Etudes supérieures et parents

Bonjour,

les réflexions sur un autre fil au sujet des parents qui accompagnent leurs enfants lors des inscriptions dans le supérieur me donnent une idée de sujet de discussion : comment vos parents, après le Lycée où l'on est très encadré par eux et par l'institution, ont-ils vécu vos études universitaires ? Indifférence ? Chantage au soutien financier ? Inquiétude, incompréhension ? Intérêt partagé, voir véritable enrichissement pour eux ?

On ne peut pas parler de chantage financier dans mon cas, juste une mise en perspective des efforts consentis par des parents ouvriers pour que je puisse réussir une scolarité dans le supérieur. Tu ne feras pas comme ces milliers de glandeurs en faculté qui s'inscrivent pour profiter des joies des nuits étudiantes et des campus... De par leur parcours scolaire, ils ont toujours été déconnectés de mes études, le seul mot qui retentissait un peu à leurs oreilles c'était mention. Le reste... licence, maîtrise, prépa... c'était une langue étrangère pour eux.
Après, je me garderai de tout commentaire sur l'éducation des jeunes car j'ai autour de moi toutes les configurations possibles et imaginables. Des parents poules aux parents qui responsabilisent les gamins... chacun fait comme il veut et comme il peut bien souvent.

J'ai quitté la maison à 12 ans pour aller en famille d'accueil car mon lycée était trop éloigné de la maison (lycée privé hors contrat, spécial on va dire). À 15 ans j'avais mon appart pour la prépa. Du coupn j'ai été très indépendante très tôt. Elle ne s'est jamais occupé de mes inscriptions etc...

Ma mère n'avait pas fait d'études (pas le brevet) donc elle a essayé de me donner le maximum en se sacrifiant et contre l'avis du reste de la famille (chez nous une fille ne faisait pas d'études). Elle ne comprenait pas tout, elle ne pouvait pas m'aider pour les cours mais elle a tout fait pour que j'aille le plus loin possible. Le côté positif c'est que quand je révisais, j'allais la voir et je lui expliquais mes cours en vulgarisant au max pour qu'elle comprenne et m'a toujours donné le temps qu'elle pouvait.

Quand elle a passé toutes ses VAE (jusqu'à un diplôme de l'ESSEC) elle était fière comme tout.

Et puis nous avons exercé le même métier pendant 5 ans et j'étais en position de novice. Elle a toujours expliqué, encouragé. Elle bossait même pour moi des fois dans le cadre de mon activité pro...

En écrivant ceci je me dis que j'ai une mère en or...

Tecamac... c'est la lecture de tes cours qui a développé son goût pour les études ? En tout cas, chapeau bas.

Non nous n'avons pas eu les mêmes études pusique je suivi un cursus de droit et que lors de ses VAE elle a d'abord du "valider" le bac puis une licence puis l'école de commerce. Elle a été plus axée gestion management.

Je trouve qu'elle a eu beaucoup de courage de faire ce qu'elle a fait pour moi et de poursuivre des études après. A 45-50 ans aller en cours, rédiger puis soutenir un mémoire alors qu'on s'est arrêté à 15 ans, je trouve ça énorme...

En effet, mais je suis sûre que son niveau d'études à 15 ans n'a pas été un obstacle à la qualité de ses études ultérieures;

Mes parents nous ont énormément soutenues financièrement pour nos études. Nous sommes toutes les trois passées par la prépa. J'ai été fonctionnaire stagiaire après ma réussite du concours des Chartes mais pour mes soeurs il a fallu financer l'école d'ingé + logement pour la grande, et, bien plus onéreux, l'école de commerce de ma petite soeur.
Ils nous ont fait confiance, sachant que de toute façon nous n'étions pas trop du genre à aller picoler l'argent de papa maman au lieu de bosser.

Niveau affectif en revanche c'est autre chose. Ma mère est tellement flippée qu'elle était incapable d'appeler pour faire autre chose que répéter un "travaille bien, hein, travaille bien". Quant à mon père, fidèle à lui-même, il ne parle pas, son côté ours... Il envoie des chèques, met des sous sur le compte, mais ne dit RIEN.

Une mère qui est allée jusqu'à une première année d'université (à l'époque, fille de pauvres, ce n'était pas rien!) qu'elle a hélas abandonnée pour devenir femme au foyer, un père qui a eu un CAP en boucherie : c'est ma mère qui nous a poussés à étudier, qui nous a appris la valeur du travail. Elle a beaucoup suivi mon frère, moi j'étais en roue libre. J'ai fait 2 années de prépa, entre autres parce que financièrement c'était vivable. Puis la fac, grâce à une bourse. Ma mère agit confiance, n'était pas "flippée", elle nous avait appris à travailler d'abord pour nous. Mon père ne comprenait rien aux études, et n'a jamais cherché à comprendre.
Aujourd'hui mon frère et moi sommes tous deux profs : peut-être avons-nous choisi ce métier pour sa sécurité. Vois ses parents, chaque soir, compter la recette du commerce et la voir diminuer est assez angoissant!