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John
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Libération publie le journal de bord de Martine T., enseignante d'anglais en PACA Empty Libération publie le journal de bord de Martine T., enseignante d'anglais en PACA

par John Jeu 22 Sep 2011 - 17:59
http://www.liberation.fr/vous/01012361073-une-classe-de-plus-c-est-25-fois-plus-de-risques-de-conflit

Martine, 36 ans, enseigne l'anglais en Eclair. Libé publiera régulièrement des extraits de son journal de bord.

Extraits :

Lundi 5 septembre - Rencontre avec une de mes classes, celle de cinquième. Plutôt chouettes, ces minots-là. J'ai passé deux heures à leur expliquer que : "Non, tu ne peux pas écouter ton Ipod/Ipad. Ni ton MP3 ni rien dans les couloirs, etc". [...] Ils ont pensé que j'étais sévère, sans imaginer une demi-seconde que, dans la vraie vie, je suis une gentille fille qui a passé une nuit blanche à penser à ses élèves. [...]

Week-end des 10 et 11 septembre - Parlons-en... J'ai dit non à tout. En fait, je n'ai vu personne. J'ai travaillé. [...]

Mardi 13 septembre - Première petite trouille : une intrusion dans mon cours de deux élèves que je ne connais pas. [...]Ils rient. Repartent, musique à fond, en donnant un violent coup de pied dans ma porte et dans les murs. [...]

Vendredi 16 septembre - "Les élèves ont un pouvoir magique : ils savent me faire voyager entre la peur, la peine, le désarroi, et la joie, la fierté. Grâce à ce pouvoir, je rentre chez moi vidée de toute émotion. Je ne ressens plus rien. [...]
Dans la salle d'à-côté, [...] soudain, ça hurle, des élèves hurlent, le nouveau collègue hurle. J'y vais, mais j'ai carrément la trouille. La porte de sa salle s'ouvre. C'est le chaos. Une bagarre a éclaté entre deux élèves de troisième, des caïds. Je les ai reconnus. J'ai encore plus la trouille. [...] Pendant ce temps, les autres élèves s'insultent, sont incontrôlables, ils ne nous voient plus, nous, les profs. L'étage est désert. Aucun surveillant. [...]



Dernière édition par John le Sam 22 Oct 2011 - 11:01, édité 1 fois

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Chocolat
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par Chocolat Jeu 22 Sep 2011 - 18:04
Et ça, ce n'est pas du cinéma...

Excellente idée !

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Palombella Rossa
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par Palombella Rossa Jeu 22 Sep 2011 - 18:14

Belle initiative de Libé, à saluer !
John
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par John Sam 22 Oct 2011 - 11:00
http://www.liberation.fr/vous/01012366880-j-ai-atteint-mon-objectif-faire-cours

De la primaire au lycée, cette année scolaire est rude. Surtout dans certains établissements. Témoin, ce journal de bord de Marine T., 36 ans, professeure d’anglais en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, dont nous publions le deuxième épisode (relire le premier ci-dessus). Marine T. enseigne dans un collège Eclair (écoles, collèges et lycée pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Des établissements d’un nouveau genre, censés renouveler les zones d’éducation prioritaire (ZEP) et autres collèges «ambitions réussite» des quartiers difficiles. Extraits de cinq semaines de cours.
Lundi 19 septembre

Quelque chose a changé. Je ne sais pas si c’est juste mon moral, qui d’un coup se casse la figure pour se retrouver bien au fond de mon estomac, ou si je suis ultrasensible à tout, mais je sens que cette semaine va être compliquée. Bingo. 7 h 15 : arrivée dans ma salle, pas de courant… Donc pas de rétroprojecteur, pas d’ordinateur, pas de magnéto. Sept heures de cours. Il va falloir que je respire très profondément. 10 heures : mauvaise nouvelle, on perd un surveillant. Après un vendredi bien trop lourd, Sam a dit : «Ça suffit. J’arrête. J’en ai assez des insultes, des bagarres où je suis en danger.» Sam s’est retrouvé seul, au milieu d’une bagarre. Un «moulon», comme ils disent. Une petite poignée d’élèves a décidé de sauter sur un autre qui était à terre. Des collègues sont venus prêter main-forte à Sam. Mais un élève a crié : «Moulon sur les profs !» Je comprends le départ de Sam. Mais les conséquences vont très vite se faire sentir. Le temps de recruter, il manquera quelqu’un à mon étage. Il y a des heures où l’on peut se retrouver seul. Vraiment seul.

