Postes dans le privé quand on vient du public

Désolé pour le énième message de problème personnel avec attente d'informations à la clef, mais je peux au moins assurer que ça n'est pas mon premier post !

J'enseigne depuis dix ans dans l'Académie de Versailles. J'ai eu mon CAPES de lettres modernes en 2006.

Il y a 2 ans, j'ai obtenu une mutation dans un collège qui me convenait, mais j'envisage désormais de demander une mutation en Normandie (les académies de Caen et de Rouen avaient des barres assez basses ces dernières années).

Après plusieurs années en REP (un collège destiné à devenir REP +, d'ailleurs) je n'ai pas envie de reprendre dans un établissement difficile, soit rural, soit urbain (qui, sauf erreur de ma part, semble assez nombreux en Normandie). Mes années de REP ont été constructives et j'ai eu la chance de ne jamais aller travailler la boule au ventre. Simplement, j'aimerais passer à autre chose et, surtout, à un autre environnement. J'ai envisagé de repasser le concours en interne pour exercer dans des établissements privés (je suis moi-même issu de l'enseignement privé, je suis catholique pratiquant, même si ça n'a plus grand chose à voir, je crois, et j'ai passé mon CAPES, avec le recul, uniquement parce que cela me donnait un prétexte pour m'éloigner de ma famille, par le jeu des mutations).

Il semble qu'il soit impossible de passer par un concours interne (ça me semblait la solution la plus juste et la plus simple). En revanche, je pourrais demander une autorisation au rectorat d'exercer dans le privé (il y a plusieurs fils à ce propos dans cette partie du forum).

Au niveau du timing, j'envisageais de prospecter en décembre, de demander ma mutation (soit Caen, soit Rouen, en fonction de mes rencontres avec les chefs d'établissement) et une fois la mutation obtenue, de faire la demande à mon nouveau rectorat. Je ne sais pas si c'est réaliste.

J'ai, dans tous les cas deux questions (je ne connais pas du tout la région sur ces plans) :
Les académies de Rouen et de Caen sont-elles déficitaires en professeurs de lettres au point de me refuser ce détachement ?
Les établissement privés (finalement peu nombreux) ont-il besoin de collègues de lettres, ou bien les titulaires du CAFEP sont-ils suffisants là-bas ?

Ou alors, je prospecte, si ça marche, je demande une disponibilité (même chose, il faut qu'elle me soit accordée ...) et j'attends trois ans avant de passer l'interne ?

Bref, si quelqu'un avait un regard sur la situation à la fois sur le privé et sur le public dans ces deux académies ... merci par avance !

Déjà, y a un bug dans ton calendrier : les demandes de mutations inter se font en novembre de mémoire, et pas en décembre
Ensuite, je ne connais pas les barres de ta discipline mais Caen est souvent plus demandée que Rouen
Il y a de tout dans ces deux académies : du REP+, de l'urbain favorisé, de l'urbain défavorisé, du rural tranquille, du rural défavorisé...que ce soit en public et en privé d'ailleurs.
Peut-être essayer de faire le tri dans ce à quoi tu aspires ? Parce que pour l'instant, à te lire, ça ne me parait pas d'une clarté limpide...

Certains chefs d'établissement refusent par principe de recruter des enseignants issus du public.... (C'était le cas de mon chef).

Oui, tu as sans doute raison pour la calendrier, mais je commence simplement depuis hier à prendre des renseignements.

Pour les barres : a priori Caen : 71 et Rouen 21.

Je voudrais vivre sur la côte (soit Calvados soit Seine Maritime) et j'ai repéré des établissements privés à :

Douvre la délivrance
Lisieux
Bayeux
Trouville
Caen
Fécamp
Dieppe
Honfleur
Deauville
Le Havre
Eu

Je n'aurai pas beaucoup de points à l'intra, j'ai très peu de chance d'obtenir un poste qui me conviendrait dans le public, je n'envisage pas du tout cette solution.

Comme je ne connais pas la région comme enseignant, je voulais simplement prendre la température. Y a-t-il beaucoup de postes de LM non pourvus dans le public (ce qui rendrait compliquée l'obtention de la disponibilité ou du détachement) ?

Tous les postes sont-il systématiquement pourvus dans le privé (ce qui rendrait, je suppose, ma démarche inutile et vouée à l'échec, puisque j'imagine que je passerai toujours derrière un arrivant du privé) ?

