Fermeture d'un blog : mais que se passe-t-il donc autour de Ghislain Dominé ?

Celeborn

Merveilleuse. Cette affaire est merveilleuse.

On parle d'effet Streisand quand la tentative d'étouffer une information ou un discours lui donne en réalité une audience qu'elle ou il n'aurait peut-être pas eue sans cela.

On pourrait dire que ça a un côté « arroseur arrosé » appliqué à la censure.

holderfar a écrit:

Igniatius a écrit:

Isis39 a écrit:Mara Goyet réagit aussi :
http://maragoyet.blog.lemonde.fr/2014/10/28/un-enseignant-a-t-il-le-droit-de-sexprimer-publiquement-sur-son-metier/

Assez d'accord avec l'article même s'il n'apporte aucun element nouveau.

Je me démode si les premiers défenseurs de Dominé sont vraiment d'accord avec la dernière phrase du billet, qui appelle a refuser la caporalisation ds l'EN.

Bien sûr que oui, vu que certains d'entre eux en sont victimes aussi. 
Personne n'a le monopole de la dénonciation de la caporalisation. Elle nuit à tout le monde.

Je suis bien d'accord avec toi mais tu vois bien a qui je faisais allusion : des gens qui ont souvent appelé à la mise hors d'état de nuire de ceux qui pensaient différemment, ou qui ont multiplié les rappels a la loi (ilsst dans doute aujourd'hui contre le devoir de réserve...) voire appelé à la dénonciation aux ipr.
Je sais que la plupart des gens avec les orientations desquelles je suis en désaccord ne fonctionnent pas ainsi, toi la première, mais ces gens-là existent et ce sont ces agissements qui nuisent fortement a leur crédibilité aujourd'hui.


PauvreYorick : j'avais a peu près pigé cela mais ma question, mal posée, portait plus sur la référence a Streisand.
Pas Barbra quand même ? Parce que j'ai des memories, mais je ne vois pas.

Igniatius a écrit: [...] mais ma question [...] portait plus sur la référence a Streisand.
Pas Barbra quand même ? Parce que j'ai des memories, mais je ne vois pas.

Il faut croire que si : http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Streisand#Origine

http://en.wikipedia.org/wiki/Streisand_effect#Origin_of_the_term

Ah ah ! génial !

John a écrit:Une demande de blâme pour la photo d'un pc...
Non mais vraiment...

On peut bien en avoir un pour un marque page donné à quelques parents d'élève de deux ans plus tôt...

... Interviewé mardi par France 3 Nord-Pas-de-Calais, Ghislain Dominé semblait sous le choc : «J’ai l’impression de m’être pris un tsunami en pleine figure...»

« ... Le ministère de l’Education semblait mardi chercher l’apaisement. Il faut dire que jeudi, la ministre Najat Vallaud-Belkacem et François Hollande ont rendez-vous pour parler numérique à l’école… »
V. Soulé, Libération 25.10.2014
http://www.liberation.fr/societe/2014/10/28/numerique-les-profs-pries-de-ne-pas-critiquer_1131425

Donc le rectorat de Lille assume avoir menacé Ghislain Dominé d'un blâme pour son billet sur le numérique...

Dépenser des centaines de millions (au moins 400M€) par année scolaire pour financer des outils, tels que des tablettes ou Kartable.fr, puis les imposer aux enseignants et aux élèves envers et contre tout. Serait-ce l'objet du plan numérique?

Mettre le retrait de l'école de Farida Belghoul et la pugnacité de Brighelli sur le même plan...

Et présenter "l'auteur d'un Guide de l'iPad pour les enseignants" comme "inquiet de l'illusion technologique".

Menacer Ghislain Dominé de blâme révèle l'état de panique générale dans lequel se trouvent les rectorats. Cela prouve que la crise actuelle est cataclysmique. On sent les chefs pris de sueurs froides, s'agitant dans tous les sens, cherchant des boucs émissaires, frappant au hasard pour se donner l'illusion d'agir, et les chéris d'hier deviennent les victimes du jour.

Effectivement le rapprochement entre Belghoul et Brighellin'était pas judicieux de sa part...

Par ailleurs j'imagine que chaque rectorat va désormais financer, à l'aide du plan numérique, une police interne pour détecter puis mâter les enseignants s'exprimant trop librement contre le numérique à tout va.

Luigi vous allez devoir vous préparer à un arrivage massif de blâmes! :lol:

Je numérote mes abattis...

Bon, j'ignore comment fonctionne Canopé mais je suppose qu'en s'engageant comme chef de projets numériques pour Canopé, Ghislain Dominé s'est placé sous une autorité hiérarchique un peu différente. Son billet, qui fustige l'absence d'accompagnement du grand plan numérique le met en porte-à-faux avec sa mission d'accompagnement, précisément.

Luigi_B a écrit:Je numérote mes abattis...

Bon, j'ignore comment fonctionne Canopé mais je suppose qu'en s'engageant comme chef de projets numériques pour Canopé, Ghislain Dominé s'est placé sous une autorité hiérarchique un peu différente. Son billet, qui fustige l'absence d'accompagnement du grand plan numérique le met en porte-à-faux avec sa mission d'accompagnement, précisément.

