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celitian
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Crise du recrutement, ça commence à se voir... - Page 7 Empty Re: Crise du recrutement, ça commence à se voir...

par celitian Dim 24 Juil 2022 - 20:47
Dans certaines matières, c'est un métier choisi pour une deuxième voire troisième carrière. Des candidats qui ont parfois intégré tout le discours sur le boulot cool, les vacances..., et qui ne sont pas mobiles car plus âgés.
Pour moi, 10 ans en IDF, on le savait dès l'année de stage.
Prezbo
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Crise du recrutement, ça commence à se voir... - Page 7 Empty Re: Crise du recrutement, ça commence à se voir...

par Prezbo Dim 24 Juil 2022 - 20:48
Maroussia a écrit:Je suis peut-être "hors sol" mais il me semble constater que les étudiants.e.s de prepa d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux et  celles d'il y a 30 ans..
Déjà la publicité est faite pour le système CPGE (visites dans les classes en lycée, cours en immersion).
De plus l'obligation de recruter 30 % de boursiers et boursiers change la donne puisque Parcoursup fait ainsi passer "devant" de meilleurs dossiers ceux des bénéficiaires d'une bourse.
Je n'ai plus du tout l'impression d'avoir dans ma prépa (certes..de province) les premiers de la  classe. Et surtout, ces premiers de la classe ne veulent plus devenir enseignant.e.s.

J'ai fait une prépa scientifique dans les années 90, et déjà seule une minorité d'élèves, qui passaient les ENS et s'ils ne les obtenaient pas allaient à la fac, se destinait à être enseignants. Et encore, ceux qui allaient dans les ENS visaient la recherche ou un poste en CPGE, et faisaient dans leur majorité tout pour éviter le secondaire, ou en sortir rapidement.

Les autres allaient massivement en école d'ingénieur, et à part les quelques passionnés ci-dessus ceux qui bifurquaient sur une licence à la fac et la préparation du CAPES étaient majoritairement ceux qui étaient en échec en maths sup ou maths spé.

Ce n'est pas tout à fait d'aujourd'hui que le niveau du CAPES de maths est inférieur à celui d'une épreuve de recrutement d'une école d'ingénieur ou même de management moyenne, même si le niveau des dernières sessions est réellement devenu critique.
A Tuin
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par A Tuin Dim 24 Juil 2022 - 20:54
Elaïna a écrit:Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?

J'avoue être un peu dubitative sur les grands discours à base de ouin ouin aujourd'hui plus personne ne veut être prof.
Née en 1984, ado autour de l'an 2000, quand la conseillère d'orientation passait dans les classes , il n'y avait bien que moi et ma pote qui envisageaient de devenir enseignantes (et qui le sont devenues !). Deux élèves sur six classes de secondes ça fait pas bezef quand même.

Oui pareil ! Et je me souviens avoir eu une enseignante contractuelle en classe de Première, c'était en 1996 ou 1997, lorsque je lui avais exprimé mon projet, son retour a été grosso modo : "fuyez ma pauvre ! Ce métier est en train de péricliter". Et j'étais la seule de ma classe à vouloir faire ce métier.
Elyas
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par Elyas Dim 24 Juil 2022 - 21:02
Sur 8 classes de terminale en 1996, on était que 3 à vouloir devenir enseignants. 3 sur 260. Nous sommes tous devenus enseignants mais les seuls de notre promo. J'étais le seul gars. Tout comme un collègue plus haut, on ne m'a jamais parle des classes prépa (on m'a juste dit que les iut étaient l'avenir pour les jeunes comme moi), je n'ai découvert la prépa qu'avec l'arrivée en licence de ceux qui n'avaient pas réussi les concours. Pour ma famille, le fait que je sois devenu professeur et que j'y fasse une carrière avec un peu de décorum les comble de fierté (mais milieu d'origine très pauvre pour moi). Ils ne comprennent pas la dévalorisation de mmon métier et mon salaire est le double de ma mère qui a 65 ans et quarante sept ans de travail dans les jambes.
Danska
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Prophète

