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LemmyK
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Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par LemmyK Lun 11 Mar 2024 - 18:54
surfislife a écrit:D'aussi loin que je me souvienne, j'ai profondément détesté l'école et tout ce qui va avec. J'ai donc voulu voir "la bête " de l'intérieur. Mon seul souci a toujours été de faire en sorte d'automiser, de responsabiliser les ados et de développer leur curiosité. Tout le contraire de ce que j'ai connu !
Je continue sur cette voie en ayant toujours le plus grand mal à comprendre que l'on pense qu'il est "incompréhensible de ne pas avoir envie de travailler", que "l'école est le meilleur moment de sa vie" ou qu'il "n'est pas compliqué de rester concentré 1h sur sa chaise".
À  chaque cours, j'essaie de me mettre à la place de mes élèves et essaie de me rappeler la raison pour laquelle j'ai voulu être enseignant. Cela permet d'éviter de reporter systématiquement sur les ados mes erreurs et de ne pas oublier que, si cela se passe mal,  j'en suis le principal responsable et que je me dois de trouver les solutions. Et, c'est bien là, pour moi, l'intérêt de notre métier.
Je précise que j'ai voulu être enseignant et que la matière n'était qu'accessoire.
Pas du tout d'accord! Et c'est un discours que l'on entend souvent, malheureusement.
tAoK
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Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par tAoK Lun 11 Mar 2024 - 18:58
Ma "vocation" pour l'enseignement a émergé petit à petit.
Je donnais des cours particuliers depuis le collège, j'ai commencé mes études supérieures sans idées de ce que je voulais faire, puis, après la licence, je me suis lancé dans la quête du CRPE.
Après 3 échecs (et un contexte de suppression de postes assez massif), je me suis réorienté dans un autre domaine.

Dans ma "jeunesse", j'ai eu l'occasion de faire deux remplacements en tant que contractuel lorsque je cherchais du travail.

J'ai fondé une famille, construit ma maison, j'avais une situation stable (salarié en CDI), mais toujours cette petite voix qui m'appelait, et surtout une revanche à prendre.
L'éducation nationale semblait avoir des difficultés à recruter dans ma matière, et j'ai saisi l'occasion de partir de ma boîte dans des conditions favorables pour me lancer dans la préparation du CAPES.

J'ai donc quitté mon travail pour prendre des remplacements en tant qu'enseignant et préparer le CAPES. Ce n'était pas facile tous les jours, mais j'ai pu voir plusieurs établissement et une certaine diversité, ce qui était très enrichissant personnellement.
Puis vint le graal : la réussite du CAPES à la 2nde tentative. Le début d'une nouvelle vie, l'aboutissement d'un long chemin.

Fort de mes expériences passées, je m'en sortais plutôt bien l'année de stage par rapport à bon nombre de collègues sans expérience. Du moins c'est ce que je pensais. Après un désaccord anodin avec mon tuteur (sans rentrer dans les détails, et en caricaturant un peu : lui prônait le fait d'être le larbin des élèves, alors que je considérais qu'il fallait tout mettre en œuvre pour rendre les élèves autonomes sans tout leur prémâcher), je me suis rendu compte que, finalement, ce métier n'était pas plus celui que j'idéalisais.
Malgré un stage que je considérais comme plus que convenable, mon tuteur m'a mis des bâtons dans les roues, et l'inspecteur en a remis une couche. Sans préavis, sans alerte, je me suis pris un mur dans la g***** à l'inspection de titularisation au mois de mai.

Je ne m'en suis toujours pas remis, et ma "vocation" a complètement volé en éclats.

Après une seconde année de stage (réussie sans problème) et une seule année en tant que titulaire (qui, là encore, s'est bien passée), j'ai quitté l'enseignement, complètement dégoûté de cette institution et de ce qu'elle m'a infligé.

Alors, même si l'école d'aujourd'hui n'est pas la même que celle que j'ai connu en tant qu'élève, je me sentais prêt à braver ces difficultés. J'aurais pu me dire, en effet, que j'avais fait le plus dur, et que maintenant j'étais libéré de ce poids d'être un stagiaire en sursis. Mais je n'avais ni la force ni l'envie de continuer à enseigner dans cette institution qui m'a craché au visage.

