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seyes
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Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par seyes Ven 08 Fév 2013, 21:30
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Confidentiel - Europe libérale

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples.

( document non officiel mais fortement plausible )


I Dégrader la qualité de l’enseignement

I . 1
Supprimer massivement des postes par le non remplacement des enseignants partant à la retraite.
Conséquences : fermetures de classes, accroissement des effectifs dans les classes.

I . 2
Supprimer massivement des postes de titulaires remplaçants.

I . 3
Alourdir les programmes scolaires en intégrant d’autres domaines que les matières fondamentales
( sécurité routière, développement durable, éducation à la santé, …) .
Conséquences : diminution du temps scolaire consacré au français et aux mathématiques

I . 4 Supprimer la formation des nouveaux enseignants
Conséquences : évidentes

I . 5
Favoriser l’intégration massive des élèves handicapés
( troubles du comportement, autisme, … ) dans les classes sans fournir les personnels formés nécessaires.
Conséquences : accroissement de la difficulté d’enseigner , parfois même création de situations ingérables.

I . 6
Supprimer des heures d’enseignement à la globalité de la classe ( samedi matin )
et remplacer ces heures par l’aide personnalisée pour quelques élèves seulement.

I . 7
Supprimer les Réseaux d’Aide aux Enfants en Difficulté (RASED)
sous prétexte de la mise en place de l’aide personnelle individualisée réalisée le midi par les enseignants.
Conséquences : alourdissement de la journée des enseignants et des élèves concernés. Inefficacité de l’aide car les enseignants des classes n’ont pas les même compétences que ceux des RASED s’agissant des élèves en difficulté ; horaires inadaptés )



II Dégrader l’image et l’autorité des enseignants

II . 1
Donner plus de pouvoir aux parents d’élèves :
favoriser le développement des associations de parents d’élèves,
instaurer les Conseils d’Ecoles durant lesquels les enseignants doivent rendre des comptes sur différents sujets aux représentants des parents d’élèves,
demander le consentement des parents pour les redoublements …
Conséquence : diminuer l’autorité des enseignants dans leurs classes et ainsi, accroître la difficulté de faire cours

II . 2
Organiser des évaluations nationales trop difficiles et à des périodes où les élèves n’auront pas encore travaillé sur toutes les compétences demandées.
Diffuser largement les mauvais résultats obtenus par voie de presse et autres.

II . 3
Organiser le dénigrement systématique des enseignants
par voie de presse sur les thèmes de l’immobilisme, des avantages sociaux, de la fainéantise et de la contestation permanente
( utiliser des expressions comme « dégraisser le Mammouth » , « corporatistes », … ) afin qu’ils ne puissent pas avoir le soutien de la population en cas de réaction à ces manœuvres.

II . 4
Instaurer un service minimum d’accueil dans les écoles en cas de grève des enseignants afin d’en annuler les effets ( du fait que cela ne dérangera plus la population )


II . 5
Faire baisser le niveau de vie des enseignants en ne revalorisant plus leur salaire par rapport à l'inflation.
Conséquences : déclassement et donc dégradation de l'image des enseignants dans nos sociétés mercantiles

II . 6
Dégrader au maximum les conditions de travail des professeurs des écoles et supprimer progressivement les quelques compensations qu'ils ont encore :
rogner sur les vacances, supprimer la coupure du mercredi,augmenter le nombre d'heures de présence dans les écoles -( avec la pause méridienne de trois heures), ...... afin de décourager les vocations et d'en pousser le plus possible vers la sortie.
( cf France Télécom et La Poste)




III Transférer aux communes la charge de la gestion et du salaire des enseignants

III .1
Quelques années après le passage à la semaine de quatre jours, décréter que cette organisation est mauvaise parce qu’elle concentrerait trop les apprentissages hebdomadaires ( sans toucher à la lourdeur de programmes )
Présenter comme une nécessité d’instaurer des heures de classe le mercredi matin ( parce que revenir au samedi serait impossible pour cause de week-end des parents, du tourisme … )
Conséquences : accroissement de la fatigue des élèves et des enseignant par la suppression de la journée de récupération du mercredi ; nouvelle dégradation des résultats des élèves.

