Dernières nouvelles de la réforme des rythmes scolaires

Huit écoliers sur dix, dans 85 % des communes, retrouvent pour la rentrée scolaire 2018 la semaine de quatre jours.

Pourquoi ce retour massif ?
Parmi les principales raisons avancées, les contraintes budgétaires pour certaines communes. La suppression, en juillet 2017, d’une partie des emplois aidés – qui permettaient aux mairies d’organiser des activités périscolaires prévues par la réforme – a accéléré le processus.

En cette rentrée, l’abandon de la semaine de quatre jours et demi par 80 % des communes fragilise les associations organisatrices des activités périscolaires. Le « plan mercredi » ne devrait pas empêcher les suppressions d’emplois

POUR OU CONTRE LA SEMAINE DES QUATRE JOURS, À ROUEN ? PARENTS ET ENSEIGNANTS VONT VOTER
La question des rythmes scolaires, dans les écoles de Rouen (Seine-Maritime), va faire l’objet d’un vote, en octobre 2018. 10 000 personnes seront invitées à le faire.

"J'ai voté pour la semaine de quatre jours parce que je trouvais que c'était plus bénéfique au niveau des apprentissages", explique la mère d'un élève.
"Ça leur fait du bien, ils peuvent souffler"
"Ça fait un break, ça leur fait du bien, ils peuvent souffler. Le mardi soir on est quand même plus tranquille au niveau des devoirs, c'est moins la course", explique une autre. Pourtant, les élus étaient pour le maintien de la formule de quatre jours et demi, mais ont dû céder devant les enseignants, qui menaçaient même d'aller travailler ailleurs.

Les parents d’élèves de Vénissieux sont appelés à trancher entre deux scénarios. Le vote aura lieu mardi 2 octobre dans les écoles de la ville, de 16 heures à 19 heures.

Mathilde Chevée leva finalement les doutes sur les bienfaits de la semaine de quatre jours et demi de présence à l’école « les quatre jours sont discriminants, les familles aisées peuvent mettre à profit le temps de repos des enfants par des loisirs au coût parfois important contrairement aux ménages plus fragiles ». En gros les enfants issus de familles « aux moyens limités » comme les nomme Rose dans « Le Titanic » au mieux seraient avachis devant les écrans voire erreraient dans les rues sans surveillance, un détail qui n’est pas mineur… Puis la grande électrice a dit tout haut ce que d’aucuns pensaient sûrement tout bas « la semaine de quatre jours n’arrange que les parents ».

Tous les parents d’élèves scolarisés sur la commune en maternelle et/ou en élémentaire étaient sollicités ce lundi 24 septembre.

Ils avaient le choix entre quatre scénarios :

- 4 jours de 6 heures de classe
-4 jours de 5h15 de classe et une matinée de 3heures
-4 jours de 5h15 de classe et une matinée de 3 heures
-3 jours de 6 heures de classe et trois matinées de 3 heures

Quatre scénarios étaient proposés : quatre journées de six heures de classe, quatre journées de cinq heures quinze de classe et une matinée de trois heures le mercredi, quatre journées de cinq heures quinze de classe et une matinée de trois heures le samedi, ou trois journées de six heures de classe et deux matinées de trois heures le mercredi et le jeudi. Au final, 76,20 % des parents d’élèves ont opté pour la première proposition.

Le document de la mairie qui pose deux scénarios pointe nettement les désavantages à revenir au rythme de 4 jours par semaine. Ainsi, on peut lire qu'il y aura une "difficulté potentielle à recruter des animateurs vacataires" pour les activités périscolaires en fin d'après-midi. Ou bien que que l'offre d'accueil en périscolaire le soir "va diminuer de 440 places".

Enfin, le tarif des temps périscolaires payés par les parents sera multiplié par 3. La raison invoquée par la mairie est la perte de la subvention de l'Etat de 800 000 euros.