Je n'ai jamais prétendu être un enseignant parfait (oh non, loin de là), mais je ne peux pas supporter qu'on puisse traiter les stagiaires de la sorte (parce que mon cas n'est pas isolé, d'ailleurs dans quelques semaines vont commencer à fleurir les sujets du type "au secours, je dois passer devant le jury de titularisation !").

Aujourd'hui, tout cela m'attriste. Pas pour moi, mais pour mes enfants qui sont au coeur de l'éducation nationale, et qui n'auront pas la chance de vivre une scolarité "calme" comme je l'ai vêcue. Ma femme (qui est complètement en dehors de l'éducation nationale) hallucine régulièrement quand elle compare le collège de nos enfants par rapport à ce qu'elle a vêcu personnellement il y a 30 ans.

Je n'encourage personne à fuir l'éducation nationale. Au contraire, elle a besoin de professeurs investis et compétents. Mais l'éducation nationale ne fait pas grand chose pour aider à cela, et c'est effrayant. Quand il n'y aura plus de candidats aux différents concours, on se demandera comment on a pu en arriver là (alors qu'on connaît déjà la réponse).
LemmyK
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par LemmyK Lun 11 Mar 2024 - 19:52
tAoK a écrit:Ma "vocation" pour l'enseignement a émergé petit à petit.
Je donnais des cours particuliers depuis le collège, j'ai commencé mes études supérieures sans idées de ce que je voulais faire, puis, après la licence, je me suis lancé dans la quête du CRPE.
Après 3 échecs (et un contexte de suppression de postes assez massif), je me suis réorienté dans un autre domaine.

Dans ma "jeunesse", j'ai eu l'occasion de faire deux remplacements en tant que contractuel lorsque je cherchais du travail.

J'ai fondé une famille, construit ma maison, j'avais une situation stable (salarié en CDI), mais toujours cette petite voix qui m'appelait, et surtout une revanche à prendre.
L'éducation nationale semblait avoir des difficultés à recruter dans ma matière, et j'ai saisi l'occasion de partir de ma boîte dans des conditions favorables pour me lancer dans la préparation du CAPES.

J'ai donc quitté mon travail pour prendre des remplacements en tant qu'enseignant et préparer le CAPES. Ce n'était pas facile tous les jours, mais j'ai pu voir plusieurs établissement et une certaine diversité, ce qui était très enrichissant personnellement.
Puis vint le graal : la réussite du CAPES à la 2nde tentative. Le début d'une nouvelle vie, l'aboutissement d'un long chemin.

Fort de mes expériences passées, je m'en sortais plutôt bien l'année de stage par rapport à bon nombre de collègues sans expérience. Du moins c'est ce que je pensais. Après un désaccord anodin avec mon tuteur (sans rentrer dans les détails, et en caricaturant un peu : lui prônait le fait d'être le larbin des élèves, alors que je considérais qu'il fallait tout mettre en œuvre pour rendre les élèves autonomes sans tout leur prémâcher), je me suis rendu compte que, finalement, ce métier n'était pas plus celui que j'idéalisais.
Malgré un stage que je considérais comme plus que convenable, mon tuteur m'a mis des bâtons dans les roues, et l'inspecteur en a remis une couche. Sans préavis, sans alerte, je me suis pris un mur dans la g***** à l'inspection de titularisation au mois de mai.

Je ne m'en suis toujours pas remis, et ma "vocation" a complètement volé en éclats.

Après une seconde année de stage (réussie sans problème) et une seule année en tant que titulaire (qui, là encore, s'est bien passée), j'ai quitté l'enseignement, complètement dégoûté de cette institution et de ce qu'elle m'a infligé.

Alors, même si l'école d'aujourd'hui n'est pas la même que celle que j'ai connu en tant qu'élève, je me sentais prêt à braver ces difficultés. J'aurais pu me dire, en effet, que j'avais fait le plus dur, et que maintenant j'étais libéré de ce poids d'être un stagiaire en sursis. Mais je n'avais ni la force ni l'envie de continuer à enseigner dans cette institution qui m'a craché au visage.

