Scénario catastrophe : Que feriez-vous si l'on vous virait de l'EN ?

Dinaaa a écrit: Or les parquer à 30 dans une classe dont le tiers ne sait pas lire, le quart est déclaré dyslexique et où les autres peinent à aligner 5 phrases écrites...

Bah, certains ici n'apprécient que modérément leur emploi de prof, ils n'apprécient que modérément leur emploi d'élèves.

lalilala a écrit:ben tu sais clarinette, j'étais nettement plus zen derrière ma caisse à Cultura, à répondre au téléphone, encaisser, faire les paquets cadeau, gonfler les ballons, à me faire draguer par les petits vieux ^^....au moins quand je rentrais chez moi je faisais ce que je voulais! Le seul inconvénient, c'est le salaire bien sûr...

Ah d'accord, toi, tu as fait le trajet inverse ! Et d'après ce que tu écris... tu serais prête à opérer un nouveau virage ? Dur dur, quand même !
Je me dis toujours que nous, au primaire, on a de la chance, parce que, ce qui nous plaît, c'est enseigner, en général. Alors que dans le secondaire, on a d'abord envie d'enseigner une discipline spécifique. Si ça foire et qu'on passe plus de temps à faire la police qu'à dispenser ce savoir qui nous est cher, ça doit être très frustrant...

Première chose : j'écris un livre sur mon expérience dans l'EN.

Kruella a écrit:Se faire virer, ça m'est arrivé. C'est très dur, et le seul avantage, c'est que l'on a droit à des indemnités de chômage. Si on veut quitter l'EN, mieux vaut ne pas attendre un licenciement, parce qu'avant le licenciement, la machine à broyer aura fait son oeuvre.
Bref, si ça m'arrivait de nouveau, je me reconvertirais totalement. Peut-être en tapissier-décorateur... Enfin, si j'avais le sang-froid suffisant. Parce que quand ça m'est arrivé, avant même de penser à une éventuelle reconversion, j'avais juste envie de claquer le beignet à mon inspectrice, ou plus si affinités (une petite chose qui peut vous conduire en prison, si c'est mené à son terme), ou de me fiche en l'air. L'effet "machine à broyer" sur des mois...
Voir le licenciement comme une chance, ça me dépasse un peu. Attendre d'en arriver là, c'est suicidaire, sachant qu'il existe la démission, la dispo...

Pareil. C'est pour ça que j'ai préféré démissionner.
Psychologiquement, je n'aurais pas supporté d'être licenciée. Déjà que je vis mal cet échec...

Mais franchement, j'aurais dû d'emblée m'orienter vers autre chose.

Plus sérieusement, je suis vraiment à bout, j'en ai variment assez;cette administration m'écoeure. Je suis dans un état tel que j'envisage de demander un CLD pour terminer ma carrière. Tant pis pour un éventuel accès à la hors classe ; je préfère avoir une retraite plus faible mais m'en sortir vivant.

Vivre malgré tout, se reconstruire, penser un parcours hors EN...

Je serais malheureuse de ne plus aller en classe, vraiment.
Mais à mon âge, à part du secrétariat et des confitures, qu'est-ce que je pourrais bien faire ?

thonmais a écrit:Leur dernière chance?
J'ai jamais entendu qu'un prof ait été viré parce qu'il n'arrivait pas à gérer ses classes.

C'est arrivé à une de mes amies. Elle a eu de très nombreuses inspections, a redoublé son stage, a eu des tuteurs bien après avoir été titularisée, a fait des stages, a dû aller voir le psy du rectorat, a été retirée des classes pour être collée au CDI, pour finalement être virée il y a deux/trois ans je pense.
Depuis le début, cela avait toujours été une catastrophe, j'aimais beaucoup cette amie mais elle vivait dans une bulle inatteignable, les élèves le sentent et l'ont déchiquetée. Elle n'a jamais réagi. Elle a été énormément aidée et a toujours refusé cette aide.

J'ai connu le même cas que Thalie, en 93 une fille hyper bien classée au CAPES (dans les cinq premières) n'a pas tenu trois mois devant une classe.
Je ne sais pas ce qu'elle est devenue par contre et si elle a pu se reconvertir au sein de l'EN. Dans mon cas, ce n'était pas une amie mais je le connaissais par le biais de ma préparation au concours, et j'ai su ce qui lui était arrivée par une amie en stage de le même collège qu'elle.
Sinon pour l'émission de M6 je confirme, je me souviens d'un prof sur le point d'être viré pour de graves problèmes pédagogiques.Il était précisé que c'était rare bien sûr, mais que ce n'était pas un cas isolé.