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par Danska Dim 24 Juil 2022 - 21:20
Elyas a écrit:Sur 8 classes de terminale en 1996, on était que 3 à vouloir devenir enseignants. 3 sur 260. Nous sommes tous devenus enseignants mais les seuls de notre promo. J'étais le seul gars. Tout comme un collègue plus haut, on ne m'a jamais parle des classes prépa (on m'a juste dit que les iut étaient l'avenir pour les jeunes comme moi), je n'ai découvert la prépa qu'avec l'arrivée en licence de ceux qui n'avaient pas réussi les concours. Pour ma famille, le fait que je sois devenu professeur et que j'y fasse une carrière avec un peu de décorum les comble de fierté (mais milieu d'origine très pauvre pour moi). Ils ne comprennent pas la dévalorisation de mmon métier et mon salaire est le double de ma mère qui a 65 ans et quarante sept ans de travail dans les jambes.

En Tle je ne voulais pas non plus être enseignante - d'ailleurs je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire, c'est venu bien après. Et quand je vois les élèves qui exposent leur projet d'orientation pendant le grand oral, pour beaucoup ça ne va pas au-delà de "j'ai choisi telle filière parce que j'envisage telles études. Dans quel but ? Je ne sais pas encore exactement." Il y a tant d'ados que ça qui savent exactement quel métier ils veulent exercer à 18 ans ?
Ruthven
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par Ruthven Dim 24 Juil 2022 - 21:22
Elaïna a écrit:Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?

J'avoue être un peu dubitative sur les grands discours à base de ouin ouin aujourd'hui plus personne ne veut être prof.
Née en 1984, ado autour de l'an 2000, quand la conseillère d'orientation passait dans les classes , il n'y avait bien que moi et ma pote qui envisageaient de devenir enseignantes (et qui le sont devenues !). Deux élèves sur six classes de secondes ça fait pas bezef quand même.

Génération précédente, bac au tout début des années 90 : dans ma classe de Terminale, nous sommes cinq au moins à être devenus enseignants (trois en maths, un en lettres et moi en philo).
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Sisyphe
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par Sisyphe Dim 24 Juil 2022 - 21:27
Je trouve quand même qu'il y a une différence concernant les enfants d'enseignants. Mes parents (non enseignants mais dans l'EN) ne m'ont jamais découragée quand je disais vouloir enseigner. J'ai beaucoup enseigné à mes poupées. Et je n'ai jamais entendu une remarque négative à ce sujet. Aujourd'hui, je grimace un peu quand ma troisième dit vouloir être maîtresse et mes grands ne veulent pas devenir enseignants (alors qu'ils disent vouloir faire le même métier que Papa.)
Prezbo
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par Prezbo Dim 24 Juil 2022 - 22:07
Ruthven a écrit:
Elaïna a écrit:Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?

J'avoue être un peu dubitative sur les grands discours à base de ouin ouin aujourd'hui plus personne ne veut être prof.
Née en 1984, ado autour de l'an 2000, quand la conseillère d'orientation passait dans les classes , il n'y avait bien que moi et ma pote qui envisageaient de devenir enseignantes (et qui le sont devenues !). Deux élèves sur six classes de secondes ça fait pas bezef quand même.

Génération précédente, bac au tout début des années 90 : dans ma classe de Terminale, nous sommes cinq au moins à être devenus enseignants (trois en maths, un en lettres et moi en philo).

Mais c'était par conviction, ou parce qu'à un moment donné on ne savait pas trop quoi faire et il fallait bien croûter ?
Prezbo
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par Prezbo Dim 24 Juil 2022 - 22:20
epekeina.tes.ousias a écrit:
Cath a écrit:Mais le problème (et donc le désir de revanche) venait plus de l'institution que de ses enseignants, non ?

Cela vient du processus général de sélection et d'orientation dans les études. Un très grand nombre des étudiants inscrits en MEEF partage cette vision des choses (qu'il n'est pas du tout nécessaire de leur “inculquer”).