Plus j'y pense, plus je me dis que le mieux serait en fait de passer l'externe en espérant, en admettant que je décroche le concours, qu'on puisse néanmoins prendre en compte mon ancienneté.

skindiver a écrit:Certains chefs d'établissement refusent par principe de recruter des enseignants issus du public.... (C'était le cas de mon chef).

Ça me semble assez logique, sauf s'il y a déficit de professeurs dans la matière, je suppose.

Ce fil donnait pas mal de renseignements :

https://www.neoprofs.org/t94707-passage-public-vers-prive?highlight=passer+du+priv%E9+au+public

Donc, schématiquement, ma question est : est-ce un projet réaliste à Caen ou Rouen en Lettres Modernes et est-ce que le fait d'être arrivant dans l'Académie constituerait un obstacle de plus ?

Peut-être que sur la faisabilité pratique de la chose, les syndicats pourraient me renseigner ?

https://www.neoprofs.org/t31879p50-passer-du-public-au-prive

Autre fil, guère encourageant, de manière générale, toujours sur la même question.

Bon, la meilleure solution, fondamentalement, c'est de repasser le concours l'an prochain.

Mais alors, il faut que je le passe en Normandie, c'est ça ?

Le Cafep est un concours national, comme le Capes, mais après admission il est plus facile de choisir son académie quand on a le Cafep.

D'accord, donc je peux demander à faire mon stage en Normandie et éventuellement l'obtenir.

Si j'intègre le privé, j'ai tout à apprendre sur le fonctionnement de l'institution.

Natalino a écrit:D'accord, donc je peux demander à faire mon stage en Normandie et éventuellement l'obtenir.

Si j'intègre le privé, j'ai tout à apprendre sur le fonctionnement de l'institution.

Il ne faut tout de même pas exagérer, les profs du privé sous contrat sont payés par l'Etat et le fonctionnement des établissements est grosso modo le même malgré les différences (mais bon, j'ai toujours enseigné dans le public, d'autres pourront te répondre mieux que moi).

Ca fait quelques heures que j'examine les fils qui ont trait au privé/public et je trouve qu'il y a quand même un certain nombre de différences. C'est peut-être une impression superficielle, remarquez.


Que donne les pourcentages de réussite en LM aujourd'hui, dans le privé ? Identiques à ceux du public ?

J'avais eu la chance d'avoir mon CAPES vite et bien et sans trop de préparation. Mais c'était il y a 10 ans. Après une thèse et une année de préparation à l'agrégation + une pratique encore régulière des langues étrangères (s'il y a toujours une version), ça reste peut-être accessible, mais, bien entendu, je pars de loin pour l'ancien français et, sans doute, la méthodologie de certaines épreuves (grammaire stylistique ?) qui ont d'ailleurs peut-être changé depuis mon premier passage.

Je vois qu'il n'y a plus d’œuvre au programme pour l'Ancien Français, par exemple !!!!

Les concours ont en effet beaucoup changé dans toutes les disciplines.

Avec la crise des recrutements, les détachements du public au privé sont très difficiles à obtenir. Le public ne veut pas, et n'a aucun intérêt, à lâcher ses professeurs. Sinon, qui mettrait-il devant ses classes, alors que le CAPES ne remplit pas ses postes ? Surtout que le CAFEP, lui, fait le plein. Promouvoir un tel mouvement serait donc aberrant à tous les niveaux pour les rectorats. A moins d'un poste à profil spécifique, à moins d'obtenir l'appui d'un établissement très influent (pour un agrégé), il vaut mieux ne pas compter sur un tel mouvement.

Ensuite, vous n'auriez évidemment pas tout à apprendre. L'employeur est le même, le métier est le même, les programmes sont les mêmes, le bulletin officiel est le même et, si vous êtes catholique, la dimension pastorale ne vous demandera aucun effort d'adaptation.

Même si les procédures de mutation sont beaucoup plus souples dans le privé, elles ne garantissent pas d'enseigner là où on veut. Il faut savoir accepter les compromis, même s'ils sont moins drastiques que dans le public. En gros, en début de carrière, on se retrouve souvent à la campagne, où les postes sont plus aisément disponibles. Je ne connais pas Rouen ou Caen mais, dans mon académie, en lettres, même dans le privé, Strasbourg est inaccessible aux néotitulaires. Il faut quelques années d'expérience pour y décrocher un poste. Avant cela, on se retrouve dans le Haut-Rhin ou à la campagne. Je suppose que cela doit être pareil partout.