Argument choc, la mairie prévient que les tarifs du périscolaire seront trois fois plus élevés sur la semaine de quatre jours, en raison de la perte de 800.000 euros de participation de l’Etat. Il en coûterait ainsi aux familles, selon le quotient familial, entre 87.60 euros et 112.80 par enfant et par an pour un accueil en maison de l’enfance contre 29.20 et 37.60 euros en cas de maintien des rythmes actuels.
Snudi-FO agacé

« La mairie de Vénissieux tente toujours de promouvoir la semaine de 4,5 jours en vantant dans sa plaquette la réforme Peillon des rythmes scolaires rejetée par la grande majorité des enseignants et des parents d’élèves », s’est agacé ce jeudi Snudi-FO du Rhône. « Malgré un stratagème identique l’année dernière à Vaulx-en-Velin, les parents d’élèves avaient opté à 74 % pour la semaine de 4 jours », a ajouté le syndicat enseignant.

« Quand vous avez le choix, ce n’est pas facile de convaincre les enseignants et les parents de revenir sur un jour de week-end, explique Agnès Le Brun. Dans certains endroits, les transports scolaires ne fonctionnent pas le samedi, donc il n’y a pas de débat. »

Le retour en force des quatre jours soulage les finances de l’Etat. Cette année, le ministère de l’Education nationale participe au financement des TAP à hauteur de 237 millions d’euros. En 2019, il projette d’en verser 69 millions d’euros.

« La ville a supprimé les Tap sans concertation et maintenant elle veut faire raquer les familles », s’insurge Samia Idri-Bayol (PS), considérant que la consultation sur les rythmes scolaires organisée fin 2017 dans les écoles de la ville n’avait pas de valeur compte tenu du faible taux de participation.
A l’époque, 62 % des familles et du monde éducatif avaient voté pour un retour à la semaine de quatre jours. Une consultation à laquelle avaient participé 1200 foyers.

Les trois scénarios seront détaillés heure par heure sur les bulletins de vote. En voici les grandes lignes ; A/ cinq matinées dont le mercredi matin et quatre après-midis (situation actuelle) ; B/ quatre matinées et quatre après-midis (sans le mercredi) ; C/ cinq matinées (dont le mercredi) et trois après-midis de temps scolaire, et un après-midi périscolaire (non obligatoire) le vendredi.
Dans tous les cas, le choix a été fait de rallonger le temps de travail le matin, d’une demi-heure – et donc de l’alléger d’autant l’après-midi. À la rentrée 2019-2020, les écoliers devraient travailler de 8h30 à 12h le matin, au lieu des 8h30-11h30 actuels.
« Dans les réflexions autour des rythmes scolaires, et précisément concernant la fatigue des enfants, cette question du matin est cruciale : le temps du matin est le plus efficace » souligne Jean-Michel Bérégovoy, adjoint chargé de la coordination des outils de la démocratie participative, lui-même enseignant.

76,29% ont voté pour le scénario 2, en faveur de la semaine de 4 jours.

Bref, il y avait unanimité, au-delà des camps politiques. Mais il y a eu un changement de mentalité qui me fait dire que nous vivons dans un monde où il y a quelques égoïsmes notoires. Les adultes ont parfois tendance à très sérieusement privilégier leurs propres intérêts.

Pascal Dureau (PS)

« Enfin, les parents ont été consultés ! Cela nourrissait une vraie hostilité, pourquoi avoir tant attendu ? De plus, le choix binaire présenté, avec ces deux scénarios, n’était pas correct intellectuellement : d’un côté le maintien du rythme actuel, d’un autre le retour à 4 jours avec un triplement des tarifs du périscolaire. C’est de la malhonnêteté.
À propos des résultats, nous sommes satisfaits car nous étions dès le départ favorables à un retour de la semaine de 4 jours.

La ville de Strasbourg fait figure d'exception dans l'Eurométropole et même en Alsace où la plupart des communes sont repassées à la semaine de quatre jours d'école.

Une dernière concertation est prévue à partir de jeudi 5 octobre. Parents, enseignants, associations s'occupant du périscolaire sont invités à répondre à une consultation d'ici au 22 octobre via un questionnaire en ligne ou sur papier dans les écoles. La décision définitive sera prise en décembre.

Quatre jours ? Quatre jours et demi ? La question sera tranchée dans moins de deux mois à Châlons-en-Champagne. Une grande consultation publique s'ouvrira le 5 novembre. Les parents d'élèves, les enseignants et les personnels engagés par la mairie seront invités à donner leur avis en ligne. En tout, près de 5.000 personnes devraient être concernées.

Selon une consultation syndicale menée dans un peu plus de la moitié des écoles parisiennes et dont les résultats ont été publiés en juin, 80% des professeurs des écoles veulent un retour à la semaine de quatre jours.