Les plus insupportables sont ceux qui, après être devenu enseignant par rébellion contre l'école et avec la conviction de devenir des enseignants différents, se mèlent de devenir formateurs pour faire la leçon aux autres (ce qui enfait des formateurs massivement rejettés, rejet qui les enfonce dans leurs convictions). Pour peu qu'ils étalent leur réussite proclamée sur internet, on peut obtenir des cuistres de concours.
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Cath
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par Cath Dim 24 Juil 2022 - 23:14
Ah oui...😕

Sinon, bac en 85, nous sommes 3 à être devenues enseignantes. Je ne sais pas s'il y en a plus.
Mais en Tle, je me serais fait hacher menu plutôt que de devenir enseignante.
Elaïna
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Enchanteur

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par Elaïna Dim 24 Juil 2022 - 23:23
Oui et je ne peux pas m'empêcher de repenser à tous ces vieux romans où le prof est clairement la figure du plouc de service quand ça se passe dans un milieu bourgeois (genre Les voyageurs de l'impériale)

_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered

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Ruthven
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par Ruthven Lun 25 Juil 2022 - 7:54
Prezbo a écrit:
Ruthven a écrit:
Elaïna a écrit:Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?

J'avoue être un peu dubitative sur les grands discours à base de ouin ouin aujourd'hui plus personne ne veut être prof.
Née en 1984, ado autour de l'an 2000, quand la conseillère d'orientation passait dans les classes , il n'y avait bien que moi et ma pote qui envisageaient de devenir enseignantes (et qui le sont devenues !). Deux élèves sur six classes de secondes ça fait pas bezef quand même.

Génération précédente, bac au tout début des années 90 : dans ma classe de Terminale, nous sommes cinq au moins à être devenus enseignants (trois en maths, un en lettres et moi en philo).

Mais c'était par conviction, ou parce qu'à un moment donné on ne savait pas trop quoi faire et il fallait bien croûter ?

Quatre sur cinq par envie (plus que par conviction).
Carrie7
Carrie7
Niveau 9

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par Carrie7 Lun 25 Juil 2022 - 8:10
Prezbo a écrit:
Maroussia a écrit:Je suis peut-être "hors sol" mais il me semble constater que les étudiants.e.s de prepa d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux et  celles d'il y a 30 ans..
Déjà la publicité est faite pour le système CPGE (visites dans les classes en lycée, cours en immersion).
De plus l'obligation de recruter 30 % de boursiers et boursiers change la donne puisque Parcoursup fait ainsi passer "devant" de meilleurs dossiers ceux des bénéficiaires d'une bourse.
Je n'ai plus du tout l'impression d'avoir dans ma prépa (certes..de province) les premiers de la  classe. Et surtout, ces premiers de la classe ne veulent plus devenir enseignant.e.s.

J'ai fait une prépa scientifique dans les années 90, et déjà seule une minorité d'élèves, qui passaient les ENS et s'ils ne les obtenaient pas allaient à la fac, se destinait à être enseignants. Et encore, ceux qui allaient dans les ENS visaient la recherche ou un poste en CPGE, et faisaient dans leur majorité tout pour éviter le secondaire, ou en sortir rapidement.

Les autres allaient massivement en école d'ingénieur, et à part les quelques passionnés ci-dessus ceux qui bifurquaient sur une licence à la fac et la préparation du CAPES étaient majoritairement ceux qui étaient en échec en maths sup ou maths spé.

Ce n'est pas tout à fait d'aujourd'hui que le niveau du CAPES de maths est inférieur à celui d'une épreuve de recrutement d'une école d'ingénieur ou même de management moyenne, même si le niveau des dernières sessions est réellement devenu critique.

Je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant/nouveau dans cette situation, quand on va en CPGE scientifique c'est presque toujours pour faire une école d'ingé derrière. C'est quand même une petite minorité qui envisage l'ENS... Si on est "sûr" de vouloir être prof dès la terminale, on s'inscrit en licence à la fac ! Les seules exceptions rencontrées, ce sont des gens souhaitant enseigner mais qui font d'abord une prépa pour reculer leur choix et faire plaisir aux parents...
Prezbo
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par Prezbo Lun 25 Juil 2022 - 8:17
Carrie7 a écrit:
Prezbo a écrit:
Maroussia a écrit:Je suis peut-être "hors sol" mais il me semble constater que les étudiants.e.s de prepa d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux et  celles d'il y a 30 ans..
Déjà la publicité est faite pour le système CPGE (visites dans les classes en lycée, cours en immersion).
De plus l'obligation de recruter 30 % de boursiers et boursiers change la donne puisque Parcoursup fait ainsi passer "devant" de meilleurs dossiers ceux des bénéficiaires d'une bourse.
Je n'ai plus du tout l'impression d'avoir dans ma prépa (certes..de province) les premiers de la  classe. Et surtout, ces premiers de la classe ne veulent plus devenir enseignant.e.s.