Mardi 20

Annonce du premier «conseil de disc» (conseil de discipline) pour «menaces faites à des professeurs». Rémy va vraisemblablement être exclu… Mon collègue a très peur. Rémy lui a clairement signifié qu’il allait l’attendre à la sortie.

Jeudi 22

L’air est électrique. Ça se sent. A la récréation de 10 heures, nous entendons tous un brouhaha énorme monter de la cour. Ça hurle. «Euhhh, ce n’est pas normal, nous ne sommes que le 20 septembre…» Si les «anciens» le disent, ce n’est pas de très bon augure. Deux heures de cours avec les sixièmes, première grosse évaluation. Je lis la panique dans leurs yeux et, à peine installés, les questions fusent : «Mamaaaan [moi, donc, ndlr], si on n’arrive pas, on fait comment ?» ; «Maîtresse [encore moi], c’est une heure, hein, c’est ça. Mais quand ça sonne, on pourra s’en aller ?» ; «C’est noté sur combien ?» Je sens qu’il va falloir être très patiente. Ils ont enfin fini. Comme il reste quelques minutes avant la sonnerie, on papote.

Je leur demande combien ils ont de frères et sœurs, parce que Hichem est le petit frère de deux autres que j’ai eus en classe auparavant. Il y en a encore trois plus petits qui suivent. Alors tous ont voulu me dire à combien ils vivaient chez eux. Et à combien par chambre.

Fouad, à propos de Mahamoud : «Sa maman est malade.»

Mahamoud : «Nan, elle était à l’hôpital de mai à maintenant, mais elle est sortie.»

Moi : «Ah oui, d’accord. Mais tout va bien ?»

Mahamoud : «Je sais pas trop moi. "Have a nice week-end", maîtresse.»

Week-end du 24

J’ai cinq paquets de copies à corriger pour lundi. Une de mes classes de sixième n’a guère brillé. Comme à chaque fois, je me demande ce que j’ai mal fait. Ce week-end, j’ai travaillé beaucoup, mais j’ai réussi, très étrangement, à faire le vide. Et Mahamoud, dont la maman a été (est ?) très malade, a eu 17/20.

Lundi 26

J’ai retenu tous les prénoms (à peu près 150). Il vaut mieux y arriver rapidement, car ne pas se souvenir d’un prénom peut déclencher un conflit. Ce matin, en accueillant l’une de mes classes de Segpa (section d’enseignement général et professionnel adapté), je me sentais bien. Je me suis donc un peu laissée aller à un excès de confiance. Erreur.

Dans mon établissement, rien n’est jamais gagné. Il suffit d’être «moins en forme que d’habitude», ou d’une heure où l’on décide de faire une blague, et tout peut basculer à nouveau. Ce matin, j’ai été moins ferme, et Medhi, à 8 h 10, a clairement refusé de travailler, car il n’avait pas envie. Sébastien s’est levé sans autorisation à 8 h 20 pour aller faire un doigt d’honneur à Messhi, et une nouvelle élève est arrivée, que j’ai découvert dans le rang. J’ai beaucoup crié.

Mardi 27

Je suis gréviste.

Mercredi 28

Quatorze élèves sur vingt-cinq n’ont pas leur workbook de sixième. Il s’agit du cahier d’activités que les parents doivent acheter. Entre 6 et 7 euros. Chaque année, on se retrouve confrontés au même problème. Certains parents ne peuvent juste pas l’acheter. Trop cher. D’autres oublient, malgré les cinq mots dans le carnet de correspondance et les appels que je passe. Il y a deux ans, j’en ai acheté cinq de plus. Mon problème d’aujourd’hui : j’avais prévu une activité sur le workbook.