Je n'ai jamais prétendu être un enseignant parfait (oh non, loin de là), mais je ne peux pas supporter qu'on puisse traiter les stagiaires de la sorte (parce que mon cas n'est pas isolé, d'ailleurs dans quelques semaines vont commencer à fleurir les sujets du type "au secours, je dois passer devant le jury de titularisation !").

Aujourd'hui, tout cela m'attriste. Pas pour moi, mais pour mes enfants qui sont au coeur de l'éducation nationale, et qui n'auront pas la chance de vivre une scolarité "calme" comme je l'ai vêcue. Ma femme (qui est complètement en dehors de l'éducation nationale) hallucine régulièrement quand elle compare le collège de nos enfants par rapport à ce qu'elle a vêcu personnellement il y a 30 ans.

Je n'encourage personne à fuir l'éducation nationale. Au contraire, elle a besoin de professeurs investis et compétents. Mais l'éducation nationale ne fait pas grand chose pour aider à cela, et c'est effrayant. Quand il n'y aura plus de candidats aux différents concours, on se demandera comment on a pu en arriver là (alors qu'on connaît déjà la réponse).
Ce que tu dis est très triste, mais parfaitement compréhensible.
MoyenCroco
MoyenCroco
Niveau 10

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par MoyenCroco Lun 11 Mar 2024 - 21:23
Bonjour,
Comme beaucoup ici je me voyais instituteur des l'école primaire. Quelques facilités en mathématiques et beaucoup de plaisir en histoire-géographie m'ont fait penser cela.
Arrivé au collège, la découverte de la possibilité de n'enseigner qu'une seule discipline était une ouverture magnifique : je serai professeur de mathématiques.
C'était sans compter sur mon professeur de sciences physiques en 5eme qui nous a fait vraiment découvrir les sciences a travers de multiples expériences (dont j'ai encore certains souvenirs parfaits). La physique chimie? Des mathématiques avec des expériences. Voilà comment je définissais ma discipline.

C'était sans compter sur mon professeur de sciences physiques de 2nde qui m'a littéralement dégouté de la physique chimie, et a entraîné mon déclin scolaire. Passage au raz, limite en 1ere S. L'école n'était plus faite pour moi et je passais les tests pour devenir militaire de carrière. La condition : avoir le bac et entrer en tant que sous officier.
J'ai raté mon bac, été expulsé de mon lycée (10 échecs sur 19 élèves (dont 3 doublants)) et ai atterri dans un autre lycée, avec de très très bons enseignants dans les matières scientifiques. Saupoudrez tout ça d'une bonne dynamique de classe et on obtient 100% de réussite au bac (j'exclus le mineur qui s'est fait arrêté au volant d'une voiture en allant à l'épreuve de philo...)

Ma passion pour les sciences revenue, j'intègre une fac simple et entre mes longues nuits (et jours, week end, vacances, ...) passées sur WoW, il m'arrive d'aller en cours. Je décroche une licence P-C et intègre la prépa capes.
Raté la 1ère fois, eu au bout de la seconde.
Lors de la première rencontre parents-professeurs, des parents viennent me remercier d'avoir donné le goût des sciences à leur fille.

Ma mission était accomplie.

Beaucoup de professeurs m'ont dit que je n'arriverai jamais à rien. Que ce soit le bac, la licence, le capes, voire l'agrégation.
Mon état d'esprit m'a permis de le surpasser pour leur prouver qu'ils avaient torts (car moi je le savais) et celà m'a également montré le genre de professeur que j'espère ne jamais être.

