécessairement d’abord par l’imitation, quand ce n’est pas par le pastiche. »
H. GODARD, L’Autre face de la littérature. Essai sur André Malraux et la littérature (éd. Gallimard, 1990, p. 42-43)
1Il s'agit d'une citation de Malraux dans les Hôtes de Passage au sujet de Rimbaud : "Rimbaud ne commence pas par écrire du Rimbaud informe mais du Banville : [...] Un poète ne se conquiert pas sur l’informe, mais sur les formes qu’il admire"[Note de John]

1991 - LC - "l'esprit du lecteur actif et rebelle" (Paul Valéry)
« Une oeuvre est solide quand elle résiste aux substitutions que l'esprit du lecteur actif et rebelle tente toujours de faire subir à ses parties. N'oublie jamais qu'une oeuvre est chose finie, arrêtée et matérielle. L'arbitraire vivant du lecteur s'attaque à l'arbitraire mort de l'ouvrage. »
Paul Valéry, Rhumbs

1990 - LM - "Toutes les oeuvres dramatiques [...] ont les mêmes caractères fondamentaux." (P. Larthomas)
L’erreur fondamentale à nos yeux a consisté surtout à distinguer au cours des siècles, tout au moins en France, la comédie et la tragédie, ou, de façon plus large, les pièces qui font rire et celles qui font pleurer. Non que cette distinction ne soit pas, dans une certaine mesure, naturelle, puisqu’elle tient compte avant tout des réactions du public et différencie, à partir d’elles, les procédés qui les provoquent ; non qu’elle ne soit pas pardonnable, puisque vénérable et appuyée par une tradition mythologique (Thalie et Melpomène), l’autorité
d’Aristote et de combien d’autres. Mais enfin elle n’est pas essentielle. Et n’étant pas essentielle, elle s’est révèlée dangereuse : on a plus été préoccupé de marquer entre la tragédie et la comédie des oppositions qui allaient de soi que de souligner les points communs qui font que toutes les oeuvres dramatiques, qu’il s’agisse d’Athalie ou des Fourberies de Scapin, ont les mêmes caractères fondamentaux.
En vous référant à des exemples précis, vous commenterez et discuterez ces réflexions.
P. Larthomas, Le Langage dramatique (Paris, PUF, p. 433-434)

1990 - LC - Ce n'est pas ce qui est regardé qui définit la poésie, c'est le regard. (Claude Roy)
« Ce n'est pas ce qui est regardé qui définit la poésie, c'est le regard. Ce ne sont pas les choses qui arrivent qui font un poème, c'est la façon du poète d'arriver dans les choses. »

Bonus : 1989 - LC - Qu'est-ce qu'un classique ?


Dernière édition par John le Mar 23 Déc 2008 - 23:27, édité 6 fois

_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !


"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
Pierre_au_carré
Pierre_au_carré
Guide spirituel

Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90) Empty Re: Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90)

par Pierre_au_carré Mar 23 Déc 2008 - 21:42
Et alors, que donnent les comparaisons ?
John
John
Médiateur

Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90) Empty Re: Dissertation littéraire : Annales des Capes (années 90)

par John Mar 23 Déc 2008 - 22:28
Ce n'est pas pour comparer - c'est parce que si je mets tous les sujets dans le même message, le message est trop long.

_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !


"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
Voir le sujet précédentRevenir en hautVoir le sujet suivant
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum