Professeur tabassé, écoles saccagées, violences au collège... la rentrée s'accompagne de très nombreuses violences.

Je ne comprends pas où tu veux en venir, Ed. Non, vraiment pas. Serais-tu pour l'omertà ? Serais-tu pour le "taisons-nous, tout va bien ?"

Ed is Dead a écrit:

En parler, ça permet de se rendre compte que les incidents "isolés" ne le sont pas, en réalité.

Mais en parler à travers le prisme monstrueux des réseaux, qui permet en une seule recherche de trouver immédiatement 10 occurrences... encore une fois, 12 millions d’élèves, s'il y avait par exemple (pour donner dans le glauque) 40 viols par jour dans les établissements scolaires, on serait tout juste dans les "normes" de la société civile (c'est d'ailleurs un mauvais exemple, parce qu'ils ne sont pas dans la tranche d'age concernée, mais ce sont les premiers chiffres que j'avais sous la main.)

Le glauque mais c'est ça, en même temps. Parce que tu vois, ton exemple, de viol ou de violence sexuelle, c'est peut-être un chiffre mais pour moi, pour d'autres, ce sont des noms et des visages.

Et donc: s'il y avait 40 viols par jour dans les établissements et que ce soit la "norme" de la société civile, c'est moins choquant ? Ca appelle moins de réactions ? Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir. S'il y avait 40 viols par jour sur 12 millions d'élèves, ça ferait une statistique. Et une statistique, ça se combat. Ce serait toujours 40 viols de trop.

Je ne reproche a personne de réagir avec ses tripes, mais quand on commence a instrumentaliser tout ça, il faut se demander pourquoi et comment.

Il y a une différence entre recensement et instrumentalisation.

retraitée a écrit:L'idéal serait de recenser région par région, établissement par établissement, tous les cas de violences, verbales ou physique. Le plus souvent, les CDE ne signalent pas, pour "préserver la réputation" (!!!) de leur bahut. Il faudrait créer un site qui permettrait à chaque enseignant de faire lui-même ce signalement. J 'écoute ce que disent les collègues, je ne me fie pas aux seuls médias, eh bien, m'est avis que ça s'aggrave salement !

Bien d'accord. Ca, ça me plairait bien...

Mais en fait, il faudrait un changement profond de politique : je vois déjà le bout du RSST : on écrit pour faire monter les infos au rectorat, pour forcer le CDE à bouger. Or, le rectorat protège le CDE. Du coup, c'est le prof qui est mis sur la sellette et inscrit à des formations de gestion de classe. Et ensuite, quoi ? "oh vous ne savez pas gérer vos classes malgré la formation ? Mais vous êtes nul(le) !"

Qui s'y colle, pour créer ce site ? Car il ne faut pas compter sur Debarbieux !

L'observatoire de la violence scolaire a utilisé toute son énergie le jour de sa création. Depuis, nous n'avons pas de nouvelle....

Et les énergies renouvelables, alors ? On les demande juste pour le corps enseignant ?

Bonne idée que ce "cahier de doléances".

Il risque d'être vite rempli...

WW a écrit:Je ne comprends pas où tu veux en venir, Ed. Non, vraiment pas. Serais-tu pour l'omertà ? Serais-tu pour le "taisons-nous, tout va bien ?"

Non, mais inversement, je ne veux pas installer le tout va mal dans la tête de ceux qui n'en ont pas besoin pour vivre. Je vois trop de gens construire de la peur autour d'eux parce qu'ils ont lu dans les journaux que. L'histoire du tigre est révélatrice: quelqu'un a vu un tigre (enfin on n'est même plus sur), le lendemain la France entière avait peur du tigre, autorités compétentes y compris. Gendarmes, hélicoptères, conseils aux familles de ne pas laisser les enfants seuls. Quand bien même un véritable tigre aurait bouloté une pauvre dame sans défense, doit on, dans tout l'hexagone, s’équiper pour la chasse au fauve, et se méfier du moindre bosquet d’où la bête pourrait surgir?
Je suis comme tout le monde: quand je vois une instit se faire poignarder en pleine cour de récré, je flippe pour moi, ma femme, mes enfants. Mais d'une part quelle est la chance que ça m'arrive vraiment cette année (une sur un million?) et faut il que je dépense de l'énergie, restreigne ma liberté, et entretienne l'angoisse pour la réduire a une sur deux millions...
Je sais très bien qu'il y a des vies derrières, des santés brisées par un système qui ne s'occupe pas des siens, mais je ne veux pas me charger de cette négativité, parce qu'elle finit par me bouffer et par détruire mes rapports avec les autres. Or c'est de ça dont on a besoin.

Non, ce dont on a besoin c'est d'une vraie médecine de travail. C'est de ne plus avoir peur de pouvoir dire ce qui se passe. De cesser d'être stigmatisé, montré du doigt, moqué en salle des profs.

ça, je suis complètement d'accord avec toi. Je pense même que l'on devrait être formés à ce genre de situation, à la fois pour la mise en sécurité physique et matérielle, mais aussi pour "faire face" et gérer la tornade psychologique que cela implique (se sentir acteur, ça change déjà fondamentalement la donne dans ces situations). Il y a une vraie différence entre être préparé pour, et avoir peur de.

Pas loin de chez moi :
http://www.lemessager.fr/Actualite/Fil_Infos_regionales/2014/11/17/article_thonon_les_bains_un_eacute_l_egrave_ve_d.shtml#.VGo1XcmAPsU