Philosophie : quelles sont les oeuvres intégrales généralement choisies en terminale ?

Quelles sont les oeuvres intégrales généralement choisies en terminale ?

Je pose cette question, car ça peut donner un aperçu intéressant des oeuvres à faire découvrir en initiation à la philo pour des gens qui veulent s'y intéresser.

De mémoire, à partir des jurys de TL :

Platon, Apologie de Socrate
Epictete, Lettres
Ciceron, De l'Amitié
Descartes, Discours de la méthode
Pascal, Choix de Pensées
Rousseau, Du contrat social ; Fondements de l'inégalité
Kant, Projet de paix perpétuelle
Marx, Manifeste du Parti communiste
Alain, Propos sur le bonheur
Freud, Introduction à la psychanalyse
Sartre, l'Existentialisme est un humanisme

Y en a-t-il d'autres ?

A mon époque (bac 2007), on avait lu, en plus de quelques uns déjà cités :
_La République de Platon
_ Qu'est-ce que les Lumières de Kant
_ Discours sur les sciences et les arts de Rousseau

John, la mort de Socrate, c'est le Phédon

J'ai corrigé, merci

John a écrit:

Je pose cette question, car ça peut donner un aperçu intéressant des oeuvres à faire découvrir en initiation à la philo pour des gens qui veulent s'y intéresser.

Pas sûr que l'initiation par les textes soient la voie d'accès la plus évidente (s'il s'agit d'initiation en lycée, en seconde par exemple). Je préfère faire toucher du doigt les problèmes, montrer qu'on a besoin d'un outillage conceptuel pour les résoudre et éventuellement le chercher dans les textes.

C'est un livre, les Propos sur le bonheur ?

J'aurais ajouté les Fondements de la métaphysique des mœurs de Kant, Éthique à Nicomaque d'Aristote et De la nature de Lucrèce.

Ruthven a écrit:

John a écrit:

Je pose cette question, car ça peut donner un aperçu intéressant des oeuvres à faire découvrir en initiation à la philo pour des gens qui veulent s'y intéresser.

Pas sûr que l'initiation par les textes soient la voie d'accès la plus évidente (s'il s'agit d'initiation en lycée, en seconde par exemple). Je préfère faire toucher du doigt les problèmes, montrer qu'on a besoin d'un outillage conceptuel pour les résoudre et éventuellement le chercher dans les textes.

Intéressant, comme toujours, Ruthven. Je me souviens d'avoir eu beaucoup de mal même à 19-20 ans à lire (de) la vraie philo (Hobbes, Aristote, Feuerbach, Kant Hegel, etc.)

Peter Singer et l'éthique appliquée?
La loi et la personne (morale/physique)

John Berger, Ways of Seeing a-t-il été traduit?

John a écrit:Quelles sont les oeuvres intégrales généralement choisies en terminale ?

Je pose cette question, car ça peut donner un aperçu intéressant des oeuvres à faire découvrir en initiation à la philo pour des gens qui veulent s'y intéresser.

On n'est pas tenu d'étudier l'"intégralité" d'une (ou plusieurs) oeuvre(s). La lecture suivie d'une (ou plusieurs) partie(s) significative(s) d'une (ou plusieurs) oeuvre(s) peut suffire (et, de fait, suffit), tant à préparer l'éventuelle épreuve orale du bac qu'à initier le néophyte. Mais cela demande de la part du prof un travail de discernement, de découpage, de regroupage et, éventuellement, d'édition, parfois ardu. D'un autre côté, ça évite le "prêt-à-penser" induit par la restriction de l'offre éditoriale. Cf., à titre d'exemples, ce que j'ai "composé" avec l'Idéologie Allemande de Marx et Engels, les Pensées de Pascal, Leçons et Conversations de Wittgenstein ou l'Ethique de Spinoza.

Voilà, c'est ce que j'allais dire : des morceaux choisis.

Et en première, pour deux ou trois extraits de ce type, vous donneriez quoi, histoire d'initier les futurs terminales : la caverne de Platon ? la cire de Descartes ? la statue de Condillac ? Je ne me souviens plus du niveau de complexité de ces passages, lus il y a minimum trois ans.

doctor who a écrit:Voilà, c'est ce que j'allais dire : des morceaux choisis.

Et en première, pour deux ou trois extraits de ce type, vous donneriez quoi, histoire d'initier les futurs terminales : la caverne de Platon ? la cire de Descartes ? la statue de Condillac ? Je ne me souviens plus du niveau de complexité de ces passages, lus il y a minimum trois ans.

Tout dépend de votre intention : voulez-vous les initier à la philosophie ou bien à la lecture de textes philosophiques ? Comme l'a souligné quelqu'un supra, on peut très bien aborder philosophiquement une question mathématique, historique, économique, littéraire, etc. sans pour autant leur faire lire un texte. Parce qu'un texte isolé aura toujours le défaut de simplifier à l'extrême la position de ce problème et souvent aussi sa solution (ex. : si vous abordez, même avec un texte très simple, le problème de la morale sous l'angle de l'impératif catégorique kantien, dans le pire des cas les élèves ne vont rien comprendre au problème posé, dans le meilleur des cas, vous aurez des réactions du genre "oui, d'accord, mais, moi, je ne suis pas d'accord avec Kant", c'est-à-dire qu'ils n'auront pas compris la portée de la solution kantienne au problème posé). Je crois qu'il doit être possible de leur faire "sentir", comme dirait Pascal, le caractère philosophique d'un problème, c'est-à-dire, en somme, en quoi une question posée exige un éclaircissement conceptuel préalable qui ne tient pas en une simple définition, à propos, je ne sais pas, moi, de la notion d'infini en math., de travail en économie, de rivalité amoureuse en littérature, de rapports de force en histoire, etc., sans pour autant foncer, tête baissée, dans les textes. Maintenant, si vous tenez (et cela se justifie aussi) à leur faire lire de la philosophie, je pense que rien ne vaut la fraîcheur, la fluidité et l'authenticité d'un petit dialogue platonicien (attention : un dialogue socratique, pas le Parménide ou le Timée !). Ce qui aura, outre la clarté de la position du problème, le double avantage de montrer, d'une part, qu'il existe, en philosophie, de nombreuses apories et, d'autre part, que la recherche de la solution, sinon la solution elle-même, est toujours dialectique (relative à la forme dialoguée du discours). En tout cas, avec ce genre de texte, déjà vous n'effraierez pas les élèves. Descartes ou Kant les feront suer bien assez tôt.

Philippe Jovi a écrit:

doctor who a écrit:Voilà, c'est ce que j'allais dire : des morceaux choisis.

Et en première, pour deux ou trois extraits de ce type, vous donneriez quoi, histoire d'initier les futurs terminales : la caverne de Platon ? la cire de Descartes ? la statue de Condillac ? Je ne me souviens plus du niveau de complexité de ces passages, lus il y a minimum trois ans.

Tout dépend de votre intention : voulez-vous les initier à la philosophie ou bien à la lecture de textes philosophiques ? Comme l'a souligné quelqu'un supra, on peut très bien aborder philosophiquement une question mathématique, historique, économique, littéraire, etc. sans pour autant leur faire lire un texte. Parce qu'un texte isolé aura toujours le défaut de simplifier à l'extrême la position de ce problème et souvent aussi sa solution (ex. : si vous abordez, même avec un texte très simple, le problème de la morale sous l'angle de l'impératif catégorique kantien, dans le pire des cas les élèves ne vont rien comprendre au problème posé, dans le meilleur des cas, vous aurez des réactions du genre "oui, d'accord, mais, moi, je ne suis pas d'accord avec Kant", c'est-à-dire qu'ils n'auront pas compris la portée de la solution kantienne au problème posé). Je crois qu'il doit être possible de leur faire "sentir", comme dirait Pascal, le caractère philosophique d'un problème, c'est-à-dire, en somme, en quoi une question posée exige un éclaircissement conceptuel préalable qui ne tient pas en une simple définition, à propos, je ne sais pas, moi, de la notion d'infini en math., de travail en économie, de rivalité amoureuse en littérature, de rapports de force en histoire, etc., sans pour autant foncer, tête baissée, dans les textes. Maintenant, si vous tenez (et cela se justifie aussi) à leur faire lire de la philosophie, je pense que rien ne vaut la fraîcheur, la fluidité et l'authenticité d'un petit dialogue platonicien (attention : un dialogue socratique, pas le Parménide ou le Timée !). Ce qui aura, outre la clarté de la position du problème, le double avantage de montrer, d'une part, qu'il existe, en philosophie, de nombreuses apories et, d'autre part, que la recherche de la solution, sinon la solution elle-même, est toujours dialectique (relative à la forme dialoguée du discours). En tout cas, avec ce genre de texte, déjà vous n'effraierez pas les élèves. Descartes ou Kant les feront suer bien assez tôt.

