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adelaideaugusta
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Interview de Vincent Peillon en ...2009 : ses propositions pour transformer l'éducation. Empty Interview de Vincent Peillon en ...2009 : ses propositions pour transformer l'éducation.

par adelaideaugusta Lun 25 Nov 2013 - 11:57
CM : Comment expliquez-vous le malaise des enseignants ?
VP : Il y a beaucoup d’aspects du problème. Par exemple, je ne crois pas qu’il faille mettre un enseignant débutant dans un poste difficile. C’est une aberration du système. J’ai été enseignant en zep pendant des années, c’est très difficile, surtout pour certains enseignants. Vous savez, les enseignants sont comme les élèves, tous différents, il faut comprendre que l’on n’a pas à faire à une masse qui s’appelle « les enseignants » et qu’en dehors des différences disciplinaires, il y a aussi des différences de personnalités. Il faut exploiter les compétences des uns et des autres au mieux. On ne peut pas avoir à la fois une pédagogie différenciée et un traitement uniforme. C’est souvent l’une des choses les plus décourageantes dans ce métier de constater à quel point des gens qui éprouvent des difficultés sont seuls. Vous sortez d’études classiques, vous vous retrouvez en zep… c’est un autre monde. Et vous n’avez personne pour vous aider. Personne. Nous connaissons des situations de violence, des situations d’humiliation, des situations vécues seul face à la classe, porte fermée. On n’ose pas en faire part, les collègues ne sont pas toujours aussi présents qu’ils le devraient… Le cordon sanitaire n’existe pas.

CM : Outre le malaise qu’ils expriment, les enseignants paraissent très démotivés
VP : Ils ont raison de l’être. C’est une profession attaquée. Et en premier lieu par les pouvoirs publics, ce qui était déjà le cas sous la gauche. Nous avons connu cela avec « l’immense » Claude Allègre. Or, il n’est pas possible de demander des choses totalement contradictoires aux enseignants, c'est-à-dire à la fois de s’occuper de nos enfants, de les instruire, de les garder, de les rendre bien élevés quand, à l’extérieur, ils ont 4 heures par jour de décervelage télévisuel. Difficile aussi de mener à bien sa mission quand ils ont des exemples flagrants, au sommet de l’état, de dévoiement des valeurs avec des présidents de la République qui se comportent comme des voyous de cour d’école lorsque qu’ils ont des incidents lors de leurs déplacements et dont le français est souvent approximatif. On sait aussi que toutes les difficultés de l’école sont les difficultés de la société. Beaucoup d’études sociologiques montrent que penser qu’on va résoudre les problèmes des élèves uniquement par l’école, c’est faux. Les problèmes qui existent en termes de logement, de travail, d’intégration, tout cela se retrouve dans l’école et l’école ne peut pas résoudre, pourtant c’est ce qu’on lui demande souvent, tout ce qui n’est pas résolu à l’extérieur.

CM : Comment pensez-vous qu’une revalorisation du métier d’enseignant, que vous appelez de vos vœux, soit possible ?
VP : Je pense qu’il faut revaloriser profondément le métier d’enseignant, d’un point de vue financier mais aussi du point de vue des conditions de travail, de la formation, de l’accompagnement et du respect que la Nation leur accorde. Mais cela suppose qu’il y ait un nouveau contrat passé entre la nation et les enseignants. Un contrat, c’est des deux côtés. Nous avons à reconnaître que les enseignants ont une fonction essentielle et que nous ne leur donnons pas les moyens de l’accomplir. Mais nous devons aussi leur dire quelles sont aussi leurs obligations. Le métier de demain ou le métier d’aujourd’hui n’est pas le même que le métier d’il y a trente ans parce qu’il y a eu la massification scolaire. Nous n’avons plus à faire au même public. Il faut évoluer dans les programmes, dans les modalités du métier, sans doute aussi dans les méthodes pédagogiques et d’évaluation. Financièrement, l’enseignant doit être revalorisé de 50%. La vraie sous-estimation aujourd’hui des enseignants, c’est ça. Mais il faut des contreparties. Et là, la réforme fondamentale, c’est-à-direle nouveau contrat passé entre l’école et la République, doit être négocié avec les formations syndicales, avec les parents d’élèves, avec les acteurs économiques autour de l’école, avec les collectivités locales. Nous devons entrer dans la préparation de ce contrat car ce ne sont pas seulement les réformes qui comptent mais la manière dont on arrive aux objectifs que l’on se fixe. Pour que ça bouge, il faut le faire ensemble.