Ce n'est pas une question de "points," mais de groupes de priorité : d'abord les titulaires en perte d'heures, puis les titulaires qui demandent une mutation, et enfin les néotitulaires. Ces derniers se retrouvent donc mécaniquement dans les postes les moins demandés (qui ne sont pas forcément les plus mauvais, d'ailleurs, car il y a de bons établissements dans les petites villes).

En revanche, si c'est ce que vous cherchez, oui, on peut choisir son académie. On peut même postuler dans plusieurs académies à la fois, et choisir ensuite le poste qui convient le mieux.

Natalino a écrit:Que donne les pourcentages de réussite en LM aujourd'hui, dans le privé ? Identiques à ceux du public ?

Le CAFEP est sensiblement plus sélectif, avec une barre plus haute, mais ça reste plus que jouable, tellement le niveau du concours s'est affaissé. D'après ce que vous dites de votre parcours, cela devrait être une promenade de santé pour vous.

Merci Pierre-Henri, je vais réfléchir à tout cela, mais c'est vrai que je comptais sur l'affaiblissement du niveau ... sans savoir que le CAFEP faisait, par ailleurs, le plein, donc que je serai confronté à de jeunes concurrents, plus au fait des méthodes demandées aujourd'hui.

Strasbourg est, je crois, exceptionnellement attractive, au même titre que peuvent l'être des villes comme Nantes, Bordeaux ou Rennes. J'ai cru comprendre que la Normandie (et plus particulièrement l'Académie de Rouen) l'était moins de manière générale, mais les discussions ici-même montrent que dans le public un certain nombre de points restent nécessaires à l'intra.

Ce qui m'interroge le plus, à cette heure, est la question des échelons et de l’ancienneté. J'ai lu des réponses contradictoires à ce propos. Vais-je repartir absolument de zéro ?

Je trouve quand même dommage de repasser un concours du même niveau. Après plusieurs années en REP tu dois avoir pas mal de points non? Pourquoi ne pas employer ton énergie à passer l'agrég interne? Mais bon, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Je suis d'accord pour dire que c'est dommage d'être obligé d'en passer par là, mais je peux comprendre que les rectorats tiennent à garder leurs professeurs et bloquent donc toute perméabilité entre les deux corps.

C'est aussi une mauvaise gestion de carrière (il faut payer les pots cassés, mais j'en suis le seul responsable) :
J'ai fait 4 ans de REP et j'ai obtenu il y a deux ans un poste dans un établissement non classé et moyen (le genre de ceux que je vise en Normandie). J'ai donc perdu tous mes points et je me retrouve avec quasiment rien, aujourd'hui que je réalise pleinement que je n'ai aucune envie de rester encore 5 ou 6 ans, le temps de refaire "le plein", en région parisienne. C'est une question d'environnement, pas vraiment de public (mon collège actuel est tout à fait calme).

Si j'avais su (c'est toujours la même chose) quel serait mon état d'esprit aujourd'hui, j'aurais attendu un ou deux ans avant de demander ma mutation pour la Normandie depuis mon collège REP, c'était la solution la plus intelligente !

L'agrégation interne, j'ai échoué l'an dernier, je la prépare à nouveau cette année, mais les pourcentages sont ce qu'ils sont, je ne compte en rien dessus (et même là ... quels seraient les changements réels, hors des questions financières, pour ma carrière ?)

Je n'ai pas non plus très bien géré ma carrière et mes mutations donc je compatis. L'agrég apporte des points pour enseigner en lycée par exemple, ça peut être intéressant. Si tu es reparti à zéro en effet c'est plus difficile. Même si le cafep fait le plein cela devrait être dans tes cordes quand même. Il faut juste se mettre au goût du jour : les épreuves sont censées être plus "professionnelles", or tu es déjà un professionnel.

Oui, nous ne devons pas être les seuls à avoir des regrets !

Merci aussi, pour ces renseignements, je vais profiter de l'été pour me mettre à jour (et l'ancien français servira pour l’œuvre médiévale à l'agreg' )

BOnjour Natalino,
Je tombe sur ton post et suis intéréssée par ce que tu as décidé / fait au final ?

Natalino a écrit:Oui, nous ne devons pas être les seuls à avoir des regrets !

Merci aussi, pour ces renseignements, je vais profiter de l'été pour me mettre à jour (et l'ancien français servira pour l’œuvre médiévale à l'agreg'   )