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Gryphe
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Article J.-Y. LANGANAIS sur Aide aux Profs Empty Article J.-Y. LANGANAIS sur Aide aux Profs

par Gryphe Dim 09 Mai 2010, 15:13
http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=News_Display.asp&ArticleID=1771

Le vendredi 7 mai 2010, Jean-Yves Langanay, Inspecteur d’Académie
honoraire, a accepté de répondre aux questions d’Aide aux Profs


Nous
avons rencontré Jean-Yves Langanay lors des 31e et 32e colloque de
l’Association Française des Administrateurs de l’Education auxquels
nous participons depuis deux ans, tandis que nous l’avions déjà
rencontré dans le cadre de l’association Education et Devenir dont il a
été président.

Monsieur Jean-Yves Langanay a accepté de
répondre à toutes les questions que nous lui avions adressées la
semaine dernière, et que vous pouvez consulter ci-dessous.



1. Quel a été votre parcours de carrière dans l’Education Nationale ?

«
Ancien élève de l’Ecole normale de Mont Saint Aignan (76) et de l’Ecole
normale supérieure de Cachan (94), j’ai enseigné l’histoire –
géographie de 1976 à 1986 au collège de Fontaine (Banlieue de
Grenoble), au lycée-collège de Lillebonne (76) et au lycée technique
Blaise Pascal de Rouen. Parallèlement j’ai exercé des mandats syndicaux
(SGEN CFDT) locaux, académiques et nationaux.
De 1986 à 1990, j’ai
été principal du collège de Gonfreville l’Orcher dans la banlieue du
Havre, collège en rénovation et classé ZEP.
De 1990 à 1996, proviseur du lycée et du LP Val de Seine à Grand Quevilly (76).
De 1996 à 1998, proviseur du lycée Edgar Quinet à Bourg en Bresse (01).
De 1998 à 2006, IA IPR Etablissements et vie scolaire dans l’académie de Lyon.
De 2006 à 2009, directeur du centre régional de documentation pédagogique de l’académie de Créteil. »

2.
Pourquoi avoir quitté le face-à-face avec les élèves pour devenir dans
un premier temps personnel de direction ? Comment avez-vous abordé et
vécu cette nouvelle mission ?


« J’ai beaucoup apprécié
mes années d’enseignement face à des élèves très différents, de la 6e à
la Terminale, de l’enseignement général à l’enseignement technique. Au
bout de dix ans, j’ai souhaité à la fois une mobilité professionnelle
et une prise de responsabilités, passer du « dire » syndical au « faire
» dans la conduite d’un établissement. J’ai ainsi pu mettre à l’épreuve
des faits les idées développées syndicalement quant à la démarche de
projet d’établissement, l’éducation prioritaire ou, à l’époque, la
rénovation des collèges.

Jeune principal (35 ans), j’ai du
expérimenter l’exercice de l’autorité fonctionnelle auprès de collègues
enseignants majoritairement plus âgés que moi. La mise en œuvre de
projets et la constitution d’équipes m’ont facilité la tâche. J’ai du
aussi mettre en œuvre la loyauté institutionnelle avec des autorités
administratives que j’avais fréquentées dans un autre contexte, sans
heurts et en réinvestissant autrement les relations de confiance et de
respects mutuels développées précédemment. »

3. Vous
êtes devenu IA-IPR en EVS. Quelles étaient vos missions et
responsabilités sur cette fonction opérationnelle ? Un enseignant qui
n’a pas été personnel de direction peut-il y prétendre directement ?


«
« Le recteur de l’académie de Lyon m’avait donné pour cap : « terrain,
terrain, terrain ! », c'est-à-dire être au plus vite un bon connaisseur
des réalités de terrain des établissements de l’académie. Ce que j’ai
fait en assurant le suivi des enseignants documentalistes, des CPE et
des personnels de direction, comme la plupart des IA IPR EVS.