M.C.
maikreeeesse
maikreeeesse
Grand sage

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par maikreeeesse Mar 12 Mar 2024 - 9:42
J'ai adoré l'école, le collège, le lycée, la fac (je me souviens encore de la première fois où je me suis assise sur les vieux bancs d'un amphi à l'ancienne de 1850, je jubilais en pensant à tous ces postérieurs illustres qui étaient passés par là Rolling Eyes ) mais n'ai voulu devenir enseignante que tardivement. Profil de la bonne élève scolaire, la petite blonde du premier rang. J'ai toujours été fascinée  par les élèves brillants, qui m'ont par chance tirée vers le haut (amies ou petits copains). Ils étaient toujours les majors des promos sans que ce soit calculé. J'étais passionnée par France culture dès 14 ans, le nom de la Sorbonne me faisait rêver,  les musées poussiéreux, les cabinets de curiosité, la lecture des encyclopédies, la Mésopotamie, le sanskrit. Parallèlement j'adorais les gens sans prétentieux de ma contrée natale, loin de tout, à l'accent et à la gentillesse si souvent moqués (la Franche Comté). J'ai voulu être prêtre érudit à l'école, astronome au collège (je me voyais en sorte de vieux savant barbu) puis tailleur de pierre sur les chemins de France, ingénieur ONF, jardinière au Potager du roi, enfin restauratrice de tableau. On m'a vaguement dit "il faut faire de la chimie " et je suis partie à la fac à 2 h de chez moi, pour finir en biochimie des plantes. En quiEn revanche j'ai su très tôt que j'aimais la polyvalence: je peins, je joue de plusieurs instruments, je lis, j'aime les plantes, j'aime apprendre mais ne parviens pas à approfondir et ne suis pas très brillante. Le choix de CRPE a été un choix de raison, pas de cœur: polyvalence qui me laisserait du temps (ha ha) pour mes passions et la grande famille que je souhaitais fonder, élèves jeunes et une conviction très forte (pardon pour la grandiloquence, c'est celle de mes 20 ans  Very Happy : l'intelligence n'appartient pas à un  territoire, à une catégorie sociale, ni à un genre.) Donc l'impression que je pouvais mener un combat là. Enfin parce que je souhaitais voyager et que le métier le permettait. Dernier truc, j'ai vu mes parents licenciés tous les 2 quand j'avais 15 ans alors que nous vivions plus que confortablement et faisions partie de la bourgeoisie de petite petite province. Je tenais absolument à être fonctionnaire pour la sécurité de l'emploi. Très loin d'une vocation. Very Happy Mais une fois choisi, j'ai mis tout mon cœur dans le métier, je ne regrette pas (encore).
Elaïna
Elaïna
Enchanteur

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par Elaïna Mar 12 Mar 2024 - 10:25
Mes deux parents sont enseignants, j'ai une tante PE, deux autres tantes professeurs. Bref pour moi ce métier ne tombe pas de n'importe où.
Ado, je voulais être prof de musique, puis d'anglais. Au lycée, j'ai découvert une autre vocation, celle de la conservation du patrimoine. Je suis donc partie en prépa chartes, et, une fois à l'école des chartes j'ai commencé à faire des stages dans diverses institutions. Musées, bibliothèques patrimoniales, centres d'archives, en France et à l'étranger. Le principe était hyperchouette, j'ai passé de très beaux moments en stage... mais j'ai compris que ce n'était pas tellement pour moi. Pendant mes années d'ENC, il y avait notamment un cours où des chartistes en poste (ou fraîchement retraités) venaient parler de leur métier, et là j'ai acquis la conviction que le métier de conservateur, qui est maintenant avant tout un boulot de chef de service et d'administrateur, me rendrait malheureuse comme tout. Donc à la sortie de l'école j'ai passé l'agrégation (je ne suis pas la seule, chaque année une petite phalange de chartistes la passe), j'ai fait une thèse, enseigné 5 ans dans le supérieur (comme monitrice puis ATER), et ensuite j'ai demandé mon affectation en lycée. J'y suis très heureuse même si je peste parfois sur telle ou telle classe.
Après, bien sûr, j'ai tout de suite eu un poste fixe, le premier dans un lycée lambda, le second, où je suis actuellement, dans une banlieue très chic des Yvelines - mais en HG dans l'académie de Versailles, si on ne demande pas la petite couronne, comment dire... y'a de la place ! Peut-être que si j'étais TZR sur trois établissements pourris, ça ne serait pas la même chanson.

Le bilan de tout ça c'est que je ne regrette pas une minute mon choix, franchement je n'envie pas du tout les postes de mes confrères chartistes (mais comme eux sont contents de leurs postes, eh ben, ça va, tout le monde est content, le monde est formidable). Je n'ai pas du tout la "vocation", je ne suis pas du tout la super prof qui fait 12 000 projets et que les élèves adorent, de toute façon ce n'est qu'un métier. Je fais mon travail le plus honorablement possible, ce n'est déjà pas si mal.