J'ai fait une prépa scientifique dans les années 90, et déjà seule une minorité d'élèves, qui passaient les ENS et s'ils ne les obtenaient pas allaient à la fac, se destinait à être enseignants. Et encore, ceux qui allaient dans les ENS visaient la recherche ou un poste en CPGE, et faisaient dans leur majorité tout pour éviter le secondaire, ou en sortir rapidement.

Les autres allaient massivement en école d'ingénieur, et à part les quelques passionnés ci-dessus ceux qui bifurquaient sur une licence à la fac et la préparation du CAPES étaient majoritairement ceux qui étaient en échec en maths sup ou maths spé.

Ce n'est pas tout à fait d'aujourd'hui que le niveau du CAPES de maths est inférieur à celui d'une épreuve de recrutement d'une école d'ingénieur ou même de management moyenne, même si le niveau des dernières sessions est réellement devenu critique.

Je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant/nouveau dans cette situation, quand on va en CPGE scientifique c'est presque toujours pour faire une école d'ingé derrière. C'est quand même une petite minorité qui envisage l'ENS... Si on est "sûr" de vouloir être prof dès la terminale, on s'inscrit en licence à la fac ! Les seules exceptions rencontrées, ce sont des gens souhaitant enseigner mais qui font d'abord une prépa pour reculer leur choix et faire plaisir aux parents...

Ou simplement qui font une prépa parce que le niveau et le rythme de travail est sans commune mesure avec les deux premières années de licence. Il y a quelques élèves en tête de classe en terminale qui vont en licence scientifique par choix, mais ça reste des exeptions.

Très sincèrement, déjà pour les élèves de ma génération, en sciences (la répartition des effectifs en lettres et sciences humaines est différente), éviter les premiers cycles universitaires quitte à revenir à l'université par équivalence ensuite était une obsession. Et, pour en revenir au sujet de la discussion, à part pour quelques-un qui savaient précocement vouloir faire enseignant, ce n'était pas les têtes de classe qu'on retrouvait en moyenne à la préparation des concours.
Une passante
Une passante
Esprit éclairé

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par Une passante Lun 25 Juil 2022 - 9:45
Elaïna a écrit:Oui et je ne peux pas m'empêcher de repenser à tous ces vieux romans où le prof est clairement la figure du plouc de service quand ça se passe dans un milieu bourgeois (genre Les voyageurs de l'impériale)

Voilà, dans la bourgeoisie, devenir professeur était dévalorisant, alors que dans les classes populaires, ce fut longtemps perçu comme une ascension sociale !
(après, chacun peut savoir quel est son milieu d'origine ou celui parmi lequel on évoluait).
somac
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Niveau 6

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par somac Lun 25 Juil 2022 - 9:54
Elaïna a écrit:
Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?


Une période où les adolescents voulaient massivement devenir professeur, je ne sais pas, mais, sur les 10 dernières années (hors 2022 de sucroît), la baisse du nombre de présents aux concours est parlante.

Chiffres nationaux : https://www.devenirenseignant.gouv.fr/cid104735/les-donnees-statistiques-des-concours.html

Concours externe CAPES 2008 : 5 062 postes offerts =>  28 558 présents
Concours externe CAPES 2021 : 5 441 postes offerts =>  17 253 présents

Concours Professeur(e) des Ecoles 2009 : 6 577 postes offerts = > 41 874 présents
Concours Professeur(e) des Ecoles 2021 : 8 694 postes offerts => 26 657 présents

Concours CAPLP 2008 = 1 288 postes offerts => 8 700 présents
Concours CAPLP 2021 = 1 325 postes offerts => 3 999 présents
lene75
lene75
Prophète

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par lene75 Lun 25 Juil 2022 - 10:21
+1 avec Sisyphe. Bac en 2000. Ma mère, prof en collège, ne m'a non seulement pas découragée, mais m'a encouragée à devenir prof. La seule chose dont elle ait essayé de me dissuader, c'est d'être prof de philo, parce que trop de travail. Je ne l'ai pas écoutée.