Jeudi 29

Première réunion parents-profs des sixièmes. Les familles viennent, on discute, on réexplique que :

«Non, votre enfant ne peut pas répondre au prof. Il a 11 ans, monsieur, et de toute façon, non.

- Oui, je continuerai à mettre un mot dans le carnet si les devoirs ne sont pas faits.

- Non, je ne crois pas que nous soyons trop durs.

- Oui, vous devez encore un peu vérifier que les devoirs sont faits, car non, ils ne sont pas autonomes.»

Il y a aussi des parents qui nous touchent. Ceux qui disent «merci, merci, merci» en nous offrant des pâtisseries orientales, et qui, surtout, nous font confiance. Ceux qui disent : «Ah mais s’il t’emm…, tu le frappes fort, madame, très fort.»

L’an dernier, un père m’a montré dans le bureau d’un CPE comment il fallait frapper son petit. J’ai aidé l’enfant à se relever. Quand je suis sortie du bureau, je me suis effondrée. J’étais sa prof principale, et c’est moi qui avais insisté lourdement pour que le père vienne me rencontrer pour parler du comportement, parfois insolent, de son enfant. Alors pendant la réunion, je n’ai pas trop insisté sur le comportement de Sam. Je le gérerai d’abord seule.

20 h 30 : je suis vidée. Ce n’était pas une semaine facile. Même si j’ai ri lorsque Hichem m’a parlé de «Bibingour Palace, là où la reine habite.» Ah oui ! Je viens de recevoir un SMS d’une collègue qui dit : «Grosse bagarre à la sortie de l’établissement.» Allez, c’est le week-end.

Lundi 3 octobre

Le conseil de discipline a eu lieu. L’issue est souvent la même : exclusion définitive. Il existe des exclusions temporaires, des avertissements très solennels, mais dans mon collège, les faits reprochés sont souvent si graves que le vote s’oriente vite vers la sortie.

Les parents de Rémy sont arrivés avec leur fils. Eux, le visage fatigué par l’angoisse ; lui, les traits durs, le regard noir. Rémy a menacé physiquement et verbalement plusieurs professeurs et/ou leurs familles. Il a eu des mots d’une violence inouïe. Les enseignants parlent de sentiment «d’insécurité», de «peur». Je suis secrétaire de séance, je ne dois rien rater. Le procès-verbal doit refléter l’exacte réalité.

Je note, je note, jusqu’à l’intervention du papa, où pendant quelques minutes, je n’ai plus pu rien écrire. Il pleure en disant à son fils : «Parle-moi.» La mère ne dit rien, mais il n’est pas difficile de lire dans ses yeux une incompréhension réelle de la situation (elle parle très peu le français) et une appréhension grandissante, car elle voit son mari les yeux pleins de larmes. Rémy nous explique qu’il a «des soucis d’argent». Il est en troisième. Il doit une somme considérable à des «gens du quartier». Il n’en dort plus la nuit. Son père lui explique que les sous, ils les auraient trouvés, même s’il ne les a pas. La scène se passe dans mon collège, et pourtant, c’est comme si j’étais dans leur salon.

La sentence tombe. Rémy est exclu définitivement. Il a 16 ans. Pour lui, l’école n’est plus obligatoire. Nous lui parlons de la mission d’insertion. J’ai le sentiment qu’il n’ira pas. Le père s’inquiète que son fils reste seul toute la journée, sans pouvoir aller au collège. J’ai la tête baissée sur mes cinq feuilles de notes, une boule dans la gorge qui ne passe pas.

Mardi 4 et mercredi 5

Depuis quelques jours, il y a des bagarres sans cesse et partout. Dans la cour, lorsque je descends chercher mes élèves, les «moulons» continuent. Dans les couloirs aussi. 17 heures : on nous conseille d’attendre un peu avant de quitter l’établissement, une bagarre a éclaté. Un règlement de compte. Avec mes collègues, nous rions un peu, juste un peu, de la situation.