_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.

Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered

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Lefteris
Lefteris
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par Lefteris Mar 12 Mar 2024 - 11:57
LemmyK a écrit:
surfislife a écrit:D'aussi loin que je me souvienne, j'ai profondément détesté l'école et tout ce qui va avec. J'ai donc voulu voir "la bête " de l'intérieur. Mon seul souci a toujours été de faire en sorte d'automiser, de responsabiliser les ados et de développer leur curiosité. Tout le contraire de ce que j'ai connu !
Je continue sur cette voie en ayant toujours le plus grand mal à comprendre que l'on pense qu'il est "incompréhensible de ne pas avoir envie de travailler", que "l'école est le meilleur moment de sa vie" ou qu'il "n'est pas compliqué de rester concentré 1h sur sa chaise".
À  chaque cours, j'essaie de me mettre à la place de mes élèves et essaie de me rappeler la raison pour laquelle j'ai voulu être enseignant. Cela permet d'éviter de reporter systématiquement sur les ados mes erreurs et de ne pas oublier que, si cela se passe mal,  j'en suis le principal responsable et que je me dois de trouver les solutions. Et, c'est bien là, pour moi, l'intérêt de notre métier.
Je précise que j'ai voulu être enseignant et que la matière n'était qu'accessoire.
Pas du tout d'accord! Et c'est un discours que l'on entend souvent, malheureusement.
Moi aussi , j'ai cru avoir la berlue en lisant cela par hasard , venant d'un enseignant et non d'un inspecteur ou pédago ! Du reste, enseignant était pour moi une voie de repli (très) tardive suite à une avalanche de problèmes dans mon administration,  mon centre d'intérêt premier étant ma discipline, qui me permettait au pied levé une reconversion et encore plus un poste sur place par le système de points. Ce qui ne m'a pas empêché de faire mon métier sérieusement,   tout en ayant pour l'institution une forte aversion, croissant  au fil des années, avec un point de non retour depuis NVB. Ce que raconte  @tAoK est exemplaire. Je ne l'ai pas vécu (je me suis contenté des  tracasseries administratives interminables du reclassement, du bras de fer juridique...) , mais je ne l'ai vu que trop souvent autour de moi, par les relations personnelles, le syndicat, où je suis parfois intervenu. Ca me révulse et je suis persuadé que ce management brutal va devenir la norme, corrélé à un dégradation sans fin des conditions d'enseignement, du comportement des élèves,de coups de ciseaux dans le statut et les contenus disciplinaires. Libre à  chacun d'avoir la "vocation", mais dans ma parentèle, où il y a ou a eu des enseignants, elle n'existe plus, tous ont des mots très durs,  et ce n'est pas demain que quelqu'un dans les plus jeunes va suivre cette voie.

_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)

Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.

Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
Marcelle Duchamp
Marcelle Duchamp
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par Marcelle Duchamp Mar 12 Mar 2024 - 12:14
De mon côté, l'enseignement m'est apparu assez vite comme étant une évidence.
J'ai fait mes études en conséquence même si j'ai eu peur au lycée de ne jamais y arriver car mal orientée, je me suis perdue en S alors que j'étais d'une nullité abyssale. Une fois entrée en fac, ce fut la libération car je me sui sentie à me place. A la différence de mes copains qui restaient à la fac car c'était confortable, j'ai compris immédiatement que je ne pouvais compter que sur moi même et que je devais bosser régulièrement pour ne pas être paumée au moment des partiels.
J'ai eu le CAPES du 1er coup, tout ne faisant mon M1.
Mes parents craignaient beaucoup que ce métier ne me convienne pas car j'étais assez timide et réservée, ils avaient peur que je me fasse bouffer. Pourtant, le 1 er jour de mon stage, c'était une évidence, j'étais à ma place! J'ai d'ailleurs eu une prise de conscience face à ces petits 6èmes, j'ai réalisé qu'ils buvaient mes paroles, que je ne devais pas me planter car c'était moi qui avais le savoir et qu'ils comptaient la dessus.
J'ai enseigné 10 ans avant de tomber malade.
Je me rappelle très bien que quand j'étais en soins intensifs, j'ai trouvé très ironique que je sois devenue une prof incapable de parler, lire et écrire. J'étais angoissée mais je croyais en mes facultés donc j'ai décidé de faire mon petit bonhomme de chemin et advienne que pourra.
Au bout de 3 ans de CLM, j'ai réalisé que revenir devant élèves était impossible et j'avoue que mon rêve de gosse avorté m'a pas mal déprimée. Donc j'ai cherché d'autres solutions et suis entrée au CNED.
Le plus dur c'est le jour de la rentrée de septembre, je vois tous mes copains et collègues ainsi que ma jumelle partir en classe... et moi, je suis à nouveau seule chez moi. Ce spleen dure 10 jours (ma mère a enfin compris cette année combien cela me pesait moralement en me voyant éclater en sanglots) et après, ça se tasse.
Aujourd'hui, j'essaye de maintenir cette vocation en maintenant un niveau d'exigence dans mon travail au CNED, en suivant ce forum, en continuant à m'intéresser aux actualités de l'éducation etc.
Je donne occasionnellement des cours à l'université, ce qui me permet de me stimuler et me redonner un peu confiance en moi.
Et même si cela fait 5 ans que je suis aphasique, j'ai tjs espoir de revenir devant élèves un jour...