Dans ma discipline, il était plus que recommandé de passer par une prépa pour espérer décrocher le concours. C'était le parcours « naturel » de ceux qui visaient l'enseignement. J'ignore les taux actuels, mais l'année où j'ai décroché le Capes, à la 2e tentative, le taux de réussite était de 2,6%. Autant dire qu'il valait mieux être dans les meilleurs. J'ai toujours été en tête de classe au lycée, j'ai fait la prépa la plus prestigieuse, et pourtant, avec mon bac+5 en poche et un magistère à l'ENS, il m'a fallu deux tentatives pour décrocher le Capes et encore plusieurs pour l'agrégation. J'ai une copine qui, malgré une bonne prépa et une culture impressionnante, a passé le Capes 6 fois avant de le décrocher. Autant dire qu'il fallait être motivé pour obtenir le sésame.

Beaucoup de bons étudiants qui voulaient être profs ont été contraints de se réorienter, vers Science po, des écoles de commerce, RH ou autre. J'ai même une copine qui a un parcours incroyable : ayant échoué 2 fois au Capes, elle a bifurqué vers Science po, s'est finalement retrouvée à enseigner à l'université en Angleterre et est aujourd'hui... professeur d'université à Paris 1, poste que des normaliens agrégés n'arrivent pas à décrocher !

Tandis que je frémis quand mes filles me disent vouloir être « maîtresses d'école ». J'essaie de les orienter vers autre chose. Je n'exclus pas totalement qu'elles deviennent prof, mais seulement si elles ont échoué partout.

C'était en revanche déjà la déconfiture dans les matières scientifiques.

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menerve
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par menerve Lun 25 Juil 2022 - 10:25
J'ai obtenu mon premier capes en 1993...les statistiques ne remontent pas jusque là... Dommage.
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Sisyphe
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par Sisyphe Lun 25 Juil 2022 - 10:34
Je suis moi aussi passée par une khâgne pour augmenter mes chances de réussite. Mais j'ai échoué deux fois au Capes de philosophie. J'ai passé alors le PLP Lettres Histoire qui offrait plus de chance de succès. Ceux qui réussissaient à passer la barre de l'admissibilité (en philosophie) étaient brillants et peu nombreux. Sur les deux années où j'ai fait une préparation (une année à Nantes et une année à Lille) personne n'a réussi à être admis. Reconversions en RH avec un DESS, autres concours de la fonction publique... Il a bien fallu se réorienter.


Dernière édition par Sisyphe le Lun 25 Juil 2022 - 10:39, édité 1 fois
Daphné
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Demi-dieu

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par Daphné Lun 25 Juil 2022 - 10:35
Elaïna a écrit:Vraie question, mais quelque peu sarcastique : y a-t-il vraiment eu une période dans l'histoire de la République où les adolescents ont massivement voulu devenir professeur ?

J'avoue être un peu dubitative sur les grands discours à base de ouin ouin aujourd'hui plus personne ne veut être prof.
Née en 1984, ado autour de l'an 2000, quand la conseillère d'orientation passait dans les classes , il n'y avait bien que moi et ma pote qui envisageaient de devenir enseignantes (et qui le sont devenues !). Deux élèves sur six classes de secondes ça fait pas bezef quand même.

Alors dans ma génération oui : baby boomer, en lycée de filles, nous étions 49 élèves en terminale philo car à 50 élèves ils devaient dédoubler la classe - il y avait 3 terminales philo dans mon lycée avec ces effectifs, une terminale mathélem et une sciencex avec 24/25 élèves - les lycées allaient de la 6ème à la terminale ou classes prépas et il y avait deux lycées de filles dans le département - les objectifs professionnels dans les classes de philo selon les moyens des parents : école d'infirmières ou école normale pour celles qui ne pouvaient envisager des études longues financées par les parents, la fac pour les autres dans des disciplines littéraires avec pour objectif l'enseignement public, le CAPES en ligne de mire, classes prépas pour les plus brillantes / motivées avec pour objectif l'agrégation donc l'enseignement. En lettres peu d'autres débouchés.
Beaucoup d'es élèves des sections scientifiques visaient également la fac dans des disciplines scientifiques pour l'enseignement, même si certaines visaient également médecine ou pharmacie.
Voilà : il y avait les concours hommes et les concours femmes, même nombre de postes en gros dans les deux concours car il y avait autant d'élèves garçons que filles dans les lycées mais une fille sur dix reçue au concours et un garçon sur trois. La sélection était féroce, le métier envisageable et correct, ma mère était prof et je la voyais et l'entendais.
Je vous parle d'un temps que les moins de ... ne peuvent pas connaître, avant 68 et les quelques années qui ont suivi.
J'ai commencé à bosser tout début des années 70, les concours sont devenus mixtes en 1976 je crois, à un an près.
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par ben2510 Lun 25 Juil 2022 - 10:50
menerve a écrit:J'ai obtenu mon premier capes en 1993...les statistiques ne remontent pas jusque là... Dommage.