CM : Quelles seraient les contreparties que vous évoquez à une revalorisation du métier d’enseignant ?
VP : En contrepartie d’une revalorisation substantielle du métier des enseignants, comme de celui d’ailleurs de tous les autres personnels de l’éducation nationale que l’on oublie trop souvent, on doit mettre sur la table des choses qui me paraissent essentielles. D’abord la question des rythmes scolaires : dans ce pays, nous travaillons beaucoup moins de semaines par an que les autres et nous travaillons moins de jours à l’intérieur des semaines, avec d’ailleurs une aggravation par les mesures prises sous monsieur Darcos avec la semaine de 4 jours : ce qui amène à des journées surchargées pour les élèves, en contravention totale avec tout ce que nous disent les psychopédagogues, les psychologues et autres chronobiologistes. Donc, je veux que l’on pose la question du temps scolaire, ça n’est plus acceptable. Nous devons travailler sans doute sur plus de semaines - je propose 3 semaines de plus, c’est un minimum mais si on veut aller au-delà, ce sera très bien - et je pense qu’il faut revoir la semaine elle-même.

CM : Les programmes sont-ils encore adaptés aux élèves d’aujourd’hui ?
VP : A l’intérieur des enseignements, il faut que l’on comprenne que l’acquisition de réelles compétences des élèves suppose de ne pas surcharger les programmes et d’être plus opérants sur les compétences que nous voulons développer chez les enfants. J’ai proposé comme base d’une discussion que l’on réfléchisse à 20% de moins, globalement, de programmes. Et j’indique en même temps que ce ne serait pas inutile pour le pays comme pour nos élèves qu’il n’y ait pas que les enfants de riches qui aient droit à la musique, à la peinture, à l’art, à l’épanouissement personnel, à l’ouverture sur le monde, aux voyages… En bref, je souhaite une instruction publique qui permette l’épanouissement du plus grand nombre. J’insiste aussi sur les langues étrangères. Car nous avons un problème français qui va être considérable dans les années qui viennent. Nous sommes européens, nous sommes dans la mondialisation. Or, nous ne parlons pas bien les langues étrangères, ce qui commence à nous pénaliser fortement dans les échanges économiques, sur la scène internationale.

CM : Quid de la formation et du déroulement de carrière des enseignants ?
VP : Il faut rester à un très bon niveau de recrutement disciplinaire car je crois qu’il faut connaître son savoir pour bien l’enseigner. Il faut ajouter à cela de la formation pédagogique qui doit être faite sérieusement. Nous devons faire des stages, ce qui se faisait très simplement à une époque. C’est quand même la meilleure méthode d’alterner dans les années de formation entre la présence sur le terrain et l’enseignement théorique. Et, de même qu’il faut du soutien individualisé aux élèves, il faut de vrais tutorats pédagogiques avec des collègues expérimentés. Il faut des heures réelles pour ceux qui le font parce que c’est un métier d’accompagner un autre enseignant, il faut des temps d’échange, des préparations de cours ensemble, la présence dans la salle de cours ensemble. D’autre part, il est évident pour moi que les enseignants qui assument des tâches particulières doivent être rémunérés de façon particulière. Il faut aussi considérer que la formation initiale des enseignants n’est que le début d’une formation tout au long de la vie. C’est aussi l’une des choses les plus saisissantes du métier d’enseignant que de constater qu’il peut vous arriver de passer 10 ans, 15 ans, 20 ans, sans jamais croiser un inspecteur. Et puis quand ces inspections ont lieu, on met une note au vitriol, on parle 10 minutes au jeune enseignant et on s’en va. Ce n’est pas sérieux, ce n’est pas ça le métier d’inspecteur.
http://peillon.typepad.fr/index/2009/11/vincent-peillon-expose-ses-propositions-pour-l%C3%A9ducation-au-magazine-c%C3%B4t%C3%A9-m%C3%B4mes.html