_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots! Very Happy
Clecle78
Clecle78
Esprit sacré

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par Clecle78 Mar 12 Mar 2024 - 12:24
Elaïna a écrit:Mes deux parents sont enseignants, j'ai une tante PE, deux autres tantes professeurs. Bref pour moi ce métier ne tombe pas de n'importe où.
Ado, je voulais être prof de musique, puis d'anglais. Au lycée, j'ai découvert une autre vocation, celle de la conservation du patrimoine. Je suis donc partie en prépa chartes, et, une fois à l'école des chartes j'ai commencé à faire des stages dans diverses institutions. Musées, bibliothèques patrimoniales, centres d'archives, en France et à l'étranger. Le principe était hyperchouette, j'ai passé de très beaux moments en stage... mais j'ai compris que ce n'était pas tellement pour moi. Pendant mes années d'ENC, il y avait notamment un cours où des chartistes en poste (ou fraîchement retraités) venaient parler de leur métier, et là j'ai acquis la conviction que le métier de conservateur, qui est maintenant avant tout un boulot de chef de service et d'administrateur, me rendrait malheureuse comme tout. Donc à la sortie de l'école j'ai passé l'agrégation (je ne suis pas la seule, chaque année une petite phalange de chartistes la passe), j'ai fait une thèse, enseigné 5 ans dans le supérieur (comme monitrice puis ATER), et ensuite j'ai demandé mon affectation en lycée. J'y suis très heureuse même si je peste parfois sur telle ou telle classe.
Après, bien sûr, j'ai tout de suite eu un poste fixe, le premier dans un lycée lambda, le second, où je suis actuellement, dans une banlieue très chic des Yvelines - mais en HG dans l'académie de Versailles, si on ne demande pas la petite couronne, comment dire... y'a de la place ! Peut-être que si j'étais TZR sur trois établissements pourris, ça ne serait pas la même chanson.

Le bilan de tout ça c'est que je ne regrette pas une minute mon choix, franchement je n'envie pas du tout les postes de mes confrères chartistes (mais comme eux sont contents de leurs postes, eh ben, ça va, tout le monde est content, le monde est formidable). Je n'ai pas du tout la "vocation", je ne suis pas du tout la super prof qui fait 12 000 projets et que les élèves adorent, de toute façon ce n'est qu'un métier. Je fais mon travail le plus honorablement possible, ce n'est déjà pas si mal.
J'ai vécu la même expérience 20 ans avant toi. Mais j'ai décroché très tôt, en hypochartes,  après la visite des archives effectuée sous la houlette de Jean Favier himself. Le côté sombre et froid des archives et toutes ces vieilles demoiselles à lunettes (en tout cas c'est comme ça que je les voyais à l'époque) ça m'a complètement refroidie d'autant que j'ai vite compris que c'était souvent des postes très administratifs. Comme toi je n'ai pas eu de véritable vocation d'enseignante, notamment pour avoir vu des enseignants harcelés et l'avoir été moi même, mais il fallait manger et je voulais me marier. Avoir le capes, après hypochartes et une réorientation en lettres sup, n'a été qu'une formalité. Les débuts ont été difficiles mais finalement j'ai aimé ce métier que je viens de quitter avec une pointe de regret (une pointe seulement au vu des évolutions). J'avais eu le malheur pendant mon stage de dire à ma tutrice que je n'avais pas de vocation et elle m'en a tenu rigueur tout l'année... C'est un métier où il ne fait pas bon dire ce qu'on ressent ou vit vraiment, d'après mon expérience, au vu des jugements vite portés.
Elaïna
Elaïna
Enchanteur

Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par Elaïna Mar 12 Mar 2024 - 13:31
Oui il faut bien manger et très honnêtement quand on a fait des études d'histoire, être prof d'HG ça va y'a pire. Par contre on m'a demandé plusieurs fois pourquoi je n'allais pas dans le privé pour être "plus tranquille", la réponse fuse très vite : on est mieux payé dans le public !

J'ai enseigné à un moment à des étudiants qui présentaient l'Institut du Patrimoine, souvent parce qu'après des études de SHS (histoire, géo, archéo, ethnologie, anthropologie), ils ne voulaient pas être profs - ce qui se peut concevoir, là n'est pas le problème. Honnêtement pour ceux qui n'ont pas eu le concours, la vie pro a été plus dure que la mienne.

Aujourd'hui dans le cadre des parrainages entre anciens élèves de l'ENC et nouveaux, j'ai eu affaire à plusieurs jeunes chartistes qui envisagent l'enseignement. Ils ne sont pas idiots, ils savent très bien que l'agrégation ça veut dire enseignement dans le secondaire, avec possibilité extrêmement faible d'avoir un poste en fac (quand j'étais à leur place, le discours était encore "ça sera un peu compliqué mais bon vous finirez par en avoir un..." ah ah). Beaucoup par ailleurs sont enfants de professeurs, ils savent très bien ce qui les attend. Je pense que leur lucidité (en plus de leur savoir) est une force. Et j'avoue être un peu agacée par les discours "fuyez pauvres fous ça va être horrible atroce affreux épouvantable". On ne sait pas, il n'y a pas de raison qu'ils se débrouillent mieux ou moins bien que nous. Il faut leur exposer les avantages, les inconvénients, et les laisser faire leurs choix.

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Pourquoi 3,14159
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Érudit

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par Pourquoi 3,14159 Mar 12 Mar 2024 - 16:43
Aucune vocation pour ma part. Un emploi "comme un autre" pour vivre.

Je suis tombé dedans par hasard le jour des résultats de mon BTS. Faisant partie des moins mauvais de ma promotion, mon professeur de spécialité m'a simplement demandé si je voulais du travail... qui aurait dit non !? C'est comme cela que je me suis retrouvé quinze minutes plus tard en train de remplir une demande pour être MA (maître auxiliaire) au rectorat.

Deux mois plus tard j'étais devant mes successeurs et mes anciens copains redoublants. C'était étrangement gênant. Puis bêtement j'ai passé le concours. Le plus terrible c'est que je l'ai réussi ! L'année d'après il m'aurait fallu un bac plus trois que je n'avais pas, pas de bol ! Et puis l'habitude se faisant je suis resté.

Cela fait quarante-et-un ans que je suis dans le même établissement. Trente-six ans que j'enseigne, tant bien que mal ces dernières années. Il me reste sept ans cinq mois dix-sept jours quatre-vingt-cinq minutes et douze secondes 11 10 9 8 7 6 5 4 ...

J'ai donc une carrière longue malgré cinq jours de congé de maladie pour une grippe en 2005. Si les règles n'avaient pas changé en cours de route je serais en fin de carrière dans deux ans et demi. Mais, si les règles ne changent pas entre temps, je vais devoir tenir jusqu'à soixante-deux ans à temps complet suivi d'une année à mi-temps (et mi pension) pour enfin partir en vacances hors vacances scolaires.

Bref d'un travail supportable au début, devenu un travail alimentaire au fur et à mesure.

