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Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements - article de L'Express Empty Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements - article de L'Express

par kensington Mer 29 Fév 2012 - 11:57
Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements

Par Marie-Caroline Missir, publié le 29/02/2012 à 08:49, mis à jour à 11:01

Quoi de mieux que les questions d'enseignement pour souligner le clivage droite-gauche? Face à la câlinothérapie de Hollande, le candidat Sarkozy promet une cure radicale.

Trouver les mots. Ne pas négliger le malaise enseignant. Et lever les "malentendus" du quinquennat. Le projet de Nicolas Sarkozy pour l'école, Jean-Baptiste de Froment y travaille depuis des mois. Experts, syndicalistes, hauts fonctionnaires: tous ont croisé le conseiller en éducation du président, cheville ouvrière de son programme. L'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, le 15 février, a accéléré le tempo. Le jeune agrégé a quitté l'Elysée pour le QG de campagne. Il continuera à s'occuper d'éducation, un thème au coeur du projet présidentiel et du meeting de Sarkozy, le 28 février, à Montpellier.
Le candidat veut riposter à un François Hollande qui pratique la câlinothérapie à destination des enseignants et de leurs 800 000 voix: créer 60 000 postes en cinq ans, revoir les rythmes scolaires, donner la priorité à l'enseignement primaire, restaurer l'apprentissage de l'histoire en terminale S, ressusciter les IUFM (écoles de formation des maîtres), sauver les réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté. Nicolas Sarkozy, lui, veut renverser la table. En assumant à fond une révolution libérale pour l'école. Il propose notamment que les profs soient recrutés par les chefs d'établissement, qu'ils aient des obligations de service modulables et qu'ils puissent enseigner plusieurs matières. En contrepartie, un meilleur salaire et des bureaux.
Parler du futur plutôt que du passé quand le bilan du quinquennat est difficile à vendre. La réforme de la formation des maîtres vient d'être épinglée par la Cour des comptes pour son impréparation, la suppression de l'école le samedi matin est vilipendée par les chronobiologistes, et la politique du "1 sur 2" avec ses 70 000 suppressions de postes en cinq ans a atteint ses limites. "On est à l'os", s'alarment en privé les recteurs, contraints de rogner sur les moyens du lycée pour boucler leurs budgets.

L'égalité à gauche, la liberté à droite
Alors il faut taper fort, ringardiser les propositions de l'adversaire. "Les socialistes ont une obsession, celle des moyens: ils n'ont rien produit de nouveau sur l'école depuis quinze ans", attaque Luc Chatel, ministre de l'Education nationale. Pour Jean-Baptiste de Froment, c'est "projet contre non-projet". Nicolas Sarkozy n'a pas d'autre choix que de promettre la révolution scolaire. "Ce que nous avons réussi à l'université, nous allons le poursuivre à l'école", décrypte un conseiller d'Etat associé à la préparation du programme. Autonomie des établissements, responsabilisation des acteurs et revalorisation du métier d'enseignant : c'est le triptyque sur lequel repose le programme éducatif de Nicolas Sarkozy.
Des professeurs moins nombreux, mieux payés, capables d'enseigner plusieurs matières, recrutés directement par les chefs d'établissement et passant plus de temps dans des établissements plus libres : voilà l'école promise par la droite. Une libéralisation du système éducatif inspirée par les travaux de think tanks comme la Fondation pour l'innovation politique. Comme elle l'expliquait dans un récent ouvrage (1) : "La liberté pédagogique et administrative en même temps que la dévolution des moyens correspondants et la gestion des ressources humaines doivent être effectivement transférées aux établissements. A charge pour eux de rendre compte des résultats qu'ils obtiennent."
Dans le viseur du candidat : le collège unique. L'idée serait de recentrer la 6e et la 5e sur les fondamentaux (histoire-géo/ français, maths/sciences), d'éviter la rupture brutale avec le primaire et d'"assumer" - c'est le mot du président - la diversité des parcours en 4e et 3e. En d'autres termes, pré-orienter les élèves en difficulté dès la fin de la 5e.
Si le mythe de l'école républicaine est érigé en modèle dans les deux camps, sa déclinaison voit s'affronter deux visions de l'école. L'égalité comme valeur cardinale à gauche, la liberté à droite. Restaurer l'autorité du professeur chez Nicolas Sarkozy, mettre la pédagogie au coeur du projet chez François Hollande. La promotion de l'élève méritant et la personnalisation des apprentissages à l'UMP, la réussite de tous et la restauration de la "confiance" entre l'école et la nation au PS.
François Hollande comme Nicolas Sarkozy se trouvent pourtant acculés au même constat: toute amélioration du système passe par la réforme du métier d'enseignant. Régi par des décrets pris en 1950, il a profondément changé. La définition hebdomadaire du temps de travail - dix-huit heures pour un certifié, quinze pour un agrégé - est un carcan rigide pour qui veut introduire un peu de souplesse dans l'organisation scolaire.
A droite, Luc Chatel a préparé le terrain : la réforme de l'évaluation, qui transforme le chef d'établissement en responsable hiérarchique de l'enseignant, a fait sauter le premier verrou d'un statut férocement protégé par les syndicats. La redéfinition des missions des enseignants et l'augmentation de leur temps de présence dans les établissements sont les prochaines étapes.
A gauche, on évite d'afficher ses intentions: "Nous faisons le pari d'une réforme globale. Il serait indécent à l'égard des enseignants d'entrer dans le sujet du métier par la réforme du statut de 1950", avance Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe de campagne socialiste. Indécent et surtout risqué : la réforme du métier figurait en bonne place dans la lettre de mission de Xavier Darcos, en 2007. Elle a même donné lieu à un rapport, celui de la commission Pochard, aussitôt enterré sous la pression des syndicats. Faute d'avoir bousculé le métier d'enseignant, Nicolas Sarkozy l'a revalorisé à coups d'heures supplémentaires et d'augmentations du salaire des débutants : selon le ministère, il a progressé de 18 % depuis 2007.