Vous remarquerez qu'il proposait de réévaluer les salaires des enseignants de ...50 % !!!
Quant aux rythmes, tout y est !

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"Quand les mots perdent leur sens, les hommes perdent leur liberté".(Confucius)
Roumégueur Ier
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par Roumégueur Ier Lun 25 Nov 2013 - 12:05
Bon, il a pensé à nous remettre 'nos obligations' devant les yeux (au cas où on serait assez stupides pour les avoir oubliées), à nous pousser à changer de pédagogie, il a juste oublié la revalorisation (un détail, quoi...) :

"Je pense qu’il faut revaloriser profondément le métier d’enseignant, d’un point de vue financier mais aussi du point de vue des conditions de travail, de la formation, de l’accompagnement et du respect que la Nation leur accorde. Mais cela suppose qu’il y ait un nouveau contrat passé entre la nation et les enseignants. Un contrat, c’est des deux côtés. Nous avons à reconnaître que les enseignants ont une fonction essentielle et que nous ne leur donnons pas les moyens de l’accomplir. Mais nous devons aussi leur dire quelles sont aussi leurs obligations. Le métier de demain ou le métier d’aujourd’hui n’est pas le même que le métier d’il y a trente ans parce qu’il y a eu la massification scolaire. Nous n’avons plus à faire au même public. Il faut évoluer dans les programmes, dans les modalités du métier, sans doute aussi dans les méthodes pédagogiques et d’évaluation. Financièrement, l’enseignant doit être revalorisé de 50%. La vraie sous-estimation aujourd’hui des enseignants, c’est ça. Mais il faut des contreparties. Et là, la réforme fondamentale, c’est-à-dire le nouveau contrat passé entre l’école et la République, doit être négocié avec les formations syndicales, avec les parents d’élèves, avec les acteurs économiques autour de l’école, avec les collectivités locales. Nous devons entrer dans la préparation de ce contrat car ce ne sont pas seulement les réformes qui comptent mais la manière dont on arrive aux objectifs que l’on se fixe. Pour que ça bouge, il faut le faire ensemble."
V.Marchais
V.Marchais
Empereur

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par V.Marchais Lun 25 Nov 2013 - 12:08
Un détail, en effet...
Roumégueur Ier
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Érudit

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par Roumégueur Ier Lun 25 Nov 2013 - 12:08
Ah, nous on a oublié que la réforme des rythmes devait être une contrepartie, en échange d'une augmentation substantielle (il pensait aux 400 euros bruts?). Le contrat est don caduc, une partie n'a pas appliqué ce qui devait être fait!

"En contrepartie d’une revalorisation substantielle du métier des enseignants, comme de celui d’ailleurs de tous les autres personnels de l’éducation nationale que l’on oublie trop souvent, on doit mettre sur la table des choses qui me paraissent essentielles. D’abord la question des rythmes scolaires : dans ce pays, nous travaillons beaucoup moins de semaines par an que les autres et nous travaillons moins de jours à l’intérieur des semaines, avec d’ailleurs une aggravation par les mesures prises sous monsieur Darcos avec la semaine de 4 jours : ce qui amène à des journées surchargées pour les élèves, en contravention totale avec tout ce que nous disent les psychopédagogues, les psychologues et autres chronobiologistes. Donc, je veux que l’on pose la question du temps scolaire, ça n’est plus acceptable. Nous devons travailler sans doute sur plus de semaines - je propose 3 semaines de plus, c’est un minimum mais si on veut aller au-delà, ce sera très bien - et je pense qu’il faut revoir la semaine elle-même."