Je repense à ces deux journées qui viennent de s’écouler. Ylian, en sixième, qui lève le doigt : «Madaaame, j’ai mal à l’œil. Je crois qu’il y a au moins quatre bêtes qui sont rentrées dedans.»

Il y a aussi Mahamoud qui me demande si, en copiant la leçon, on doit aussi copier «la phonogramme». J’ai vite noté : «Pense à réexpliquer (pour la vingtième fois) ce qu’est la phonétique.»

Jeudi 6

J’aime cette matinée-là avec mes sixièmes. Ils commencent à ne parler qu’anglais. Ce matin, pendant quelques minutes consacrées à la répétition (oui, on répète beaucoup en sixième, et pas que des secrets dans la cour), j’ai enfin pu constater que j’étais une chef d’orchestre accomplie. Ça peut sembler étrange, mais il faut s’imaginer la situation. On est debout devant 25 élèves. Il faut faire répéter, beaucoup, un mot, un son, une phrase. Mais pour le faire bien, il faut que tout le monde soit synchrone. Ces 25, aujourd’hui, répètent tous ensemble, au bon moment, après mon «repeat», comme un orchestre symphonique qui commence à maîtriser «la phonogramme».

Lundi 10

Les Segpa ont failli m’avoir, nerveusement. Je ne sais pas comment leur expliquer, comment trouver une quatrième façon d’expliquer. Pas un point de grammaire, non. Il s’agit juste de recopier la phrase sous la bonne image, et d’écrire le numéro dans la case. Juste à côté. J’ai reproduit l’exercice au tableau.

Nous avons fait cinq exemples ensemble. Tout le monde dit «oui» quand je demande si c’est clair. Je vérifie une dernière fois que tout est clair aussi au tableau. J’ai mis des couleurs. Je les laisse travailler en autonomie pendant quelques minutes. Mais S. a inventé une autre façon de faire. Elle a découpé les images, les a recollées dans son cahier. A recopié toutes les phrases au même endroit, et a laissé les cases vides, puisqu’elle a noté des numéros les uns à côté des autres sur une ligne. J’ai perdu patience. Je m’en veux. En criant sur S., je crois que j’ai aussi hurlé sur l’absence de préparation à ces situations-là, lorsque j’étais en formation. Oui, il existe des stages où des formateurs nous montrent comment faire un cours d’anglais à des élèves de Segpa. Mais les situations personnelles, familiales, sociales et parfois même médicales, sont tellement particulières, que même si j’avais des fiches de travail miracles, cela n’y changerait pas grand-chose.

Mercredi 12

Je suis malade, je n’ai pas pu rester au collège, debout, à parler. Je vais corriger en rentrant.

Mercredi 19

Voilà, on y est. Je n’ai pas vu passer ces sept semaines. Je ne réalise pas vraiment que vendredi, je vais ranger mon bureau, récupérer mes copies, et fermer la porte de ma salle pour une vraie bonne dizaine de jours. J’aurai du travail, oui. Des corrections, des préparations de cours, mais sans les soucis des conflits, du bruit, des bousculades, de mes collègues en difficulté… Aujourd’hui, mes sixièmes sont contents (être content en sixième s’apparente plus à de la surexcitation) car on a trouvé une école là-bas «en anglish, où on va s’écrire avec des gens comme nous». Oui, nous avons des correspondants. Je dresse un premier bilan, déjà. J’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé : faire cours.

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roxanne
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par roxanne Sam 22 Oct 2011 - 11:36
Et bien , quel courage !je lis ça et je me rends compte que je ne fais pas le même mètier.Attention, je ne vis pas au pays des Bisounours, il y a des classes, des moments diffciles, mais ce n'est pas ce quotidien là..pas encore..bravo aux collègues qui continuent à y croire ..
sand
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par sand Sam 22 Oct 2011 - 11:50
Comment peuvent-ils tenir ?
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CatLea
Bon génie

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par CatLea Sam 22 Oct 2011 - 11:52
C'est la question que je me suis posée après avoir fait 6 mois de remplacement en lycée Pro en ZEP. Une vraie horreur!!!! Il était temps que ça se termine au bout de 6 mois donc, je ne sais pas comment font ceux qui restent. Comme Roxanne, je ne fais absolument pas le même boulot.
Thalia de G
Thalia de G
Médiateur

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par Thalia de G Sam 22 Oct 2011 - 11:55
Je reconnais des situations vécues lorsque j'étais en zep.
Il y a même eu un viol dans les toilettes...