Pour le PS, embaucher plutôt qu'augmenter
Car le nerf de la guerre, c'est bien l'argent. Comme un avertissement, l'OCDE rappelle dans sa dernière étude que les pays qui enregistrent de bonnes performances scolaires sont aussi ceux qui offrent les meilleurs salaires aux professeurs. François Hollande ne pourra pas à la fois créer 12 000 postes par an et améliorer l'ordinaire des enseignants. "Ils n'ont pas envie qu'on leur parle d'argent, ce n'est pas le sujet", veut croire Vincent Peillon. Revenue au pouvoir, la gauche n'hésiterait donc pas à supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires. Un manque à gagner de 319 millions d'euros par an pour les profs. Le choix est clair: embaucher plutôt qu'augmenter. L'équipe Peillon a fait ses calculs: une hausse de 15 % du salaire des 400 000 enseignants en début et milieu de carrière coûterait 4500 euros par an et par personne, soit 9 milliards sur cinq ans. Un gouffre, comparé au coût des 60 000 postes sur la même période: 2,5 milliards "seulement".
Au fond, François Hollande est terriblement raisonnable : sa seule audace, c'est la création d'emplois. Il est plus discret sur ses réformes de fond, sachant que l'antisarkozysme des enseignants - 79 % d'entre eux voteraient Hollande au second tour (sondage Ifop-Le Monde du 23 février) - les conduit à un refus de toute forme de modernisation. A l'école, pas sûr que le changement soit pour maintenant.

(1) L'Ecole de la liberté: initiative, autonomie et responsabilité, par Charles Feuillerade. Fondapol, 2012.
source: L'Express.fr
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Cath
Enchanteur

Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements - article de L'Express Empty Re: Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements - article de L'Express

par Cath Mer 29 Fév 2012 - 12:09
kensington a écrit:
Sarkozy-Hollande: l'école, terre d'affrontements

Par Marie-Caroline Missir, publié le 29/02/2012 à 08:49, mis à jour à 11:01


Au fond, François Hollande est terriblement raisonnable : sa seule audace, c'est la création d'emplois. Il est plus discret sur ses réformes de fond, sachant que l'antisarkozysme des enseignants - 79 % d'entre eux voteraient Hollande au second tour (sondage Ifop-Le Monde du 23 février) - les conduit à un refus de toute forme de modernisation. A l'école, pas sûr que le changement soit pour maintenant.

(1) L'Ecole de la liberté: initiative, autonomie et responsabilité, par Charles Feuillerade. Fondapol, 2012.
source: L'Express.fr

Ah bon.
Si on est contre Sarko, c'est qu'on refuse la modernisation ? (forcément synonyme de progrès, d'ailleurs)
Luigi_B
Luigi_B
Grand Maître

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par Luigi_B Mer 29 Fév 2012 - 12:12
Tu as tout dit, cath5660. C'est la grande imposture de notre temps.
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