III . 2
Instaurer les Projets Educatifs Territoriaux
afin de donner aux communes de plus en plus de pouvoirs sur l’organisation de ces nouvelles semaines, de créer des différences locales et ainsi, de briser l’unité nationale des obligations de services des enseignants.

III . 3
Transférer aux communes la gestion ( recrutement et rémunération ) des enseignants du primaire dans le cadre de la décentralisation, en s’appuyant sur l’argument d’une meilleure gestion des personnels.
Subventionner ce transfert de charge au début puis diminuer d’année en année le montant de la subvention.



IV Encourager la création d’établissements privés afin de palier l’incapacité des communes à assurer le service d’éducation

IV . 1
Faire publiquement le constat que les conditions d’enseignements se dégradent excessivement
( effectifs des classes, moyens matériels, … ) du fait des difficultés financières des collectivités locales ( malgré les hausses d’impôts au niveau local ) .

IV . 2
Encourager la création d’établissements scolaires privés grâce à des subventions publiques.
Favoriser le transfert vers ces établissements payants des élèves dont les parents ont des revenus suffisants.
Conserver un service scolaire municipal minimum pour les enfants des personnes à très faibles revenus.



V Très important : à chaque étape du processus, jurer la main sur le coeur que le seul but est l'amélioration du système et surtout le "bien des enfants".


voir système des retraites: " C'est pour sauver notre système de retraite par répartition qu'il faut reculer l'âge de départ !"


Dernière édition par seyes le Sam 09 Fév 2013, 10:16, édité 1 fois
Celadon
Celadon
Demi-dieu

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par Celadon Sam 09 Fév 2013, 07:30
Hélas, très, très plausible. affraid furieux Et déjà largement entamé.
Iphigénie
Iphigénie
Prophète

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par Iphigénie Sam 09 Fév 2013, 08:31
C'est très exactement ce qu'il y a derrière la réforme des "rythmes scolaires" et les maquettes des nouveaux capes: d'où l'importance du combat des PE actuellement.
C'est même étonnant que l'ensemble du système ne se lève pas, mais ça c'est la spécificité du milieu enseignant: chacun laisse bouffer l'autre sans voir qu'il est le suivant sur la liste Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 964035751
doublecasquette
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Enchanteur

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par doublecasquette Sam 09 Fév 2013, 08:33
iphigénie a écrit:C'est très exactement ce qu'il y a derrière la réforme des "rythmes scolaires" et les maquettes des nouveaux capes: d'où l'importance du combat des PE actuellement.
C'est même étonnant que l'ensemble du système ne se lève pas, mais ça c'est la spécificité du milieu enseignant: chacun laisse bouffer l'autre sans voir qu'il est le suivant sur la liste Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 964035751

Voir les IEN invités par Peillon... Ont-ils fait remonter les doutes de la base (mairies, familles et PE) ? Pourtant, ils sont clairement les prochains sur la liste...
Roumégueur Ier
Roumégueur Ier
Érudit

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par Roumégueur Ier Sam 09 Fév 2013, 08:37
doublecasquette a écrit:
iphigénie a écrit:C'est très exactement ce qu'il y a derrière la réforme des "rythmes scolaires" et les maquettes des nouveaux capes: d'où l'importance du combat des PE actuellement.
C'est même étonnant que l'ensemble du système ne se lève pas, mais ça c'est la spécificité du milieu enseignant: chacun laisse bouffer l'autre sans voir qu'il est le suivant sur la liste Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 964035751

Voir les IEN invités par Peillon... Ont-ils fait remonter les doutes de la base (mairies, familles et PE) ? Pourtant, ils sont clairement les prochains sur la liste...

Non, ils doivent faire oeuvre de Péda-go-gie : la réforme n'est pas mauvaise, elle a juste mal été essspliquée... et de vilains Dindons corporatistes glougloutent en salissant l'image du métier. Ils paniquent ou je rêve?
doublecasquette
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Enchanteur

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par doublecasquette Sam 09 Fév 2013, 10:43
J'ai le même rêve que toi, en tout cas !