J'aime mon métier, j'aime être devant des élèves.
Si je devais faire autre chose, ce serait des métiers dont les débouchés sont très très restreints : travailler dans le patrimoine (monuments historiques, archives, inventaire) ou généalogiste familial. Je ne me vois pas m'éloigner de l'Histoire.

Un truc que j'ai souvent ressenti,quand j'étais prof, c'était le fait d'être un perpétuel redoublant..
La plupart de mes collègues avaient la même sensation et j'ai toujours pensé qu'elles étaient résignées..
Or, sur néoprof, je constate que nombreux sont ceux (celles) qui ont des envies de bouger.
Cela restera probablement une velléité ou un rêve, mais déjà, c'est constructif d'y penser.
J'ai trouvé plusieurs libraires ou bibliothécaires (normal !) Mais j'avoue que j'ai été bluffé par des idées surprenantes : caissière, femme de ménage, généalogiste, rentier, journaliste ou animatrice de radio, conductrice de métro ! sage femme, employée administrative, conducteur de train, la mode, la pub, les antiquités, la déco...
Purée ! Vous ne manquez pas d'imagination.

Moi, ce qui est triste, c'est que je n'aime rien.
Donc rentière, ça m'aurait plu, et j'aurais été une éternelle étudiante..

La question, je me la pose souvent... Les réponses, elles, varient...
En ce moment, je dirais:
1) je cherche à bosser comme prof (oui, oui!), dans une structure privée alternative où je bosserai en étant reconnue (on peut rêver, non?)
2) je fais une formation en cuisine/accueil et je crée chambres et table d'hôte (bon, là, il va falloir trouver les moyens d'investir)
3) je cherche du boulot dans le patrimoine, genre guide/conférencier
4) je m'offre des années sabbatiques pour m'inscrire en master, puis en thèse et je propose en temps mes services dans l'édition (c'est sous payé, mais c'est intéressant)
5) Je cherche du boulot dans les agences de voyages scolaire et je crée des séjours pédagogiques qui n'existent pas.
6), j'ai encore des tas d'idées, mais mon métier de mère m'appelle!

J'ai eu à y faire face,
j'ai profité de mon chômage pour faire un deuxième bébé et j'ai repassé le concours dans la foulée.
De prof à abattre je suis devenue formidable, formateurs IUFM dans leurs petits souliers avec moi et même maître de stage pour les masters.
On marche sur la tête dans l'EN mais j'adore mon métier.

Je crois que je ne pourrais rien faire d'autre. Pourvu qu'ils me gardent, malgré tous mes défauts, je suis trop bien en classe. C'est un lieu ou j'oublie tout, où la fatigue s'envole, les petits bobos aussi - pour être uniquement dans la communication.

c'est en lisant des messages comme le tien mufab que je me dis que je me suis complètement plantée en passant le concours et que je ne suis pas à ma place....moi c'est chez moi que j'oublie tout et que la fatigue s'envole....ce boulot est synonyme depuis le début de stress, de fatigue, de déprime.

Attends, lalilala : ça ne s'est pas fait en 2 jours, ni en 2 ans... J'ai bien galéré avant (en collège, en lycée, en maison familiale, et même en tant que ZIL dans le Primaire) avant de trouver mon école, ma classe, celle où je sais que j'assure un peu parce que je connais bien un niveau, que j'ai réussi à prendre des libertés avec le programme et les injonctions pédagogiques de toutes provenances.
Je n'aurais jamais dit ça il y a quelques années.

Si jamais je suis virée (ce que je n'espère pas) je mets en branle mon réseau. Tous mes ami(e)s et connaissances plus ou moins proches sauront que je suis disponible et dans la mouise. M'étonnerais que je décroche pas ainsi un job ou deux, même temporaire, même sous qualifié, et que j'arrive pas ainsi à rebondir quelque part.
Ensuite, je crée quelques bijoux, fringues et accessoires que je vends et je me forme dans la réalisation de bijoux.
C'est pour le fric que ca risquerait d'être chaud, au moins quelque temps. En vivant seule, il n'y a pas de filet de sécurité.

condorcet a écrit:

thonmais a écrit:

lalilala a écrit:

Ponce Pilate a écrit:J'avoue que j'ai mal posé la question. Tout le monde s'est focalisé sur le fait d'être viré.
J'aurais dû poser la vraie question :
Vous avez envie de quitter l'EN. Qu'aimeriez vous faire ?

allez je rêve un peu : bibliothécaire, restauratrice de vieilleries (d'art ou pas), traductrice (dans l'audiovisuel, ça me plairait bien)

Bibliothécaire, ça me tente bien moi aussi! Mais le concours est difficile et peu accessible apparemment.

