Le tableau qui vous bouleverse le plus... et à quel point...

La Derelitta (L'abandonnée). Botticelli



Allégorie de Florence à un moment de son histoire, elle peut être chacun de nous à un moment de notre histoire.

Je suis toujours fascinée par toutes les oeuvres de Gustave Moreau. S'il fallait en retenir une, je ne saurais pas choisir. Celles qui me remuent le plus sont "Le soir et la douleur", "L'apparition" et "Orphée sur la tombe d'Eurydice". Ce type peignait avec ses tripes, son sang, ses angoisses, sa rage.

Mais la plus grosse claque artistique que j'ai prise, c'était face à la "Crucifixion" du retable D'Issenheim à Colmar. Je me rappelle être restée plantée devant pendant un long moment, à ne pas pouvoir ouvrir la bouche et à pleurer sans pouvoir détacher mes yeux du tableau. J'ai connu là le bouleversement dont tu parles, Mamamanette. J'avais 17 ans mais quand j'en parle là, je le vis et le ressens encore comme si c'était hier. Je revois encore nettement tout ce qui avait arrêté mon regard: l'expression des visages, ces mains et ces membres torturés et déformés de souffrance, et surtout ce noir obsédant qui émane du tableau comme s'il en jaillissait et qui agresse. J'en ai encore des frissons rien que d'en parler...

En sculpture, "Le transi" de Ligier Richier.
Et puis tiens, l'autre nuit, j'ai rêvé que j'allais déboulonner "Les bourgeois de Calais" de Rodin pour les emmener chez moi, c'est grave, docteur?

Sessi a écrit:Je suis toujours fascinée par toutes les oeuvres de Gustave Moreau. S'il fallait en retenir une, je ne saurais pas choisir. Celles qui me remuent le plus sont "Le soir et la douleur", "L'apparition" et "Orphée sur la tombe d'Eurydice". Ce type peignait avec ses tripes, son sang, ses angoisses, sa rage.

Mais la plus grosse claque artistique que j'ai prise, c'était face à la "Crucifixion" du retable D'Issenheim à Colmar. Je me rappelle être restée plantée devant pendant un long moment, à ne pas pouvoir ouvrir la bouche et à pleurer sans pouvoir détacher mes yeux du tableau. J'ai connu là le bouleversement dont tu parles, Mamamanette. J'avais 17 ans mais quand j'en parle là, je le vis et le ressens encore comme si c'était hier. Je revois encore nettement tout ce qui avait arrêté mon regard: l'expression des visages, ces mains et ces membres torturés et déformés de souffrance, et surtout ce noir obsédant qui émane du tableau comme s'il en jaillissait et qui agresse. J'en ai encore des frissons rien que d'en parler...

En sculpture, "Le transi" de Ligier Richier.
Et puis tiens, l'autre nuit, j'ai rêvé que j'allais déboulonner "Les bourgeois de Calais" de Rodin pour les emmener chez moi, c'est grave, docteur?

J'ai moi aussi été très émue par le retable de Colmar, j'y avais été initiée dès l'âge de 15 ans par mon professeur d'allemand si bien que mon émotion a été atténuée...mais je comprends l'émotion de Sessi quand on le voit pour la première fois.

mamamanette, je suis allée à la Pinacothèque hier. De belles oeuvres, mal mises en valeur. Et voilà que j'arrive en face de "La Folle". Comme toi, j'ai eu les larmes aux yeux, je tremblais de tout mon corps et j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre.
Toute la soirée qui a suivi ma visite à la Pinacothèque, j'étais ailleurs.
Ce tableau est véritablement bouleversant: Ce tremblement, cette angoisse, tout cela vient nous chercher. C'est un tableau infiniment pathétique.

Je citerai la Descente de Croix du Caravage (musées du Vatican) pour la beauté des couleurs, la sensibilité de la scène, la tristesse et l'espoir qu'elle évoque.


et le Portrait d'Erasme par Hans Holbein le Jeune, qui a longtemps été affiché (en grand format : 150 x100 cm à peu près) dans ma chambre : j'aime la précision, l'air heureux, simple, apaisé, de l'homme qui pense, travaille et écrit.

Ton émotion mamamanette m'a fait penser à ce que Barthes appelle le punctum dans La Chambre claire . Il uitlise ce concept pour parler de réactions face à la photogaphie mais il me semble applicable à ton "cas".

Merci Dorémy, je vais me documenter !
Lenidji, ton post me ravit !

Avais-tu déjà lu le fil avant d'y aller ? Qui sait, ça peut "influencer" un peu...

mamamanette a écrit:

astopia a écrit:Les oeuvres d'Oswaldo Guayasamin me bouleversent souvent, notamment La Ternura.

Je découvre grâce à toi, je viens de regarder, c'est vrai que c'est très émouvant. Merci !

Je me suis beaucoup intéressée à ce qui se passe dans le cerveau, et qui peut expliquer cet effet émotionnel (syndrome de Stendhal) parfois très fort sur certaines personnes. Il s'agit de l'augmentation d'un "transmetteur", la dopamine.

http://www.e-sante.be/musique-comme-drogue/actualite/416

Ah oui mais c'est comme l'amour, je n'aime pas les explications hormonales / scientifiques / rationnelles, ça brise un peu la magie

De plus, il ne s'agit pas ici de "plaisir" seul, mais de bouleversement émotionnel, parfois violent, dont l'explication est sans doute plus psychologique (vécu conscient ou enfoui, éducation, sensibilité...)

je n'ai pas de tableaux précis mais c'est plutôt l'accumulation qui me fait ressentir un genre de syndrome de Stendhal - où l'on voit tellement de choses que l'on arrive plus à en dormir car le cerveau ne suit plus. Je l'ai ressenti à Pragues, à Amsterdam, à Bruges ... et au MoMA à NY, où après avoir vu les demoiselles d'avignon je suis tombée sur les nymphéas ... et j'aurais pu y rester des heures.