C'est pourquoi j'aimerais bien que "mon" idée de cartes postales ou de mails au Ministère soit tentée... On n'est pas loin du but et on a beaucoup de "membres de la société civile" (parents, conseils municipaux, animateurs sportifs, professeurs de musique en extra-scolaire, nounous, etc.) derrière nous et qui, pour le moment n'ont d'autres porte-parole que la FCPE, l'AMF ou rien.
C'est pas faux
C'est pas faux
Esprit éclairé

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par C'est pas faux Sam 09 Fév 2013, 11:05
Il y a ce rapport bien connu de l'OCDE :
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Une sélection des meilleurs morceaux ici :
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OCDE
LA FAISABILITE POLITIQUE DE L'AJUSTEMENT.
Cahier de politique économique n°13 (1996), par Christian Morrisson

p.5 Introduction
Dans l’histoire de l’ajustement, le souci du politique est apparu seulement au terme d’une longue réflexion. En effet, au début des années 80, dans l’urgence des crises financières qui frappaient de nombreux pays en développement, on ne pensait qu’à rétablir les équilibres macro-économiques, en particulier celui de la balance des paiements, par des mesures à court terme de rigueur budgétaire et monétaire, ainsi que par la dévaluation. L'ajustement se limitait à un programme de stabilisation ayant pour seul critère la réduction, le plus rapidement possible, du déficit extérieur. Mais on a vite reconnu que stabiliser n’est pas une fin en soi : il ne suffit pas de diminuer la demande, il faut aussi accroître l’offre, en améliorant l’allocation des ressources. Sous l’impulsion des organisations internationales, les mesures de stabilisation ont donc été complétées par des mesures d’ajustement structurel, telles que la baisse des droits de douane, la déréglementation des marchés financiers ou la suppression des distorsions dans les prix agricoles. Cette distinction entre la stabilisation et l'ajustement structurel est politiquement importante. En effet, le programme de stabilisation a un caractère d’urgence et comporte nécessairement beaucoup de mesures impopulaires puisque l’on réduit brutalement les revenus et les consommations des ménages en diminuant les salaires des fonctionnaires, les subventions ou l’emploi dans le bâtiment. En revanche, les mesures d’ajustement structurel peuvent être étalées sur de nombreuses années et chaque mesure fait en même temps des gagnants et des perdants, de telle sorte que le gouvernement peut s’appuyer facilement sur une coalition des bénéficiaires pour défendre sa politique.

p.8 Première partie : les risques politiques de l’ajustement
Le cadre d’analyse
[…] Même si un gouvernement poursuit divers objectifs comme la croissance ou le prestige international, il reste qu’habituellement son premier objectif est de rester au pouvoir, la probabilité d’y rester dépendant à la fois du soutien politique de la population et de la répression. Lorsque le gouvernement fait des choix budgétaires, ceux-ci affectent deux catégories de dépenses : celles qui bénéficient directement à certains groupes et accroissent ce soutien, ou celles qui contribuent au bien-être de tous à long terme, comme les investissements en infrastructures. En cas d’ajustement, les organisations internationales demandent une réduction des premières dépenses, ce qui amoindrit le soutien au gouvernement. Celui-ci peut compenser cette baisse de popularité par la répression en cas de troubles, mais elle entraîne de nombreux coûts (dépendance accrue à l'égard de l’armée ou réactions négatives à l’étranger). Chaque gouvernement est donc pris, en cas d’ajustement, entre des pressions contradictoires — contraintes financières et répression, d’une part, et inconvénients de la répression, d’autre part. L’ajustement ne consiste cependant pas seulement en coupures budgétaires, il requiert aussi une restructuration des dépenses en faveur des divers groupes ou des divers secteurs, ce qui n’entraîne pas nécessairement une baisse du soutien car, comme cette politique produit à la fois des gagnants et des perdants, il y a une compensation possible du point de vue politique.

p.17 Les facteurs politiques de succès
Un gouvernement peut difficilement stabiliser contre la volonté de l’opinion publique dans son ensemble. Il doit se ménager le soutien d’une partie de l’opinion, au besoin en pénalisant davantage certains groupes. En ce sens, un programme qui toucherait de façon égale tous les groupes (c’est-à-dire qui serait neutre du point de vue social) serait plus difficile à appliquer qu’un programme discriminatoire, faisant supporter l’ajustement à certains groupes et épargnant les autres pour qu’ils soutiennent le gouvernement.