Le concours de bibliothécaire d'Etat a lieu demain et après-demain : il offre 14 postes à l'externe et 8 à l'interne.

Pour combien de candidats??? Si ça se trouve c'est pas plus sélectif que le capes interne de doc!

menerve a écrit:

condorcet a écrit:

thonmais a écrit:

lalilala a écrit:

Ponce Pilate a écrit:J'avoue que j'ai mal posé la question. Tout le monde s'est focalisé sur le fait d'être viré.
J'aurais dû poser la vraie question :
Vous avez envie de quitter l'EN. Qu'aimeriez vous faire ?

allez je rêve un peu : bibliothécaire, restauratrice de vieilleries (d'art ou pas), traductrice (dans l'audiovisuel, ça me plairait bien)

Bibliothécaire, ça me tente bien moi aussi! Mais le concours est difficile et peu accessible apparemment.

Le concours de bibliothécaire d'Etat a lieu demain et après-demain : il offre 14 postes à l'externe et 8 à l'interne.

Pour combien de candidats??? Si ça se trouve c'est pas plus sélectif que le capes interne de doc!

L'année dernière, ils étaient 1855 candidats à l'externe et 554 à l'interne (pour respectivement 20 et 10 postes soient 1,02 % de réussite à l'externe et 1,81 % à l'interne).

Des idées j'en ai plein, c'est le nerf de la guerre qui manque : l'argent !

Ponce Pilate a écrit:Trois inspections défavorables : vous êtes viré (e) de l'enseignement.
Que faites vous ?

Je négocie mon départ ou je vais au TA, parce que se retrouver avec trois inspections défavorales signifie:

- qu'on n'aurait jamais dû être titularisé
- qu'on est est entré en conflit avec l'administration

Dans les deux cas, cela risque de devenir rapidement invivable au quotidien !

Ceci étant dit, si je me retrouvais brusquement avec des rapports défavorables, je crois que j'aurais très envie de... rire - je m'en fiche complètement de l'avancement, je fais ce métier par plaisir et non pas par défaut. Préparer des cours et convaincre mes élèves de leur utilité, c'est ce qui me donne envie de continuer à exercer ce métier, malgré le reste. Le jour où ce sera différent, ils n'auront pas besoin de me virer, parce que je refuserais de faire subir aux gosses mon ras le bol et mon désenchantement.

Enfin, être viré(e) de l'EN, ce n'est pas une catastrophe à mes yeux - j'ai accepté de voir ma fiche de paie fondre comme neige au soleil, après le concours, ce qui fait que je ne me considère pas comme étant une... privilégiée. :lol:

Entre l'éventualité lointaine et la réalité concrète, je pense qu'il y a un saut énorme : il est difficile de savoir comment on réagit à chaud et plus encore d'imaginer la suite.

Carabas a écrit:Moi, ce qui est triste, c'est que je n'aime rien.
Donc rentière, ça m'aurait plu, et j'aurais été une éternelle étudiante..

Moi non plus je n'aime rien...ou plutôt si: j'aime un peu de tout, je m'enflamme sur un projet pour vite en être dégoûtée....j'aime tout à petites doses....

Que faire????

condorcet a écrit:

menerve a écrit:

condorcet a écrit:

thonmais a écrit:

lalilala a écrit:

Ponce Pilate a écrit:J'avoue que j'ai mal posé la question. Tout le monde s'est focalisé sur le fait d'être viré.
J'aurais dû poser la vraie question :
Vous avez envie de quitter l'EN. Qu'aimeriez vous faire ?

allez je rêve un peu : bibliothécaire, restauratrice de vieilleries (d'art ou pas), traductrice (dans l'audiovisuel, ça me plairait bien)

Bibliothécaire, ça me tente bien moi aussi! Mais le concours est difficile et peu accessible apparemment.

Le concours de bibliothécaire d'Etat a lieu demain et après-demain : il offre 14 postes à l'externe et 8 à l'interne.

Pour combien de candidats??? Si ça se trouve c'est pas plus sélectif que le capes interne de doc!

L'année dernière, ils étaient 1855 candidats à l'externe et 554 à l'interne (pour respectivement 20 et 10 postes soient 1,02 % de réussite à l'externe et 1,81 % à l'interne).

C'est encore pire que le capes de doc alors...!!!

Durruti a écrit:Si je suis viré, je deviens berger dans les Pyrénées.

Oh oui, moi aussi.

Mais dans le massif central ça me va aussi, sur le Larzac par exemple.