En
même temps, l’IA IPR EVS est appelé à intervenir – pour rendre compte
au recteur et lui proposer des solutions – dans des situations
collectives de crise en établissements ou des alertes sur le
dysfonctionnement (réel ou supposé) de personnels enseignants ou
d’encadrement. Une diversité de situations qui apprend à mettre en
œuvre une déontologie rigoureuse de l’enquête conjuguant intérêt
général (surtout celui des élèves) et respect des personnes en
difficultés.

L’accès aux fonctions des IA IPR EVS se fait par
concours ouvert aux personnels de direction de 1ère classe, aux IEN,
aux professeurs agrégés et aux maîtres de conférences. De fait les
lauréats du concours se partagent entre personnels de direction et IEN.
Il est extrêmement rare de recruter directement un enseignant. »


4.
Aspirant à une mobilité régulière, vous devenez directeur du CRDP de
Créteil le 1er novembre 2006 : pourquoi ce nouveau challenge et
qu’avez-vous mis en œuvre durant ces 3 années ?


« Après
huit ans d’exercice des fonctions d’IA IPR, j’aspirais à une nouvelle
mobilité et au retour à une prise de responsabilités directes. Je
connaissais bien les CRDP via le travail d’animation en direction des
enseignants documentalistes mais je connaissais moins l’activité de
production de ressources pédagogiques et encore moins ses aspects
financiers.

Mon passage au CRDP de l’académie de Créteil a été
marqué par un effort de redressement financier et une profonde
réorganisation structurelle et géographique marquée par trois nouvelles
implantations sur quatre. »


5. Depuis plusieurs
années, des rumeurs évoquent la disparition du réseau Scéren
(CNDP-CRDP-CDDP) qui pourrait être repris en partie par les régions et
pour l’autre partie par les rectorats : qu’en est-il, pouvez-vous nous
éclairer sur ce point ?


« Ce ne sont, à ma
connaissance, que des rumeurs… Je n’ai pas le sentiment que les régions
soient très désireuses de prendre dans leur giron des CRDP
majoritairement en difficultés financières. Il en va autrement pour les
rectorats dont les liens avec les CRDP sont étroits. Rappelons que le
recteur préside le conseil d’administration du CRDP.

Quant au
réseau SCEREN il est confronté aux difficultés structurelles de
l’édition pédagogique publique et est engagé dans une délicate mutation
entre production d’imprimés et mise à disposition de ressources
numériques. En même temps, on passe d’un modèle d’édition papier
payante à une demande de plus en plus forte des usagers d’accéder à des
ressources en ligne gratuites. Il faut aussi rappeler que le SCEREN et
les CRDP, dans un contexte de concurrence avec les éditeurs privés, ont
le devoir de pratiquer l’autofinancement pour couvrir entre le quart et
le tiers de leur masse salariale. Cette dimension est généralement
méconnue des établissements secondaires et de leurs personnels. »


6.
Le réseau Scéren comprend de nombreuses opportunités de « secondes
carrières » temporaires ou définitives, sous forme de détachements :
pensez-vous qu’il faille augmenter ce type d’emplois dans les
différentes antennes de ce réseau, ou au contraire les supprimer
progressivement comme l’a fait le Ministère de l’Education Nationale
avec tous les postes en MAD ces 5 dernières années ?


«
Ce que j’ai appris, c’est que les CRDP et CDDP ont une longue tradition
d’accueil et de « reprofessionnalisation » d’enseignants en difficultés
dans leurs classes. Cette vocation de fait n’a jamais été clairement
formalisée.