Merci pour ta réponse. C'est la deuxième option qui m'intéresse. Une idée de dialogue socratique abordable ?

Le Ménon est assez abordable (ou au moins c'était mon premier ), je ne sais pas si ça peut toujours plaire... mais avec des extraits du République pour comprendre les gardiens, où sont élévés les enfants dans la vision de Mr. Plato?, etc.

Les petits dialogues aporétiques (Hippias Majeur sur le beau / Lachès sur le courage / Lysis sur l'amitié par exemple), l'apologie de Socrate, le Banquet (plus complexe quand même), par contre on peut facilement travailler sur un des discours sur l'amour

On l'appelle Ménon en France, Xphrog.

Merci Superso! corrigé parmi d'autres fautes...

xphrog a écrit:Merci Superso! corrigé parmi d'autres fautes...

Comment appelais-tu le Ménon ?

En anglais, les titres des dialogues portant le nom d'un personnage sont parfois un peu différents : Phèdre =Phaedrus, Cratyle = Cratylus, Ménon = Meno, Timée = Timaeus (pour les premiers auxquels je pense)

doctor who a écrit:Une idée de dialogue socratique abordable ?

Les dialogues socratiques sont tous parfaitement abordables du point de vue conceptuel et, de plus, d'une richesse méthodologique incroyable (réfutation de l'opinion, recherche de l'accord, ironie, problématisation, aporie, distinction persuasion/conviction, etc.). Après, c'est une question de pertinence dans le choix des thèmes abordés : le beau dans Hippias Majeur, le mensonge dans Hippias Mineur, le courage dans Lachès, l'amitié dans Lysis, la poésie dans Ion, la piété dans Euthyphron, le devoir dans Criton, la sagesse dans Charmide, l'éducation dans Alcibiade Majeur. On ne peut pas choisir à votre place.

supersoso a écrit:Les petits dialogues aporétiques (Hippias Majeur sur le beau / Lachès sur le courage / Lysis sur l'amitié par exemple), l'apologie de Socrate, le Banquet (plus complexe quand même), par contre on peut facilement travailler sur un des discours sur l'amour

On l'appelle Ménon en France, Xphrog.

Ménon Ménon, xphrog, le Ménon c'est sur la vertu. Sur l'amour (éros), c'est le Banquet ("sumposion" en grec) ! Pourquoi pas le Banquet justement, texte authentiquement philosophique (pas un dialogue, mais une suite de "discours"), mais aussi littéraire, théâtral, anecdotique, comique, savoureux, érotique, délirant, passionnant. Le recours au mythe (le mythe de la caverne in Rép. VII, le mythe d'Er le Pamphilien, le mythe de la naissance d'éros dans Le Banquet) est un bon moyen d'initier les élèves à la philosophie sans trop leur prendre la tête parce que ça parle à l'imagination. Le mythe de la caverne marche très bien aussi en 6ème. Il y a aussi le Gorgias avec cette grosse brute de Calliclès.

xP a écrit: Meno [...] je ne sais pas si ça peut toujours plaire

Robin a écrit:Ménon, ménon iphrog, c'est sur la vertu. Sur l'amour (eros) c'est le Banquet [...]

got it, chef!