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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
Adri
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Grand Maître

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par Adri Sam 22 Oct 2011 - 13:26
Ce témoignage est terriblement émouvant... ce qu'elle raconte fait peur aussi, vraiment peur pale
deroute
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Érudit

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par deroute Sam 22 Oct 2011 - 16:24
J'aurais pu écrire ce journal, en particulier le moment du conseil de discipline ou celui où le père cogne le gamin à la réunion parents-profs...

Ca m'a fait tout drôle d'entendre une collègue arrivée en début d'année me dire qu'elle ne comprenait pas pourquoi je restais dans ce collège où les cours l'épuisent 4 fois plus que dans les autres établissements qu'elle connait. J'ai réalisé qu'il était tout à fait légitime que nous soyons parfaitement épuisés après tant de choses au quotidien...


Dernière édition par deroute le Dim 23 Oct 2011 - 11:40, édité 1 fois
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Invité23
Fidèle du forum

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par Invité23 Sam 22 Oct 2011 - 16:57
Cette année, c'est la première fois depuis 7 ans que je n'arrive pas sur les rotules, vidée, exténuée aux vacances !

Spoiler:
Une vieille neotit
Une vieille neotit
Niveau 8

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par Une vieille neotit Dim 23 Oct 2011 - 11:34
Ca me rappelle d'étranges souvenirs de mon PEP IV de Seine-et-Marne...

"Amusant" que ce soit Libé qui publie ça, sous couvert apparemment du "manque de moyens cette année". Mais tant mieux!

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Think different, think SNALC... (non mais...)
snoop
snoop
Érudit

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par snoop Dim 23 Oct 2011 - 12:14
Je ne suis pas sûre qu'il faille s'en réjouir. La phase suivante sera peut-être : "l'école est morte, achevons-là !"
Jane
Jane
Monarque

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par Jane Dim 23 Oct 2011 - 12:23
affraid
Mais enfin, Not'bon sinistre dira que ce sont des foutaises... les profs sont HEU-REUX: aucun signe de burn-out en vue...
(ceci étant, les 2 caïds qui se battent en classe à coups de chaise dans la poire et le père qui balance des torgnoles à son fiston, j'ai connu ça No )
mflo
mflo
Niveau 10

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par mflo Dim 23 Oct 2011 - 12:31
Pauvres gosses, pauvres profs. No
Bientôtlesud
Bientôtlesud
Fidèle du forum

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par Bientôtlesud Dim 23 Oct 2011 - 13:57
Oui, on peut se reconnaître pas mal dans ce témoignage, pour ma part, j'achève ma 5° (et j'espère dernière) année dans ce type d'établissement...
Emeraldia
Emeraldia
Érudit

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par Emeraldia Dim 23 Oct 2011 - 14:05
J'ai longtemps remplacé et je me retrouve ds ces situations, c'est comme ça ds bcp d'établissements ds le Nord et en plus, il y a pas mal de bahuts qui st mal gérés : on se retrouve seuls, à trouver des semblants de solutions en soi...le but n'étant pas d'enseigner avec certains mais de les faire rester assis et d'éviter q ça dérape...
MelanieSLB
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par MelanieSLB Dim 23 Oct 2011 - 14:31
Je reconnais aussi beaucoup de ces situations, et pourtant, je ne suis pas en ZEP! pale

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La réforme du collège en clair : www.reformeducollege.fr .