p.24 Les moyens d’anticiper la crise
[…] La clairvoyance politique est indispensable pour agir rapidement et efficacement. Si un gouvernement arrive au pouvoir au moment où les déséquilibres macro-économiques se développent, il bénéficie d’une courte période d’ouverture (quatre à six mois), pendant laquelle l’opinion publique le soutient et il peut rejeter sur ses prédécesseurs l’impopularité de l’ajustement. Grâce à ce soutien, les corporatismes sont temporairement affaiblis et il peut dresser l’opinion contre ses adversaires. Après ce délai de grâce, c’est fini : le nouveau gouvernement doit assumer en totalité les coûts politiques de l’ajustement, car il est considéré comme le seul responsable de la situation. Il a donc intérêt à appliquer sur-le-champ [p.25] un programme de stabilisation, tout en reportant la responsabilité des difficultés sur ses adversaires. Cela suppose une bonne stratégie de communication, cette stratégie étant une arme importante dans le combat politique. Il faut dès l’arrivée au pouvoir insister, voire en exagérant, sur la gravité des déséquilibres, souligner les responsabilités des prédécesseurs et le rôle des facteurs exogènes défavorables, au lieu de tenir un discours optimiste et de reporter l’heure de vérité. En revanche, dès que le programme de stabilisation a été appliqué, le gouvernement peut tenir un discours plus optimiste pour rétablir la confiance (un facteur positif pour la reprise), tout en s’imputant le mérite des premiers bénéfices de l’ajustement.
Il est souhaitable, par ailleurs, que le gouvernement suscite rapidement une coalition d’intérêts qui fasse contrepoids à l’opposition. C’est le complément indispensable à sa stratégie de communication et le seul moyen de s’assurer un soutien durable. L’ajustement apporte des gains aux agriculteurs, aux chefs d’entreprise et aux travailleurs des industries exportatrices. Un volet social bien défini peut bénéficier à certains ménages pauvres en ville. Par ailleurs, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, des secteurs stratégiques (l’armée ou la police, par exemple) peuvent être exemptés. Le gouvernement doit s’efforcer de coaliser ces divers groupes en faveur de l’ajustement. Il est inévitable que l’opposition tire parti de la situation pour développer un vaste mouvement des mécontents, et l’on ne peut appliquer un programme de stabilisation sans léser les intérêts de salariés du secteur public et parapublic, de consommateurs urbains, de salariés et de chefs d’entreprise du secteur moderne. Mais il faut éviter que ce mouvement s’étende à toute la population urbaine, en se ménageant par des actions discriminatoires le soutien de divers groupes, afin de constituer une coalition opposée. Il est souhaitable, par exemple, de limiter les réductions de salaire aux fonctionnaires civils et d’accorder une aide bien adaptée à des familles pauvres. Cette stratégie permet de gagner des soutiens, sans en perdre, puisque beaucoup de fonctionnaires civils auraient été de toute façon hostiles à l’ajustement.