J'ai passé l'agrégation en 1993, je me rappelle qu'il y avait 6000 inscrits pour 500 postes, en Maths.
Il me semble qu'il y avait autour de 2000 postes au CAPES cette année-là, toujours concernant les Maths, avec très certainement au moins 10000 candidats inscrits.

_________________
On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré  La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
frimoussette77
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par frimoussette77 Lun 25 Juil 2022 - 10:55
@elaina
https://www.ecoledeslettres.fr/capes-2022-des-resultats-inadmissibles/#:~:text=Dans%20les%20ann%C3%A9es%201990%2C%20il%20y%20avait%20en,r%C3%A9forme%20%28voir%20la%20dissertation%20de%20lettres%20par%20exemple%29
Dans les années 1990, il y avait en lettres modernes six fois plus de candidats que de postes à pourvoir (par exemple, en 1999, 6830 candidats pour 1150 postes), il y avait deux à trois fois plus d’épreuves écrites (l’ancien français était une matière à part entière, même chose pour la grammaire et la stylistique), l’oral était encore strictement disciplinaire, et, alors que l’accès aux postes était facilité les jeunes se sont détournés d’un métier qui se déshonore un peu plus à chaque réforme (voir la dissertation de lettres par exemple)
https://www.cdr-copdl.fr/doc_num.php?explnum_id=21255
p4 du document
Crise du recrutement, ça commence à se voir... - Page 7 Capes_10
Saltaojos
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Habitué du forum

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par Saltaojos Lun 25 Juil 2022 - 11:12
Danska a écrit:
En Tle je ne voulais pas non plus être enseignante - d'ailleurs je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire, c'est venu bien après. Et quand je vois les élèves qui exposent leur projet d'orientation pendant le grand oral, pour beaucoup ça ne va pas au-delà de "j'ai choisi telle filière parce que j'envisage telles études. Dans quel but ? Je ne sais pas encore exactement." Il y a tant d'ados que ça qui savent exactement quel métier ils veulent exercer à 18 ans ?

Exactement pareil pour moi, je n'ai commencé à sérieusement envisager de devenir prof qu'en prépa, et cela fut assez mal vu de certains professeurs qui m'encourageaient, je cite, "à faire mieux". Avant, et même en terminale, je disais : "j'aime toutes les matières mais je ne sais pas quel métier je voudrais faire". Venant d'un milieu modeste je ne m'imaginais pas du tout capable de devenir enseignante.

Bac littéraire en 2010, parmi mes anciens camarades je n'en connais qu'une qui a tenté l'enseignement et elle a tenu 2 ans avant de démissionner cette année (et je compte l'année de stage dans ces 2 ans). Tous les autres travaillent dans des domaines très variés, mais pas dans l'EN.
Parmi mes anciens camarades de prépa, j'en connais quelques-uns qui sont devenus profs dans différentes matières, pour certains après avoir fait l'ENS et en passant l'agrégation directement. Mais la majorité a cherché à faire autre chose, et la BEL (banque d'épreuves littéraires) leur a ouvert des portes qui étaient selon eux plus prestigieuses que l'enseignement. En 2012, devenir prof était jugé comme un manque d'ambition.
En revanche, quand je suis arrivée en fac de lettres, j'ai vu énormément d'étudiants qui disaient "tout sauf prof de lettres", et ils ont tenu parole, mais un nombre assez important d'étudiants en lettres visaient le CRPE et ont suivi cette voie.
Nous étions seulement 4 de ma L3 à partir en master MEEF sur une trentaine d'étudiants. En M1 MEEF, nous étions 6...
Elaïna
Elaïna
Enchanteur

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par Elaïna Lun 25 Juil 2022 - 13:32
Je reviens sur cette histoire de "plus personne ne veut être prof". Je reste malgré tout persuadée que peu d'adolescents de l'âge lycée ont pu vouloir être professeur, à l'âge où d'une il est courant de remettre en cause l'autorité, de deux il est courant de ne pas savoir ce que l'on veut faire.
Autre chose à prendre en compte : on peut difficilement comparer notre société, et donc les aspirations de nos adolescents, à celle des années 60 70 . Métiers moins diversifiés pour ceux qui voulaient faire des études notamment.

