Recherche de romans sur le mensonge

Bonjour,

Je recherche des romans dont la thématique est le mensonge et plus particulièrement des romans avec un personnage central dont la vie serait construite à partir d'un mensonge au point de ne plus pouvoir en sortir sans risquer de tout perdre et/ou d'être déshonoré.

Bien sûr c'est la thématique exact du roman biographique de Emmanuel Carrère sur Jean-Claude Romand, L'adversaire (avec une issue tragique) mais j'aimerais savoir s'il y a d'autres exemples et notamment dans la littérature classique.

Merci à vous pour vos contributions espérées.

Dans Un taxi mauve de Michel Déon

Lucien Chardon, chez Honoré de Balzac

Je vais bien, ne t'en fais pas mais ce n'est pas exactement ce que tu cherches et ce n'est pas classique.

La thématique du mensonge (par omission) et du déshonneur provoqué par son dévoilement est très présente chez Emile Gaboriau par exemple. Après c'est peut-être pas le sommet du classique mais c'est d'la bonne came quand même.

Mémoires d'un tricheur (adapté au cinéma sous le titre Le roman d'un tricheur) de Guitry.

Dans La Cousine Bette, la haine recuite de la cousine Bette à l'égard de la famille Hulot est dissimulée jusqu'à sa mort alors même qu'elle inspire toutes ses actions. Bette dissimule sous sa nature apparemment inoffensive cette énergie destructrice et fréquente les Hulot comme si de rien n'était. La jalousie de Bette prend une double forme : d’une part, il s’agit de dégrader l’autre et de le détruire mais aussi de prendre sa revanche : « Adeline ! je te verrai dans la boue et plus bas que moi ! » (chap. XXVI). Il y a tout à la fois chez Bette une haine qui vise à dégrader mais aussi une volonté de revanche ; il ne s’agit pas seulement de ruiner la famille Hulot et de la conduire au malheur, mais bien de la placer en dessous de Bette ; cette dernière rêve d’une inversion des rôles où elle deviendrait bienfaitrice apparente (ce qui lui permettrait d’exercer une domination totale comme elle l’avait déjà fait avec Wenceslas).

Pierre et Jean de Maupassant

Ruthven a écrit:Dans La Cousine Bette, la haine recuite de la cousine Bette à l'égard de la famille Hulot est dissimulée jusqu'à sa mort alors même qu'elle inspire toutes ses actions. Bette dissimule sous sa nature apparemment inoffensive cette énergie destructrice et fréquente les Hulot comme si de rien n'était. La jalousie de Bette prend une double forme : d’une part, il s’agit de dégrader l’autre et de le détruire mais aussi de prendre sa revanche : « Adeline ! je te verrai dans la boue et plus bas que moi ! » (chap. XXVI). Il y a tout à la fois chez Bette une haine qui vise à dégrader mais aussi une volonté de revanche ; il ne s’agit pas seulement de ruiner la famille Hulot et de la conduire au malheur, mais bien de la placer en dessous de Bette ; cette dernière rêve d’une inversion des rôles où elle deviendrait bienfaitrice apparente (ce qui lui permettrait d’exercer une domination totale comme elle l’avait déjà fait avec Wenceslas).

Intéressant mais pas vraiment ce que je cherche, je cherche plutôt des personnages qui seraient pris au piège par leur(s) mensonge(s) et souhaiteraient en sortir mais seraient comme "pris au piège" parce que leur vie s'est construite sur ce mensonge malgré tout et que par conséquent ils en sont dépendant et ne peuvent en sortir à leur guise et que ça réduit finalement leurs possibilités et qu'ils se retrouvent plus ou moins (con)damnés.

Des cas où la volonté de sincérité ne suffit plus et où ils sont confrontés à une impasse et un dilemme : tout avouer au risque de tout perdre (et surtout l'honneur) ou continuer de mentir en s'enfermant toujours un peu plus dans le mensonge et son inconfort et ses compromis (je crois que c'est un peu le cas de Dorian Gray dans Le potrait de Dorian Gray de Wilde et c'est ce qui précipite son décours).

Ce qui m'intéresse c'est cette situation où le personnage est face à une décision radicale d'aveu (avec les tourments intérieurs décrits si possible). La confession et la demande de pardon ou alors le péché radical pour montrer que cesser de mentir implique parfois un sacrifice total de soi.

Mais merci tout de même ainsi qu'aux autres contributions.

Je vais bien ne t'en fais pas, je connais mais je n'aime pas du tout, je trouve le scénario faible...

Si cela peut t'aider, par rapport à ta recherche, il y aurait bien Crime et Châtiment qui pourrait correspondre. Mystères, de Knut Hamsun, qui repose plus sur l'illusion que le mensonge, ou un mensonge subtil. Deux jours à tuer pourrait aussi correspondre. Gatsby le magnifique ?
Je réfléchis si je peux en trouver d'autres.

Pourquoi, cette recherche?

Tu as La pitié dangereuse, de Zweig.

Rouletabille avec Le mystère de la chambre jaune et les romans suivants puisque l'enfance du personnage est construite sur un mensonge.

Expiation de Ian macEwan, mais ce n'est pas un classique.

Salut !
L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Stevenson ?