Mon triple constat est le suivant :

- Une
vraie réussite dans l’apprentissage de nouveaux métiers (production
numérique, métiers de l’édition, publication assistée par ordinateur,
animation de médiathèques, etc.). A part les documentalistes qui
peuvent entrer directement dans le réseau, de très nombreux personnels
du réseau ont exercé face à des élèves avant d’être affectés sur postes
budgétaires dans le réseau SCEREN,

- Mais ces postes reposent
sur un équilibre budgétaire et sur l’autofinancement. D’où une tendance
à ne pas remplacer les départs à la retraite…quelle que soit la
qualification du partant,

- L’accueil en surnombre (donc sans
incidence budgétaire) de collègues en recherche de reconversion) se
heurte aujourd’hui à un niveau d’exigences accru et à un dialogue plus
serré entre rectorats et CRDP. Au-delà du besoin de placer les
intéressés dans un autre contexte professionnel que la classe, il y a
le souci pour l’employeur de recruter des personnes qui soient en
capacité de travailler (y compris à temps partiel) et qui aient un réel
potentiel d’adaptation à l’exercice de nouveaux métiers. »


7.
Avez-vous rencontré des enseignants malheureux de ne pouvoir « faire
autre chose » durant votre carrière, et le cas échéant, que leur
aviez-vous conseillé ?


« Mes différentes postures
professionnelles m’ont créé l’occasion de ces rencontres. Le métier
d’enseignant n’est pas celui qui offre le plus d’occasions de mobilité
professionnelle (même si j’illustre personnellement l’inverse et le
revendique). Un parcours de la maternelle à la retraite dans un
établissement scolaire n’est pas toujours synonyme de richesse, de
diversité et d’accomplissement.

Il y a sans doute besoin de
mieux informer sur les possibilités de seconde carrière. Je crois que
chefs d’établissements et corps d’inspection ont un vrai rôle de
conseil dans ces domaines, en lien étroit avec les services DRH des
rectorats.

Je crois aussi que le métier d’enseignant s’exerce
trop souvent dans une profonde solitude et je mesure tous les avantages
d’une promotion du travail en équipes. »


8. En tant
qu’ancien président d’association (Education et Devenir), pensez-vous
qu’il soit concevable qu’Aide aux Profs puisse un jour devenir
complémentaire de l’action menée par l’Education Nationale dans le
domaine des secondes carrières ?


« Je considère qu’il
faut veiller à éviter la confusion entre institutions et associations,
ne serait ce que pour préserver indépendance et autonomie d’action des
secondes. Il convient donc, à mon sens, d’être clair sur le sens du mot
« complémentaire ». Une association comme « Aide aux Profs » doit,
selon moi, pouvoir jouer un rôle de plateforme d’information, de
conseil et d’aide à la mise en relations entre enseignants et services
intéressés : services DRH, médecins conseils, etc. »


9.
Quels sont les grands chantiers d’étude auxquels s’intéresse
actuellement l’association Education et Devenir, et dans les années à
venir ?


« Pour prendre quelques exemples, nous sommes actuellement fortement investis dans plusieurs chantiers :

-
La timide tentative de réforme du lycée où nous aurions souhaité des
parcours plus modulaires, un rapprochement des lycées généraux,
technologiques et professionnels et une plus grande responsabilisation
des élèves ;
- L’accompagnement scolaire et éducatif sous toutes ses formes ;
- Le recrutement, la formation et le suivi des maîtres ;
- La notion de service public d’éducation au niveau des territoires et des collectivités territoriales. »


10. Que pensez-vous des grands chantiers initiés actuellement :


- la revalorisation des débuts de carrière des enseignants:

«
Elle est nécessaire en termes de justice sociale et de considération de
la société pour les maîtres de nos enfants. Elle doit s’accompagner
aussi de parcours moins liés à la prise en compte de la seule
ancienneté. Mais c’est un domaine qui relève plus des syndicats que de
notre association. »

- la volonté d’instituer une véritable GRH personnalisée, à l’écoute des personnels:

«
Je crois que les services DRH des rectorats gagneraient à être
développés en personnes pouvant accueillir, conseiller et accompagner
les enseignants. C’est aussi un dossier qui doit mettre plus fortement
en relation cadres de proximité (personnels de direction, corps
d’inspection) et services de gestion qui ne peuvent valablement être «
juge et partie ». »

- la réforme de l’évaluation des enseignants:


«
Elle aura beaucoup à gagner d’un rapprochement entre personnels de
direction et corps d’inspection. L’idée d’abandonner la césure
artificielle entre note administrative et note pédagogique au profit
d’une note unique établie en commun doit, à mon sens, avancer même si
les syndicats y sont apparemment peu favorables. »

Quel peut-être le délai envisageable, à l’échelle d’un tel ministère, pour les mener à bien ?