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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered

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Jenny
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par Jenny Lun 25 Juil 2022 - 13:35
Elaïna : C'est vrai que peu de nos Terminales ont une idée précise de ce qu'ils veulent faire. Et ça peut beaucoup changer.
Une partie des candidats au concours a aussi travaillé avant.

Le seul indicateur fiable, c'est la baisse continue des candidats au concours, qui indique bien qu'il y a une désaffection du métier.
Ascagne
Ascagne
Grand sage

Crise du recrutement, ça commence à se voir... - Page 7 Empty Re: Crise du recrutement, ça commence à se voir...

par Ascagne Lun 25 Juil 2022 - 13:48
Dans l'université où j'ai enseigné il y a quelque temps (qui était différente de la grosse université où j'ai fait mon parcours de la L3 à la fin du doctorat), la majorité des étudiants de lettres (petite promotion) qui étaient intéressés par l'enseignement visaient le MEEF premier degré ; les collègues me disaient que les entretiens avec les étudiants montraient souvent que c'était assez lié à la volonté de ne pas quitter leur académie.
Me concernant, le fait d'être devenu professeur du secondaire, en pratique, c'est un pur ricochet de la nécessité impérative d'obtenir l'agrégation pour conduire mon parcours de recherche... et d'avoir un poste/un "filet de sécurité", mais avec le recul, j'aurais aimé pouvoir trouver autre chose sur ce point. Je ne regrette en rien d'avoir fait les études dont je rêvais (même s'il a été dur après la prépa de choisir entre la diversité des disciplines que j'adorais) ; en revanche, sur le plan strictement professionnel, en mettant de côté l'aspiration à un poste universitaire, j'aurais mieux fait de me tourner vers le monde des bibliothèques ou du patrimoine.
Je viens d'un milieu favorisé et mes parents n'étaient pas obsédés, comme cela peut être le cas dans certaines familles, par l'idée de diriger leurs enfants vers un domaine particulier, d'où le fait que j'ai pensé à la dimension strictement professionnelle tardivement - du reste, quand on a d'excellents résultats scolaires, puis de très bons résultats en début de supérieur, le système le permet ou le permettait. Il est clair que les choses auraient tourné différemment dans un autre contexte familial. Mes parents étaient tout de même relativement inquiets par rapport à mon choix de la voie littéraire. Je crois qu'ils auraient été vraiment inquiets, cependant, si j'avais dit que je voulais vivre de ma plume en tant qu'écrivain... Pour le reste, je l'ai déjà écrit, mais je vois de loin des familles et des milieux où vraiment, à part valorisation de la possibilité de faire une carrière universitaire, le métier d'enseignant dans les autres degrés fait peur aux parents (pour leurs enfants) et est complètement décrédibilisé (bien, forcément, vu la hauteur du traitement des collègues du primaire et des certifiés), mais j'y inclurais aussi l'agrégation (à part sous le strict angle symbolique).

Sinon, concernant le niveau de la France, oui, on vit beaucoup dans l'illusion, notamment sur le plan économique et éducatif, et il y a quand même des domaines où c'est extrêmement visible et tragiquement ironique (nous avons inventé la remédiation de masse en ce qui concerne notre langue maternelle au niveau universitaire, nous avons dégringolé dans les classements internationaux concernant l'éducation au moins dans certains domaines majeurs, etc.). L'enténèbrement rapide de l'Histoire et la révélation tout aussi éclatante en quelques années des menaces qui avaient été identifiées mais qui restaient latentes et peu considérées par beaucoup, peut déciller.

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Dernière édition par Jenny le Lun 25 Juil 2022 - 17:14, édité 1 fois (Raison : hors-sujet édité)
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