Merci pour ce lien, c'est toujours extrêmement perturbant.
carolette
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Neoprof expérimenté

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par carolette Lun 25 Nov 2013 - 12:45
Bon, ben y'a qua attendre l'augmentation de 50% maintenant...
Roumégueur Ier
Roumégueur Ier
Érudit

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par Roumégueur Ier Lun 25 Nov 2013 - 12:57
carolette a écrit:Bon, ben y'a qua attendre l'augmentation de 50% maintenant...
On a eu la contrepartie, pas la partie. Ce n'est que partie remise la party?
Comment leur expliquer, à eux qui cherchent à relancer la croissance, qu'une revalorisation de nos salaires (entre autres) serait une piqûre directe dans la consommation atone de ces dernières années : c'est de l'argent qui irait instatanément dans le circuit de la production et du commerce!
Raisonnement trop compliqué pour des énarques?
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InvitéZ
Niveau 4

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par InvitéZ Lun 25 Nov 2013 - 14:20
J'ai lu un peu rapidement, en diagonale, car je n'ai pas beaucoup de temps.
J'ai surtout lu le début, et franchement, je le trouve respectueux et à l'écoute des préoccupations des enseignants. Vous ne trouvez pas ? C'était donc en 2009...

(Bon, encore une fois, j'ai lu très rapidement, j'ai peut être sauté quelques passages importants.)
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cliohist
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par cliohist Lun 25 Nov 2013 - 14:56

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Sur son blog C'est Classe, le 03.11.2013, Véronique Soulé s'est interrogée : Rythmes: le ministre de l'Education est-il un bon pédagogue ? http://classes.blogs.liberation.fr/soule/2013/11/rythmes-le-ministre-de-l-education-est-il-un-bon-pedagogue.html
http://clioweb.canalblog.com/tag/peillon

Peut-être un début de réponse dans Libération de ce lundi, à lire demain mardi en ligne :
Vincent Peillon : «Nous faisons des réformes de justice et devons le revendiquer»
http://www.liberation.fr/societe/2013/11/24/nous-faisons-des-reformes-de-justice-et-devons-le-revendiquer_961724

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Ronin
Ronin
Monarque

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par Ronin Lun 25 Nov 2013 - 16:46
TARTUFFE TARTUFFE TARTUFFE

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atrium
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par atrium Lun 25 Nov 2013 - 16:53
Nous voilà rassurés. On commence à toucher quand déjà la revalorisation de 50%? Je suis TR cette année et ma voiture donne des signes de faiblesse...

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It's okay to be a responsible member of society if only you know what you're going to be held responsible for.

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Roumégueur Ier
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Érudit

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par Roumégueur Ier Lun 25 Nov 2013 - 18:19
Zappons a écrit:J'ai lu un peu rapidement, en diagonale, car je n'ai pas beaucoup de temps.
J'ai surtout lu le début, et franchement, je le trouve respectueux et à l'écoute des préoccupations des enseignants. Vous ne trouvez pas ? C'était donc en 2009...

(Bon, encore une fois, j'ai lu très rapidement, j'ai peut être sauté quelques passages importants.)
Il ne te reste plus qu'à mettre ce discours en face des actes effectués ces derniers temps : hiatus ou respect de la parole donnée?
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Invité-B
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Interview de Vincent Peillon en ...2009 : ses propositions pour transformer l'éducation. Empty Re: Interview de Vincent Peillon en ...2009 : ses propositions pour transformer l'éducation.

par Invité-B Lun 25 Nov 2013 - 18:26
Pour les 50%, on pourrait peut-être arguer que ça doit être rétroactif au même titre que l'imposition sur les assurances-vie et tout le toutim?
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