Et pour ceux qui voudraient en comprendre quelques fondements idéologiques:
De l’école, Jean-Claude Milner, visionnaire en 1984 (ça ne s'invente pas!) de ce qui nous arrive: "On ne dira pas que les enseignants sont l'appendice inutile d'une institution dangereuse et presque criminelle; on dira seulement qu'ils doivent devenir Autres: animateurs, éducateurs, grands frères, nourrices, etc. La liste est variable. Que, par là, les enseignants cessent d’être ce qu'ils doivent être, c'est encore une fois sortir de la question. On ne dira pas que les enseignants n'ont pas à exister, mais qu'ils ont à exister Autrement. Que cette Autre existence consiste à renoncer à soi-même pour disparaître dans la nuit éducative et s'y frotter, tous corps et tous esprits confondus, avec les partenaires de l'acte éducatif - manutentionnaires, parents, élèves, etc. -, seul un méchant pourrait en prendre ombrage." (page 24)
Finrod
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Expert

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par Finrod Dim 23 Oct 2011 - 17:54
Perso j'hallucine complètement...

Je me sens en difficulté quand un élève poli et qui reste assis me répond "j'ai pas envie de travailler", et discute avec son voisin en m'ignorant...

Dans ce collège, j'aurais pas tenu deux jours. Il s'agit plus d'être solide, il faut être un roc, avec une vocation de commando, pour s'en sortir là...
Hestia
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par Hestia Dim 23 Oct 2011 - 18:35
pale
menerve
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par menerve Dim 23 Oct 2011 - 18:38
J'ai connu et tenu ...3 semaines!!! suivi d'une année passée d'arrêt maladie...10 ans ont passé puis à nouveau situation similaire....au point de me taillader les veines un dimanche soir par angoisse d'y retourner le lendemain!!
J'ai changé et de région et de fonction et je suis enfin heureuse au travail et pourtant c'est loin d'être le calme dans mes cours!
John
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par John Lun 19 Déc 2011 - 19:08
La suite ici : http://www.liberation.fr/vous/01012377952-une-odeur-de-brule-envahit-la-salle-de-cours

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par John Lun 19 Déc 2011 - 19:10
Extrait :

Jeudi 3 novembre

Après les vacances de la Toussaint, la reprise. Je me suis assurée encore plus que d’habitude d’être au point. Une liste de douze petites activités pour ne surtout pas leur laisser croire que les choses ont changé en dix jours. Avec les élèves de mon collège, c’est souvent le cas. Tout est à refaire, encore… Il ne faudrait pas qu’ils aient oublié que non, on ne bavarde pas, non, on n’insulte pas, oui, il faudrait éviter de mettre un coup à son voisin, non, on ne se fait pas tomber violemment dans les escaliers. Et non, on ne parle pas mal à son professeur d’anglais. Bilan de cette reprise : six heures de retenue données. J’étais pourtant contente de les retrouver.

Lundi 14

Ce matin, je suis très motivée ! Je me sens gonflée d’une énergie incroyable et très positive. En m’approchant de la porte de la salle des profs, du sanctuaire, de l’endroit où l’on rit, pleure, s’agace, crie même parfois, j’entends débattre des dysfonctionnements de mon établissement. Je passe mon chemin, je n’ai pas envie de commencer ma journée ainsi. Rien n’ébranlera ma motivation. En rentrant, je repense aux bruits violents que j’ai entendus dans le couloir, aux coups de pied dans ma porte. Et aux autres événements que je n’ai pas voulu voir… Je ne me sens pas très fière de moi.

Mardi 15

La journée commence mal. Marie est arrivée vingt minutes en retard. Elle ne devrait pas être là, mais retenue en permanence. Marie est dans une de mes classes de cinquième où tout est compliqué. Une classe dans laquelle, trois fois par semaine, j’essaie de cacher à quel point je suis tendue. J’ouvre la porte et lui signifie que je ne l’accepte pas, car il y a un règlement. Marie repart, mais pendant ces quelques minutes la classe s’est dispersée. Abo est debout. Soufian rit très fort, les autres bavardent. On refrappe à la porte. C’est Marie : «Ils veulent un mot en bas.» Mais un mot de quoi ? Dans le règlement sur les retards, il est clairement spécifié qu’ils sont gérés «en bas», les enseignants n’ont pas de «mots» à faire. Le cours est à nouveau interrompu, et cela me rend furieuse. Je fais un mot. Il est sec, mais clair.

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