S'agissant des OTS dérogatoires, selon les données disponibles à la date du 23 juillet 2018, l'on distingue : celles qui comportent neuf demi-journées (dérogations aux maxima horaires et / ou enseignement le samedi matin) : 3 % des OTS et 3,7 % des effectifs, soit environ 210 000 élèves ; celles qui comptent huit demi-journées, dont cinq matinées (avec regroupement des activités périscolaires sur un après-midi) : 1,4 % des OTS et 1,6 % des effectifs, soit environ 90 000 élèves ; celles qui comprennent huit demi-journées sur quatre jours : environ 84 % des OTS et 82 % des effectifs, soit environ 4,7 millions d'élèves.

"La prestation de 0,54 centime d'euros par enfant et par heure de fréquentation de l'accueil de loisirs périscolaires du mercredi passera ainsi à un euro si les collectivités s'engagent à s'inscrire dans le respect de la Charte Qualité du Plan Mercredi. Enfin, le fonds de soutien au développement des activités périscolaires est maintenu pour les collectivités conservant un mode d'organisation du temps scolaire sur cinq matinées, y compris la majoration pour les communes qui y ont droit."

Selon le syndicat Snuipp-FSU, plus de 500 enseignants et enseignantes se sont réunis ce jeudi devant le rectorat, pour environ 60 écoles fermées. «Le système actuel engendre la confusion entre le temps scolaire et le temps périscolaire, beaucoup d’enfants ne s’y retrouvent plus», estime Jérôme Lambert, secrétaire départemental du Snuipp-FSU, dans une déclaration à l’AFP. Contrairement aux autres communes à 4,5 jours, la ville n’a pas choisi de raccourcir les après-midi mais d’investir sur des ateliers périscolaires les mardi et vendredi après-midi. Première ville à avoir adopté la semaine de 4,5 jours en 2013, Paris ne veut pas remettre en cause cette réforme phare du quinquennat Hollande.

Du côté de l’Hôtel de Ville, on fait valoir que « toutes les enquêtes montrent que l’organisation actuelle de neuf demi-journées d’apprentissage convient aux familles ». Et que la mairie a « amélioré et enrichi » les temps d’activités périscolaires (TAP) des mardis et vendredis après-midi.
La Ville souligne enfin que d’autres grandes villes, comme Toulouse, Brest, Strasbourg, Nantes, ont elles aussi maintenu cette réforme phare du quinquennat Hollande.

L’adjoint aux écoles Fabien Malbet le dit d’emblée : « En laissant aux communes le choix de revenir ou pas sur la réforme des rythmes scolaires, le gouvernement ne nous a pas facilité la tâche. Mais face à cette situation inédite, car d’ordinaire il revient à l’État de fixer les horaires des écoles, la Ville de Grenoble a refusé de prendre une décision rapide et non pensée. Avant de décider de rester à la semaine de 4,5 jours, nous avons pris notre temps.

Saint-Fons a pour sa part maintenu le rythme de 4 jours et demi. Selon le maire Nathalie Frier, également conseillère à la métropole (groupe Synergies-avenir), peu de parents ont fait la demande d’un changement de rythme scolaire :    « Dans une commune en difficulté, on a une forte population de femmes s’occupant seules de leurs enfants. Si on revenait à la semaine de 4 jours, le problème de la garde d’enfant le mercredi matin allait se poser pour ces familles. La ville n’aurait pas non plus les moyens de mettre en place des dispositifs pour accueillir ces enfants. »
Interrogée, la FCPE Rhône confirme : la semaine de 4 jours et demi garantirait un meilleur apprentissage, car les enfants seraient plus disponibles le temps du matin. Elle éviterait aussi les journées scolaires trop longues, pour lesquelles la concentration déclinerait en fin d’après-midi.
Chafia Zehmoul, élue d’opposition à la mairie (Saint-Fons en Mouvement, société civile), n’est pas de cet avis : « J’ai connu la semaine de 4 jours et je vois que les enfants de Saint-Fons sont très fatigués à cause de la semaine à 4 jours et demi, ils ont besoin de se reposer ». La mairie affirme qu’une concertation a eu lieu, mais selon Mme Zehmoul, ni elle ni les parents n’en auraient reçu les résultats : « on m’appelle encore pour me demander où ça en est, mais c’est le point d’interrogation ! »