L'Assassin royal de Robin Hobb ?

Bruce Lowery La Cicatrice

LadKlima a écrit:Si cela peut t'aider, par rapport à ta recherche, il y aurait bien Crime et Châtiment qui pourrait correspondre. Mystères, de Knut Hamsun, qui repose plus sur l'illusion que le mensonge, ou un mensonge subtil. Deux jours à tuer pourrait aussi correspondre. Gatsby le magnifique ?
Je réfléchis si je peux en trouver d'autres.

C'est vrai que j'ai pensé à Dostoïevski (que j'adore). Cette situation de dilemme (et d'impasse) se retrouve presque dans tous ses récits avec des variations.

Ce livre de Zweig que je n'ai pas lu m'attire aussi.

Sinon au "pourquoi cette recherche?"
Sincèrement : à cause de situations personnelles où j'ai menti (pas aussi gravement que Jean-Claude Romand quand même^^) plutôt mensonges par omission mais qui rendent certaines rencontres indésirables (je crois que ça nous arrive tous à différents degrés ou du moins à beaucoup d'entre nous) et qui du coup m'a un peu enfermé dans des impasses par peur de mettre les choses au clair et de décevoir.
Du coup, par déformation littéraire, je me suis demandé à quel point un mensonge anodin pouvait devenir grave s'il en entraînait d'autres par la logique de reclusion et la dynamique honteuse qu'il peut impliquer. J'écrirais bien une nouvelle à partir de ça d'ailleurs.

Ensuite : pour préparer mon cours de philo sur la vérité pour les terminales l'an prochain et avoir des illustrations littéraires d'un mensonge qui condamne forcément à la perte (Kant nous dit qu'on risque avant même d'être découvert de perdre toute confiance en soi dans Un prétendu droit de mentir par humanité).
C'est pourquoi je cherchais des classiques en priorités. Mais j'utiliserais aussi sûrement le livre de Carrère sur Romand.

Et il y a plein d'exemples policiers : avouer ou non son crime. Mais j'aurais voulu des exemples moins extrêmes dans lesquels on voit aussi "les petites hontes" et leurs tourments intérieurs, des choses qui nous arrivent plus ou moins à tous en somme.
Dans le registre du crime, au cinéma il y a Assurance sur la mort de Wilder qui est repassé au Champo très récemment.

Pinocchio
Le menteur, de James.
de Corneille, aussi d’ailleurs.

Mother Night de Vonnegut ?
"We are what we pretend to be, so we must be careful what we pretend to be."
-- sur un nazi, un des plus grands propagandistes du régime, qui raconte son autobiographie depuis sa cellule en attendant un jugement, et qui explique qu'il était un espion allié (je résume très mal). En tout cas, la question des apparences et faux-semblants y est centrale.

Un secret de Philippe Grimbert

Tu as beaucoup de films aussi sur ce thème qui peuvent être intéressants ! Tiens nous au courant de ton choix final !

Si cela peut t'aider... il s'agit surtout du masque mais masque, mensonge, toussa...
http://www.literaturacomparata.ro/Site_Acta/Old/acta9/traore_9.2011.pdf

J'attire aussi ton attention sur l'histoire véritable, et non romanesque, de Donald Crowhurst. Il y a tout d'une tragédie là-dedans, plus encore que dans le cas Romand. Ce fait divers m'a toujours émue. C'est exactement ce piège du mensonge que tu cherches, et celui-ci s'achève par le suicide du menteur.
Tu connais peut-être son histoire via le film Les Quarantièmes rugissants.

Si le questionnement sur la vérité et le mensonge t'intéresse, je te recommande le travail du dramaturge Jonas Hansen Khemiri, particulièrement ses pièces L'apathie pour débutants ou J'appelle mes frères, ainsi que son roman Montecore, un tigre unique (à lire jusqu'au bout). Dans Montecore, il raconte l'histoire de son père, mais il joue avec les faux semblants, les représentations, les projections, les faux souvenirs, à tel point que la réalité échappe, et il y a quelque chose qui rappelle Jean-Claude Romand (ce n'est pas du tout la même histoire, hein).

Sinon, je pense à Manon Lescaut ou La Chatte (dans la mesure où le personnage est tout du long dans une forme de mensonge, ou de déni, et qu'il sait depuis le début à quel point son mariage est voué à l'échec)
Dans un autre genre, 1984, mais je ne pense pas que c'est ce que tu recherches.

Orlanda a écrit:J'attire aussi ton attention sur l'histoire véritable, et non romanesque, de Donald Crowhurst. Il y a tout d'une tragédie là-dedans, plus encore que dans le cas Romand. Ce fait divers m'a toujours émue. C'est exactement ce piège du mensonge que tu cherches, et celui-ci s'achève par le suicide du menteur.
Tu connais peut-être son histoire via le film Les Quarantièmes rugissants.

Il y a un nouveau film qui vient de sortir non ? Avec Colin firth.
J'ai découvert ce fait divers assez récemment et ça m'a aussi bouleversée.

Je pense à toute la série des Ripley de Highsmith, le mensonge initial du personnage influençant toute sa vie future.
Merci pour ce fil qui me donne pas mal d'idées de lecture !

La confession impudique, Tanizaki ?