p.29 Les mesures de stabilisation dangereuses
[…] La réduction des salaires et de l’emploi dans l’administration et dans les entreprises parapubliques figure, habituellement, parmi les principales mesures des programmes de stabilisation. En principe, elle est moins dangereuse politiquement que la hausse des prix à la consommation : elle suscite des grèves plutôt que des manifestations et elle touche les classes moyennes plutôt que les pauvres (il y a peu de fonctionnaires parmi les 40 pour cent les plus pauvres). Mais ce n’est pas parce que cette mesure peut se justifier du point de vue de l’équité qu’elle ne comporte pas de risque politique. En effet, il s’agit de secteurs où la proportion de salariés syndiqués est la plus élevée, où les salariés ne prennent pas de risque en faisant grève comme dans le secteur privé et, enfin, où la grève peut être une arme très efficace : l’économie est paralysée par une grève des transports ou de la production d’électricité ; et l’État est privé de recettes si les agents du fisc cessent de travailler. La grève des enseignants n’est pas, en tant que telle, une gêne pour le gouvernement mais elle est indirectement dangereuse, comme on l’a noté, puisqu’elle libère la jeunesse pour manifester. Ces grèves peuvent donc devenir des épreuves de force difficiles à gérer. Certes, le gouvernement peut toujours rétablir le calme en annulant les mesures qui ont déclenché la grève mais, ce faisant, il renonce à réduire le déficit budgétaire.
p.30 […] Si les analyses sur de larges échantillons ont montré une relation entre ces mesures d’austérité et les grèves, les études de cas nous ont aussi montré qu’il existe une marge de manœuvre pour un gouvernement, qui a été exploitée avec succès dans certains pays comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire. Les salaires nominaux peuvent être bloqués (ce qui allège rapidement la masse salariale en termes réels si le taux d’inflation atteint 7 ou 8 pour cent) ; on peut ne pas remplacer une partie des salariés qui partent en retraite ; ou bien l'on peut supprimer des primes dans certaines administrations, en suivant une politique discriminatoire pour éviter un front commun de tous les fonctionnaires. Évidemment, il est déconseillé de supprimer les primes versées aux forces de l’ordre dans une conjoncture politique difficile où l’on peut en avoir besoin. Comme on le voit, pourvu qu’il fasse des concessions stratégiques, un gouvernement peut, en procédant de manière graduelle et par mesures sectorielles (et non globales), réduire les charges salariales de manière considérable. L’essentiel est d’éviter un mouvement de grève générale dans le secteur public qui remettrait en question un objectif essentiel du programme de stabilisation : la réduction du déficit budgétaire.

Les mesures de stabilisation peu dangereuses
Après cette description des mesures risquées, on peut, à l’inverse, recommander de nombreuses mesures qui ne créent aucune difficulté politique. Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population.
L’intérêt politique de ces mesures ne signifie pas qu’elles sont les plus rationnelles ou les plus justes. La chute des investissements publics aura à terme un impact négatif sur la croissance. De plus, si cette mesure touche des régions rurales pauvres, elle freine la réduction des inégalités de revenus. Du point de vue de l’efficacité, le maintien de la qualité de l’enseignement supérieur peut être préférable à la croissance rapide des effectifs d’étudiants mal formés. Mais le [p.31] classement des mesures de stabilisation en fonction du risque politique ne relève, ni de l’efficacité, ni de la justice ; il résulte de rapports de force entre les groupes d’intérêt touchés par l’ajustement et un gouvernement en position de faiblesse.

La meilleure stratégie pour des réformes structurelles
p.33 […] Mais la réforme la plus souvent nécessaire, et la plus dangereuse, est celle des entreprises publiques, qu’il s’agisse de les réorganiser ou de les privatiser. Cette réforme est très difficile parce que les salariés de ce secteur sont souvent bien organisés et contrôlent des domaines stratégiques. Ils vont se battre avec tous les moyens possibles pour défendre leurs avantages, sans que le gouvernement soit soutenu par l’opinion parce que les bénéfices de la réforme n’apparaîtront qu’après plusieurs années et seront diffus, tandis que les perdants seront touchés immédiatement. Plus un pays a développé un large secteur parapublic, plus cette réforme sera difficile à mettre en œuvre le cas limite étant celui des économies socialistes où les dangers sont les plus grands.
Quelques précautions sont souhaitables. Cette réforme ne devrait tout d’abord pas coïncider avec un programme de stabilisation, car la coalition des opposants serait très dangereuse, avec la conjonction de manifestations de masse et de grèves dans des secteurs clés. Ensuite, il ne faut pas acculer ces salariés au désespoir en les licenciant purement et simplement. Des fonds de reconversion sont indispensables pour les réinsérer. Enfin, il est souhaitable, dans un premier temps, d'exclure de la réforme les secteurs stratégiques comme l’énergie ou les transports, quitte à prendre des mesures plus tard, dans une conjoncture politique et économique meilleure.
Lefteris
Lefteris
Esprit sacré

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par Lefteris Sam 09 Fév 2013, 11:22
iphigénie a écrit:C'est très exactement ce qu'il y a derrière la réforme des "rythmes scolaires" et les maquettes des nouveaux capes: d'où l'importance du combat des PE actuellement.
C'est même étonnant que l'ensemble du système ne se lève pas, mais ça c'est la spécificité du milieu enseignant: chacun laisse bouffer l'autre sans voir qu'il est le suivant sur la liste Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 964035751

C'est un problème qui n'est pas uniquement enseignant, je l'ai connu ailleurs : jouer corps contre corps, notamment dans les revalorisations salariales ou indemnitaires à enveloppes contraintes, et les professions en arrivent même non seulement à s 'ignorer , mais à se déchirer au sein d'une même profession. C'est comme le renard et le bouc dans le puits : l'un ne monte qu'au détriment de l'autre.

