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Médiateur

Discours de François Hollande sur l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation Empty Discours de François Hollande sur l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation

par John Lun 5 Mar 2012 - 17:37
Texte intégral : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Extrait :
Près de 50 % des étudiants sont en échec dans les premiers cycles universitaires et 90 % pour ceux issus des bacs professionnels. Le Plan licence a été lui-même épinglé par la cour des comptes quant "aux conditions hâtives dans lesquelles les crédits ont été alloués" et aux "modalités sommaires qui ont présidé au suivi de leur emploi".

Les conditions de vie des étudiants ne cessent de se dégrader : alors que près de 20% n'ont pas de complémentaire santé et que plus d’un tiers renonce à se soigner, le gouvernement décide le doublement de la taxe sur les complémentaires, y compris étudiantes. Les étudiants sont de plus en plus, contraints de travailler parallèlement à leurs études, leur précarité augmente, les inégalités entre eux s'accroissent.

J'entends le président sortant se féliciter du bilan de son gouvernement et proposer en modèle l'action conduite dans les universités et la recherche. C'est dire leur lucidité, et c'est dire leur ambition pour l'avenir. Si le modèle de la réussite c'est cela, qu’est-ce que serait l’échec ?



Je veux aujourd’hui vous dire mon projet pour l'Enseignement supérieur et la recherche.



Je fixe au pays trois priorités :



Le premier objectif concerne la réussite des étudiants et la réforme des premiers cycles.



Je décrète la mobilisation générale pour les premiers cycles universitaires.

Une des premières causes de l'échec, c'est l'absence d'orientation positive et sérieuse. Je veux la création d'un service public de l'orientation territorialisé. Ce service devra être unifié du secondaire au supérieur. Dans les universités, nous donnerons aux bureaux d'insertion professionnelle de vraies compétences et des moyens. Les régions sont prêtes à s'engager à nos côtés pour relever ce défi. Il est essentiel. Je veux que ces bureaux aient pour mission de permettre un rapprochement entre le monde de l'université et celui du travail. Ils devront avoir pour objectif d'offrir à tout étudiant une expérience dans le monde du travail à l'intérieur de son cursus de licence et de préparer à l'insertion professionnelle.

La réussite des étudiants suppose que l'on renforce l'encadrement et que l'on développe des pédagogies adaptées. J'affecterai 5000 des 60000 postes prévus pour l'éducation nationale à un plan de recrutement et de résorption de la précarité, et je demanderai que ces postes soient affectés prioritairement au premier cycle. J'ouvrirai une réflexion et une concertation sur le statut des Professeurs agrégés du supérieur.

Je veux que soit valorisé nettement, dans les carrières des enseignants-chercheurs, les tâches et l'implication pédagogiques. Des bonifications des dotations de l'Etat aux universités seront accordées à celles qui feront preuve d'initiatives innovantes et efficaces pour assurer la réussite des étudiants. Des accompagnements personnalisés, sous forme de tutorat, devront être institués, et les doctorants mobilisés à cet effet.

Par ailleurs, nous instaurerons des spécialisations plus progressives dans le parcours de licence, et nous organiserons les passerelles entre les différentes formations du supérieur. La première année sera revue en priorité car c'est à son niveau que se joue l'essentiel des décrochages. Je ferai réserver aux lycéens des enseignements professionnels et technologiques des places dans les STS et les IUT.

Dans le même temps, nous savons que les étudiants issus de milieux modestes travaillent de plus en plus pour financer leurs études, et malheureusement il existe une corrélation étroite entre ce travail, qui s'allonge en termes de durée hebdomadaire, et l'échec. La condition étudiante, problèmes de soins, de logements, de revenus, se dégrade.



C'est pourquoi cette réforme pédagogique doit s'accompagner d'un plan national pour la vie étudiante :

Un programme de 40 000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans, sera lancé auquel s’ajouteront les logements sociaux auxquels les étudiants devront avoir accès.

Je propose le renforcement et la simplification du système de caution solidaire de telle sorte qu'il soit efficace.

J'ouvrirai une concertation pour l'extension du chèque santé que certains départements ont déjà mis en place.