Dorémy, j'ai fait quelques recherches ; c'est vrai qu'il y a pas mal de points communs (l'oeuvre qui vient happer l'observateur au lieu de se laisser étudier), mais aussi des différences : le punctum semble pour Barthes provenir souvent d'un détail de l'oeuvre, qui vient nous piquer, plus qu'une globalité qui nous envahirait.
De plus, il est très lié à la spécificité de l'art photographique tout de même, puisque ce punctum semble lié pour Barthes à l'idée que ce qui est présent sur le papier appartient déjà aux choses disparues pour toujours, et que face à une photo on pense à la fois que le sujet est mort (au moment où on regarde) et qu'il va disparaître (au moment où la photo a été prise). Cette double temporalité tragique est vraiment particulière à la photo figurative, je pense. D'autant que tout artifice gêne le phénomène pour lui : ajout de couleurs, de contours, etc. empêchent le punctum.
Merci en tout cas, c'est passionnant, et ça exprime très bien ce que je ressens face à certaines photos !

On retrouve aussi des descriptions de boulersements émotionnels dans les Salons de Diderot, notamment le passage où il décrit sa réaction face à un tableau de Greuze (lequel ? ) ainsi que celle d'une femme qui s'est mise à pleurer en le voyant.

A 9-10 ans j'ai été bouleversée par ce tableau :



Mes grands parents avaient une reproduction chez eux, dans leur salon, je ne savais pas encore qui était Rembrandt, mais je pouvais rester de longues minutes à l'observer dans les moindres détails. Captivée, séduite, oubliant le monde extérieur.

Mamamanette j'ai vu aujourd'hui ce tableau qui t'a tant bouleversée.
il est superbe en effet, la plus belle pièce de l'exposition.
L'oeuvre de Soutine est très dense, charnelle et cruelle. Je comprend que ça remue.

Rose, c'est exactement ça
Après, la plus belle pièce, c'est très subjectif je pense. La plus bouleversante. Mais j'adore aussi la Jeune fille au pull rouge de Kisling, c'est incroyable ce rouge qui irradie dans toute la pièce ! Et la jeune fille rousse de Modigliani, parce qu'elle me fait penser à ... moi !

Ah Kisling je n'ai pas du tout accroché! j'aime les façades blanches d'Utrillo, mais je les avais déjà vues à cette même place l'an dernier.

Malaga a écrit:

cannelle21 a écrit:J'aime ce que tu écris, car cela m'est arrivé avec de la musique. L'art nous bouleverse.

Avec de la musique, cela m'est également arrivé. Certaines oeuvres me donnent immédiatement la chair de poule et me font monter les larmes aux yeux.

Je lis ce fil et je m'aperçois que je ne suis pas vraiment sensible à ces formes d'art. Elles ne me touchent pas.
Je crois qu'il n'y a que des mots, ou une situation, même fictive, qui peuvent provoquer chez moi ce que vous décrivez.

Pour moi, ce sont les cathédrales, particulièrement celle de Chartres et certaines abbayes romanes. J'en serais à me coucher à plat ventre sur le dallage, bras en croix, pour la vie entière, jusqu'à la mort douce et bienheureuse. Ça me submerge tant que je me laisserais presque aller à croire en Dieu. Même chose avec les écrits des mystiques ou le Cantique des Cantiques.
DC véto


Alors, oui, peut-être Chagall, mais je ne l'ai jamais vu qu'en reproduction.

J'ai celle-ci, dans ma chambre, que je contemple tous les soirs:

Rose a écrit:Mamamanette j'ai vu aujourd'hui ce tableau qui t'a tant bouleversée.
il est superbe en effet, la plus belle pièce de l'exposition.

Laquelle STP?

Alors, oui, peut-être Chagall, mais je ne l'ai jamais vu qu'en reproduction.

au cas où...il est à Nice au Message Biblique musée consacré à Chagall, boulevard de Cimiez...

doublecasquette a écrit:Pour moi, ce sont les cathédrales, particulièrement celle de Chartres et certaines abbayes romanes. J'en serais à me coucher à plat ventre sur le dallage, bras en croix, pour la vie entière, jusqu'à la mort douce et bienheureuse. Ça me submerge tant que je me laisserais presque aller à croire en Dieu. Même chose avec les écrits des mystiques ou le Cantique des Cantiques.
DC véto


Alors, oui, peut-être Chagall, mais je ne l'ai jamais vu qu'en reproduction.

J'ai celle-ci, dans ma chambre, que je contemple tous les soirs:

DC veto, si vous aimez Chagall, connaissez-vous les douze vitraux de la petite synagogue de l'hôpital Hadassah, à Jérusalem ? Les couleurs sont sublimes. Nous y étions restés une heure, fascinés.

https://www.youtube.com/watch?v=To3ZeHPlTO0&feature=related

Mirobolande a écrit:

Rose a écrit:Mamamanette j'ai vu aujourd'hui ce tableau qui t'a tant bouleversée.
il est superbe en effet, la plus belle pièce de l'exposition.

Laquelle STP?

La collection Netter à la Pinacothèque (place d ela Madeleine)

Mirobolande, il faut remonter au premier post de ce fil !