«
Vous connaissez l’écart entre le temps court des politiques et le temps
long de l’école ! Certaines tendances lourdes appellent des décisions
quel que soit le bord politique des décideurs. Il y a de réelles
urgences mais nous avons appris que le succès d’une réforme (si le mot
réforme est encore pertinent) se mesure au moins sur une génération ! »



Association Aide aux Profs,
Mouvement associatif de seconde carriere des enseignants
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par Invité Dim 09 Mai 2010, 15:42
devoir avoir fait 15 ans pour une seconde carrière, c'est problématique.
L'évaluation par le chef uniquement, j'ai testé; je m'y oppose. Mon enfoiré de chef me bloque par la même occasion toute possibilité de détachement alors que je n'ai rien à me reprocher.
Si on avait de réelles possibilités de recours ce ne serait pas si grave, mais je sais maintenant que la capa n'est qu'une chambre d'enregistrement.
Ma conclusion: Mal noté(e) un jour, mal noté(e) toujours... pourquoi devrais-je me décarcasser?

ça appelle d'autres réflexions sur la nécessité d'être bon et épanoui dans son travail pour obtenir un détachement. Mais si on s'épanouit dans son boulot, pourquoi demander un détachement?

Il y a vraiment des trucs qui tournent pas rond dans l'administration...
Hervé Hervé
Hervé Hervé
Fidèle du forum

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par Hervé Hervé Lun 10 Mai 2010, 11:43
"Elle
aura beaucoup à gagner d’un rapprochement entre personnels de
direction
et corps d’inspection. L’idée d’abandonner la césure
artificielle

entre note administrative et note pédagogique au profit
d’une note
unique établie en commun doit, à mon sens, avancer même si
les
syndicats y sont apparemment peu favorables. »"

S'il ne voit pas la différence entre note administrative et pédagogique c'est un peu inquiétant...
avatar
Invité
Invité

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par Invité Lun 10 Mai 2010, 17:03
dans mon académie, on ne la fait pas.
neo
neo
Sage

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par neo Lun 10 Mai 2010, 20:33
Hervé Hervé a écrit:
S'il ne voit pas la différence entre note administrative et pédagogique c'est un peu inquiétant...
[/font]
+ 1 !
humhum

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Human... https://www.youtube.com/watch?v=RIZdjT1472Y
Ruthven
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par Ruthven Lun 10 Mai 2010, 20:35
Gryphe a écrit:


1. Quel a été votre parcours de carrière dans l’Education Nationale ?

J'ai exercé des mandats syndicaux
(SGEN CFDT) locaux, académiques et nationaux.

Tout est là ...
neo
neo
Sage

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par neo Lun 10 Mai 2010, 20:36
Ah oui, tout s'explique...

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John
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par John Lun 10 Mai 2010, 20:40
Quant au réseau SCEREN il est confronté aux difficultés structurelles de l’édition pédagogique publique et est engagé dans une délicate mutation entre production d’imprimés et mise à disposition de ressources numériques. Il faut aussi rappeler que le SCEREN et les CRDP, dans un contexte de concurrence avec les éditeurs privés, ont le devoir de pratiquer l’autofinancement pour couvrir entre le quart et le tiers de leur masse salariale.

Qui ici peut témoigner en affirmant que son métier aurait été fondamentalement changé si les CRDP n'existaient pas ?

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