Je proposerai la création d'une allocation d'études supérieures et de formation sous condition de ressources, dont la montée en puissance devra conduire, par la remise à plat des aides existantes, à construire un parcours d'autonomie permettant aux étudiants issus de milieux modestes de se consacrer à leurs études dans le cadre d'un contrat de réussite qui les engagera.

De même, j'ouvrirai des pré-recrutements, en particulier pour ceux qui se destineront aux carrières de l'enseignement à travers les Ecoles supérieures du Professorat et de l'éducation que nous créeront dans le cadre des Universités.



Restaurer la confiance avec les enseignants-chercheurs et les chercheurs.



Je ne veux pas de faux-débat. Je ne veux pas de faux-procès, de fausses divisions au sein des universités. Je veux surmonter les dissensions et les oppositions créées au sein du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche par une mise en concurrence généralisée des territoires, des universités, des enseignants-chercheurs.

La loi LRU devra être réformée. Nous la remplacerons par une loi-cadre, et nous ferons précéder cette loi d'Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche pour que le dialogue, l'écoute, le respect, la considération retrouvent leur droit.

Il ne s'agit pas de revenir sur le principe d'autonomie. C'est un principe porté par la gauche depuis longtemps. Il s'agit de revenir sur la façon dont elle a été mise en œuvre. Nous savons dans quelle direction il nous faut avancer : celle d'une gouvernance plus collégiale et plus démocratique, qui permette le respect des libertés académiques, et celle de financements qui ne conduisent pas à accroître les disparités, à rogner sur les enseignements, à placer certaines universités sous tutelle.

Le principe de compensation devra être respecté : à transfert de charges, transfert de moyens. Il s'agit de donner les moyens à l'Université autonome, ancrée sur son territoire, d'élaborer sa politique scientifique et sa stratégie par la mise en cohérence des différents partenaires : écoles, organismes de recherche, acteurs socio-économiques, sur la base de contrats d'objectifs et de moyens négociés.

Il va nous falloir aussi simplifier le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche devenu illisible par l'accumulation de nouvelles structures. Les chercheurs doivent se consacrer à leurs recherches plutôt qu'à rechercher des financements.

Les organismes nationaux retrouveront un rôle de pilotage scientifique national et d'appui à la recherche conduite dans les universités.

Nous réaffirmerons la place de l'unité mixte de recherche comme élément structurant de la recherche universitaire, en rééquilibrant les soutiens de base, les crédits récurrents, et les crédits sur projets. Il faut que les équipes puissent se projeter sur le moyen et long terme.

Cela conduira à recentrer les missions de l'Agence nationale de la recherche sur les priorités nationales, les projets émergents et les projets interdisciplinaires. Les grands organismes doivent être associés, définir les priorités, effectuer la programmation et retrouver des moyens.

De même je reviendrai sur l'évaluation, et donc sur le fonctionnement de l'Agence d'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, trop complexe, trop opaque.

Il appartiendra à la concertation de proposer, à partir des Comités nationaux et du Conseil national des Universités, de redéfinir le rôle et les méthodes de cette agence.

Quant aux investissements d'avenir, ils ont aggravé les disparités et les déséquilibres. Il ne peut s'agir de remettre en cause le travail considérable accompli par les équipes, ni de renier la parole de l'Etat. Mais nous devrons corriger ces inégalités territoriales et veiller à ce que ne se constituent pas des déserts universitaires et scientifiques. Une logique de coopération devra se substituer à une logique de compétition.

La question de la recherche privée doit également nous préoccuper. Le Crédit Impôt Recherche (CIR) a triplé depuis 2007, les dépenses de recherches des entreprises ont stagné, et trop d'effets d'aubaine ont joué pour les grandes entreprises. Le rapport Carrez, député UMP, a montré que bénéficiant pour 80% désormais aux grands groupes. Le caractère incitatif du CIR a diminué. Nous réformerons le CIR en le recentrant sur les entreprises qui en font le meilleur usage. La contractualisation avec des laboratoires publics fera partie des objectifs que nous nous fixerons, pour encourager la collaboration du privé et du public, faciliter les transferts, l'innovation, la valorisation. Je veux favoriser la recherche fondamentale, la grande sacrifiée de ces dernières années : elle doit trouver enfin des ressources nouvelles importantes. De même, nous renforcerons l'incitation à embaucher des docteurs dans l'assiette du CIR.

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