C'est un peu sur la méthode, le Ménon, aussi non? Il y a un esclave, des maths, un beau parleur,
j'oublie pour être honnête...

http://en.wikipedia.org/wiki/Meno#Dialogue_with_Meno.27s_slave

http://en.wikipedia.org/wiki/Slavery_in_ancient_Greece#Piracy_and_banditry

Robin a écrit:

supersoso a écrit:Les petits dialogues aporétiques (Hippias Majeur sur le beau / Lachès sur le courage / Lysis sur l'amitié par exemple), l'apologie de Socrate, le Banquet (plus complexe quand même), par contre on peut facilement travailler sur un des discours sur l'amour

On l'appelle Ménon en France, Xphrog.

Ménon Ménon, xphrog, le Ménon c'est sur la vertu. Sur l'amour (éros), c'est le Banquet ("sumposion" en grec) ! Pourquoi pas le Banquet justement, texte authentiquement philosophique (pas un dialogue, mais une suite de "discours"), mais aussi littéraire, théâtral, anecdotique, comique, savoureux, érotique, délirant, passionnant.

Absolument d'accord.

Le Banquet est un amour de texte.

Robin a écrit:

supersoso a écrit:Les petits dialogues aporétiques (Hippias Majeur sur le beau / Lachès sur le courage / Lysis sur l'amitié par exemple), l'apologie de Socrate, le Banquet (plus complexe quand même), par contre on peut facilement travailler sur un des discours sur l'amour

On l'appelle Ménon en France, Xphrog.

Ménon Ménon, xphrog, le Ménon c'est sur la vertu. Sur l'amour (éros), c'est le Banquet ("sumposion" en grec) ! Pourquoi pas le Banquet justement, texte authentiquement philosophique (pas un dialogue, mais une suite de "discours"), mais aussi littéraire, théâtral, anecdotique, comique, savoureux, érotique, délirant, passionnant. Le recours au mythe (le mythe de la caverne in Rép. VII, le mythe d'Er le Pamphilien, le mythe de la naissance d'éros dans Le Banquet) est un bon moyen d'initier les élèves à la philosophie sans trop leur prendre la tête parce que ça parle à l'imagination. Le mythe de la caverne marche très bien aussi en 6ème. Il y a aussi le Gorgias avec cette grosse brute de Calliclès.

Ni Xphrog ni moi n'avons dit le contraire, il me semble ( ma remarque à Xphrog est parce qu'il avait écrit précédemment Meno et non Ménon, pas que je disais que le discours sur l'amour était le Ménon :shock: )
Par contre, je ne suis pas d'accord Robin : le Banquet, s'il y a bien des discours sur l'amour est néanmoins réellement un dialogue et pas seulement une suite de discours.

JPhMM a écrit:

Robin a écrit:

supersoso a écrit:Les petits dialogues aporétiques (Hippias Majeur sur le beau / Lachès sur le courage / Lysis sur l'amitié par exemple), l'apologie de Socrate, le Banquet (plus complexe quand même), par contre on peut facilement travailler sur un des discours sur l'amour

On l'appelle Ménon en France, Xphrog.

Ménon Ménon, xphrog, le Ménon c'est sur la vertu. Sur l'amour (éros), c'est le Banquet ("sumposion" en grec) ! Pourquoi pas le Banquet justement, texte authentiquement philosophique (pas un dialogue, mais une suite de "discours"), mais aussi littéraire, théâtral, anecdotique, comique, savoureux, érotique, délirant, passionnant.

Absolument d'accord.

Le Banquet est un amour de texte.

Le Phèdre plus encore je trouve...

supersoso a écrit:En anglais, les titres des dialogues portant le nom d'un personnage sont parfois un peu différents : Phèdre =Phaedrus, Cratyle = Cratylus, Ménon = Meno, Timée = Timaeus (pour les premiers auxquels je pense)

Juste latinisés.

supersoso a écrit:Ni Xphrog ni moi n'avons dit le contraire, il me semble

Robin me chatouille sous les nageoires...

Allez, j'avoue, j'ai une dent contre le Banquet l'ayant entendu à un mariage de trop.

xphrog a écrit:

supersoso a écrit:Ni Xphrog ni moi n'avons dit le contraire, il me semble

Robin me chatouille sous les nageoires...

Allez, j'avoue, j'ai une dent contre le Banquet l'ayant entendu à un mariage de trop.

Au temps pour moi, je ne savais pas
Bah alors, il t'a fait quoi le Banquet ?