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"Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité. " (Albert Einstein).
Clecle78
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Esprit sacré

Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par Clecle78 Mar 12 Mar 2024 - 16:49
Elaïna a écrit:Oui il faut bien manger et très honnêtement quand on a fait des études d'histoire, être prof d'HG ça va y'a pire. Par contre on m'a demandé plusieurs fois pourquoi je n'allais pas dans le privé pour être "plus tranquille", la réponse fuse très vite : on est mieux payé dans le public !

J'ai enseigné à un moment à des étudiants qui présentaient l'Institut du Patrimoine, souvent parce qu'après des études de SHS (histoire, géo, archéo, ethnologie, anthropologie), ils ne voulaient pas être profs - ce qui se peut concevoir, là n'est pas le problème. Honnêtement pour ceux qui n'ont pas eu le concours, la vie pro a été plus dure que la mienne.

Aujourd'hui dans le cadre des parrainages entre anciens élèves de l'ENC et nouveaux, j'ai eu affaire à plusieurs jeunes chartistes qui envisagent l'enseignement. Ils ne sont pas idiots, ils savent très bien que l'agrégation ça veut dire enseignement dans le secondaire, avec possibilité extrêmement faible d'avoir un poste en fac (quand j'étais à leur place, le discours était encore "ça sera un peu compliqué mais bon vous finirez par en avoir un..." ah ah).  Beaucoup par ailleurs sont enfants de professeurs, ils savent très bien ce qui les attend. Je pense que leur lucidité (en plus de leur savoir) est une force. Et j'avoue être un peu agacée par les discours "fuyez pauvres fous ça va être horrible atroce affreux épouvantable". On ne sait pas, il n'y a pas de raison qu'ils se débrouillent mieux ou moins bien que nous. Il faut leur exposer les avantages, les inconvénients, et les laisser faire leurs choix.
Tout à fait, d'autant que mon fils, qui ne peut ignorer les aspects négatifs du métier et après une expérience douloureuse dans le privé et des semaines à plus de 60 heures, s'éclate dans l'enseignement
 A chacun de faire son nid et son expérience.
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Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par kioupsPBT Mer 13 Mar 2024 - 11:23
De mon côté, il n'y avais pas de profs dans ma famille. Mes oncles et tantes ont rarement dépassé le certificat d'études. Peu de mes cousins ont un bac général. Ma mère aurait voulu être instit mais elle a dû s'occuper de ses jeunes frères et sœurs.
Moi, j'aimais l'école, j'étais plutôt doué, j'ai eu des profs de maths passionnants au collège, j'ai voulu être prof de maths dès la 5ème. Je suis parti à la fac bien que mes profs me conseillaient la prépa. J'ai pris mon temps à la fac (il fallait que je fasse ma crise d'adolescence) mais j'ai fini par avoir mon CAPES.
Je ne suis pas hyper branché pédagogie, j'ai eu quelques mailles à partir avec des IPR, mais j'aime enseigner. Et j'aime les maths. Je suis bien dans ce que je fais.
Oui, pour moi, je pense qu'on peut appeler ça une vocation.

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Ascagne
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Devenir prof, une vocation depuis tout petit ? - Page 2 Empty Re: Devenir prof, une vocation depuis tout petit ?

par Ascagne Mer 13 Mar 2024 - 11:43
@___Victor___ : C'est sans doute un bon signe d'avoir déjà les réflexes que tu décris, même si je m'interroge moi aussi à propos de la difficulté concernant la confrontation au réel, qui est loin d'être idéal, pour celles et ceux qui ont clairement une grande vocation pédagogique.
Ce n'est pas mon cas : je ne suis en poste dans le secondaire que par ricochet de ma vocation universitaire (il fallait être agrégé). Je souffre de cette situation, je deviens chaque jour de plus en plus allergique à ce métier face aux lycéens et je déprime parce que je vais devoir enseigner un peu à des collégiens à la rentrée prochaine alors que je déteste cette perspective. Comme mes perspectives universitaires relèvent de plus en plus de l'onirisme, j'espère bifurquer pour faire quelque chose qui ne me renverrait pas perpétuellement à ce que je n'aime pas faire et à mes faiblesses.
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