C'est un problème au sein de la fonction publique, et j'ai même pu le lire sur ce forum : certains n'ont pas de vision d'ensemble et ne sont pas persuadés qu'ils sont des "fonctionnaires comme les autres" et qu'une partie de leur combat est le même. Et le même discours ambiant est tenu dans d'autres ministères, au nom des "spécificités".

C'est tout simplement le reflet de la société, où pour mieux "manager", on fragmente, on cloisonne, on isole, on dresse public contre privé, secteur tertiaire contre secondaire, jeunes contre vieux et vice -versa, salarié contre salarié, mesures individuelles contre mesures collectives, etc.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Olympias
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Prophète

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par Olympias Sam 09 Fév 2013, 11:40
Qu'attendons-nous pour bloquer le bac ? C'est la seule chose qui peut faire reculer un ministre. Les grèves ne servent à rien, sauf à nous faire perdre de l'argent
Lefteris
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Esprit sacré

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par Lefteris Sam 09 Fév 2013, 11:44
Olympias a écrit:Qu'attendons-nous pour bloquer le bac ? C'est la seule chose qui peut faire reculer un ministre. Les grèves ne servent à rien, sauf à nous faire perdre de l'argent
Bien sûr, grève massive (pour être dans le respect du droit) , mais au moment des examens nationaux. Le ministère organisera des épreuves en septembre...

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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

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par Olympias Sam 09 Fév 2013, 11:56
Quel syndicat aura le courage de lancer ce mot d'ordre ???? Le Sgen sans doute....
Lefteris
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par Lefteris Sam 09 Fév 2013, 12:36
Olympias a écrit:Quel syndicat aura le courage de lancer ce mot d'ordre ???? Le Sgen sans doute....
Il faut une redoutable coalition Sgen- Unsa araignée

_________________
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Patissot
Doyen

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par Patissot Sam 09 Fév 2013, 12:40
seyes a écrit:

II . 2
Organiser des évaluations nationales trop difficiles et à des périodes où les élèves n’auront pas encore travaillé sur toutes les compétences demandées.
Diffuser largement les mauvais résultats obtenus par voie de presse et autres.


heu
C'est pas faux
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Esprit éclairé

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par C'est pas faux Sam 09 Fév 2013, 12:46
Patissot a écrit:
seyes a écrit:

II . 2
Organiser des évaluations nationales trop difficiles et à des périodes où les élèves n’auront pas encore travaillé sur toutes les compétences demandées.
Diffuser largement les mauvais résultats obtenus par voie de presse et autres.


heu

C'est une allusion aux évaluations nationales de CM2 qui avaient lieu je crois vers février, et qui portaient sur des éléments de programme étudiés en fin d'année.
PabloPE
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Expert

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par PabloPE Sam 09 Fév 2013, 12:51

On attaque le chapitre III
Triste tout ça mais tellement probable
doublecasquette a écrit:J'ai le même rêve que toi, en tout cas !

C'est pourquoi j'aimerais bien que "mon" idée de cartes postales ou de mails au Ministère soit tentée... On n'est pas loin du but et on a beaucoup de "membres de la société civile" (parents, conseils municipaux, animateurs sportifs, professeurs de musique en extra-scolaire, nounous, etc.) derrière nous et qui, pour le moment n'ont d'autres porte-parole que la FCPE, l'AMF ou rien.
Les dindons avaient lancé des plumes à imprimer et à compléter avec "une idée pour la refondation"
Peut être effectivement que des cartes postales seraient moins connotées "dindons" auraient plus d'impact Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 2252222100
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Patissot
Doyen

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par Patissot Sam 09 Fév 2013, 12:52
C'est pas faux a écrit:
Patissot a écrit:
seyes a écrit:

II . 2
Organiser des évaluations nationales trop difficiles et à des périodes où les élèves n’auront pas encore travaillé sur toutes les compétences demandées.
Diffuser largement les mauvais résultats obtenus par voie de presse et autres.


heu

C'est une allusion aux évaluations nationales de CM2 qui avaient lieu je crois vers février, et qui portaient sur des éléments de programme étudiés en fin d'année.