Ah là c'est sûr, si un pion lambda se soucie réellement de la bonne qualité du plan qu'il veut défendre et en dresse une critique (qui aurait pu s'avérer constructive), il ne reste plus à l'autorité qui le chapeaute, pour faire justement preuve d'autorité, de sanctionner le bravache et le faire rentrer dans le rang plutôt que de tenir compte de remarques qui pourraient, par malheur, améliorer un projet boiteux. Rien de nouveau sous le soleil.

Peinard a écrit:Donc le rectorat de Lille assume avoir menacé Ghislain Dominé d'un blâme pour son billet sur le numérique...

Dépenser des centaines de millions (au moins 400M€) par année scolaire pour financer des outils, tels que des tablettes ou Kartable.fr, puis les imposer aux enseignants et aux élèves envers et contre tout. Serait-ce l'objet du plan numérique?

On finit par avoir cette impression, oui... Il faut faire tourner la grande machine à sous. Transformer l'éducation en économie (rentable) de la connaissance, par un beau tour de passe-passe : faire d'un bête outil le rouage principal de la machine.
Moi qui croyais qu'on était juste sous la coupe réglée de microsoft ou autres fabricants... Je découvre ces jours-ci une autre facette de ce gigantesque détournement d'argent public, avec les levées de fonds pour les applications douteuses.

2 éléments pour nuancer les messages précédents :

- La censure vient-elle du CNDP-Canopé ? Vient-elle du Rectorat ? Dans les deux cas, les censeurs ont réussi une opération de contre-communication. Un détail néanmoins : est-il possible de rappeler le climat d'avant 2012 et le comportement autrement plus brutal de certains recteurs de choc, notamment à Lille ?

- « L’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Strat%C3%A9gie_de_Lisbonne

Ces choix européens néo-libéraux soutenus par les gouvernements français avant et après 2002 ont été vivement contestés en 2009 et en 2010. Pas besoin de l'école numérique façon Fourgous ou façon Hollande pour vouloir imposer cette privatisation de l'Education. Juste de convaincre tout le pays que rien ne marche, de favoriser les boites privées de soutien, voire de proposer de porter à 10 000 euros (ou plus) l'année de Fac, sur le modèle d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique. En 2012, un gouvernement québécois y a perdu sa majorité.  
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3621

Pierre-Henri a écrit:Menacer Ghislain Dominé de blâme révèle l'état de panique générale dans lequel se trouvent les rectorats. Cela prouve que la crise actuelle est cataclysmique. On sent les chefs pris de sueurs froides, s'agitant dans tous les sens, cherchant des boucs émissaires, frappant au hasard pour se donner l'illusion d'agir, et les chéris d'hier deviennent les victimes du jour.

Analyse totalement délirante, j'ai suffisamment de contacts dans le rectorat de mon académie pour vous assurer que ce type d'attitude n'est pas générale...

Isis39 a écrit:Pour vous faire une idée, voici l'article qui a déplu à la hiérarchie.
http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache%3AlmobQm2zZhsJ%3Alannoy29.wordpress.com%2F2014%2F10%2F23%2Fde-lincertitude-2-0%2F+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=firefox-a

Merci. Je m'aperçois que quelle que puisse être ma réputation ici ou ailleurs et que quelque conservateur que je puisse sembler, je pourrais signer ce billet sans en changer une virgule ; et que si certains thuriféraires du numérique disaient plus souvent ce genre de choses, une belle économie de prises de bec diverses pourrait être réalisée.
Que ce collègue lucide puisse être inquiété pour des propos aussi essentiels en dit long sur l'état de notre ministère, de la liberté d'expression, mais aussi sur l'utilisation coercitive du web par les autorités, de gauche comme de droite.

Tamerlan a écrit:
Analyse totalement délirante, j'ai suffisamment de contacts dans le rectorat de mon académie pour vous assurer que ce type d'attitude n'est pas générale...

En ce cas, j'aimerais qu'on m'explique ce qui justifie, en toute rationalité, que le rectorat menace officiellement un professeur de blâme pour un article qui n'a rien d'extrémiste, rien d'incendiaire, rien de diffamatoire et qui démontre surtout l'attachement sincère de ce professeur à son métier. Il me semble que, s'il y a quelque chose de "délirant" dans cette affaire, ce sont plutôt ces coups de matraques venant des rectorats, lancés à tort et à travers sur toutes les têtes, qu'elles dépassent ou pas, au mépris de toute logique.

Je dit simplement qu'il s'agit d'un rectorat et pas d'une politique générale ou comme vous l'affirmez sans aucun élément d'un "état de panique générale".

Isis39 a écrit:Toujours est-il que la "hiérarchie" intermédiaire de l'éducation nationale a dû mal à laisser les enseignants avoir un regard critique (dans le sens constructif du terme) à propos de l'équipement numérique. En gros : "on vous donne du matos qui coûte cher. Vous avez intérêt à l'utiliser et surtout à vous taire".
J'en ai aussi fait les frais.

Il faut bien voir que dans ces opérations, nous ne sommes pas des professeurs mais des clients captifs et que ce sont des intérêts économiques et non pédagogiques qui sont en jeu. Ce sont des milieux auxquels nous ne devrions même pas être sensibilisés, à tout le moins confrontés.