Je pensais au Bac, je ne comprenais pas. araignée
LJeanjeau
LJeanjeau
Niveau 6

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par LJeanjeau Sam 09 Fév 2013, 14:21
Roumégueur Ier a écrit:De vilains Dindons corporatistes glougloutent en salissant l'image du métier. Ils paniquent ou je rêve?

Vous rêvez. Et précisément, peut-être serait-il temps de se réveiller et d'arrêter les délires complotistes sans aucun autre fondement que le besoin de déverser sa rancoeur ou de se donner l'illusion d'exister socialement.
Ronin
Ronin
Monarque

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par Ronin Sam 09 Fév 2013, 14:25
"Se donner l'illusion d'exister socialement "? non mais prenez une verveine !

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Collier de Barbe
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Neoprof expérimenté

Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples Empty Re: Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples

par Collier de Barbe Sam 09 Fév 2013, 14:30
Le saut effectué entre décentralisation et privatisation me semble incompréhensible et rend toute votre théorie très peu crédible

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CdB
@AbbeCordillere
Marcel Khrouchtchev
Marcel Khrouchtchev
Enchanteur

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par Marcel Khrouchtchev Sam 09 Fév 2013, 14:35
Collier de Barbe a écrit:Le saut effectué entre décentralisation et privatisation me semble incompréhensible et rend toute votre théorie très peu crédible

Vu que décentralisation veut dire se débarrasser des fonctionnaires et refiler la patate chaude à des administrations territoriales qui n'ont pas de surplus de moyens, je pense que le lien peut être envisagé.
Collier de Barbe
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par Collier de Barbe Sam 09 Fév 2013, 14:54
Enfin, la décentralisation existe depuis 1982 et les inégalités (flagrantes) entre les collectivités locales existent déjà depuis longtemps. ça pose des tas de problèmes mais dire que ça conduit (inévitablement) à la privatisation me semble un peu excessif.
J'avoue que je n'aime guère certaines CC comme la région IdF qui est d'une nullité incroyable dans la gestion de ses lycées. Je ne voudrais pas lui donner plus de responsabilités
Voir le plantage lamentable au lycée de Rueil
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par supersoso Sam 09 Fév 2013, 15:11
iphigénie a écrit:C'est très exactement ce qu'il y a derrière la réforme des "rythmes scolaires" et les maquettes des nouveaux capes: d'où l'importance du combat des PE actuellement.
C'est même étonnant que l'ensemble du système ne se lève pas, mais ça c'est la spécificité du milieu enseignant: chacun laisse bouffer l'autre sans voir qu'il est le suivant sur la liste Comment privatiser une école publique nationale en quelques années sans provoquer de réaction des peuples 964035751

En même temps, je ne sais pas ce qu'il en est dans le secondaire, mais j'ai l'impression que peu de PE se rendent compte de ce qu'il y a derrière ces réformes... Ils voient bien que ça ne va pas dans le sens du mieux, mais beaucoup ne pensent pas qu'il y a une vraie idée et de vrais objectifs de destruction du service public derrière...
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par C'est pas faux Sam 09 Fév 2013, 15:13
Oui, beaucoup de mes collègues proches ne voient que le mercredi et la zizanie. Ils cherchent étonnamment peu à s'informer.
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par supersoso Sam 09 Fév 2013, 15:17
Et encore moins à avoir une vision globale malheureusement... Sad
neomath
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par neomath Sam 09 Fév 2013, 15:20
Collier de Barbe a écrit:Enfin, la décentralisation existe depuis 1982 et les inégalités (flagrantes) entre les collectivités locales existent déjà depuis longtemps. ça pose des tas de problèmes mais dire que ça conduit (inévitablement) à la privatisation me semble un peu excessif.
Ceux qui ne croient pas à la privatisation de l'EN sont ceux qui ne croyaient pas il y a vingt ans à la privatisation de la SNCF ou d'EDF.

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"la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral"
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