Les élèves timides et l'oral

Le super résumé de ma journée: j'ai fait passer une évaluation orale ( prévenue à cause d'un élève " pathologiquement angoissé " à qui on a du coup interdiction totale de faire des interros surprises ) et autant avec cet élève ça s'est bien passé, autant j'ai eu des réactions étranges de la part d'autres, qui sont allées pour certains jusqu'au refus de passer l'évaluation à cause d'un problème de timidité. Ces élèves sont tous passés après ( sur une heure de perm' qu'ils avaient sur une de mes heures de trous ) en " individuel ". C'étaient des 4èmes... C'est la 1ère fois de ma carrière que je vois ça. D'habitude les vrais timides prennent sur eux, et les autres se prennent leur 0 et leur mot dans le carnet sans broncher...

Du coup ma mésaventure me pousse à me poser des questions: comment gérer les élèves timides en cours de langue quand on veut faire de l'oral, ou faire passer une évaluation orale?

Est ce que vous avez des mp3? Comme ça les élèves peuvent s'enregistrer. Soit dans le couloir au calme, ou tous dans la classe dans un brouhaha collectif mais au moins ils ne sont pas seuls à parler.

Sauf nécessité de faire passer devant tout le monde ou classe avec élèves qui se connaissent très bien, je faisais les évaluations orales en individuel, au fond de la classe pendant que les autres faisaient des exercices en binômes ou une expression écrite (quelque chose de corrigé ensuite, histoire qu'ils travaillent).

Ca m'étonne qu'il y en ait eu autant...Les mp3 ou salle info/audacity peuvent être une solution.

Pour moi, il est important de se confronter à un "public"… si on repousse constamment cette épreuve (on est d'accord, pour certains, s'en est une) on ne les habitue pas à affronter leurs difficultés. J'en ai un peu marre, personnellement, du résultat de la bienveillance à tous bout de champs: des élèves qui ne sortent jamais de leur zone de confort. C'est pas ça, la vie...

Merci.

Pour les MP3, ben oui j'en ai 1. Le mien. J'ai procédé ainsi avec les 3èmes parce que leur éval' était plus élaborée et que ça risquait de me prendre trop de temps de les faire passer en classe.
En résumé: il y en a qui se sont plantés dans leur enregistrement, je m'en suis rendue compte à la fin de l'heure donc le soir j'ai vérifié, retrouvé le nom de ceux qui n'avaient rien enregistré ou enregistré du vide ( !!! ) pour leur demander de recommencer. En un mot: chronophage.

Le travail autonome pendant que je m'isole avec l'élève qui passe, PLUS JAMAIS! Si tu réussis à le faire avec tes élèves tant mieux, mon expérience m'a prouvé qu'essayer de faire travailler un groupe en autonomie était difficile ( voire relevait de l'utopie ), entre ceux qui font rien et qui vont te faire un sketch à cause de leur 0 ( j'ai même eu une fois une demande de RV d'une mère, parce que quand même, il pouvait faire à la maison ce qu'il n'avait pas fait en classe, non? Bah non ... Et puis faire deux évaluations le même jour blablabla... Bref. ), ceux qui pignent parce qu'ils veulent te parler parce qu'ils ont ( toujours ) pas compris ce qu'il fallait faire sauf que là maintenant je suis pas dispo et ceux qui profitent pour tenter de mettre le bazar...

Pour les 4èmes, la principale difficulté était de comprendre l'énoncé, la plupart m'ont fait deux ou trois phrases et ça allait très bien, d'ailleurs dans l'autre 4ème ( et alors qu'ils n'avaient pas été prévenus eux ) je n'ai eu aucun problème.

Puis quelque part je suis d'accord avec Gnafron. On ne peut pas toujours contourner le problème, l'année prochaine ils auront l'épreuve d'HDA, ils vont peut être se retrouver avec un jury qu'ils ne connaissent pas, et ils vont refuser de passer parce qu'ils sont trop timides pour parler devant des inconnus?

Du coup, je ne comprends pas bien la question. :lol:
Dans ce cas, c'est 0 en cas de refus de passage et pas de passage sur heure de trou en commun.

Je me demandais si certains avaient des " trucs " pour aider les élèves à surmonter leur timidité / peur de l'échec, surtout en cours de LV où l'oral est extrêmement important.

Rien que tu ne fasses probablement déjà...Je leur conseille de s'imposer dans un premier temps une prise de parole par heure dans les cours dans lesquels ils sont à l'aise, puis la semaine suivante étendre à une prise de parole dans un autre cours etc.

Au collège, il y avait aussi un atelier langage oral organisé par des collègues pour la prise de confiance (petit groupe d'une 10aine d'élèves par session). Ca fonctionne plutôt pas mal.

Sinon du théâtre mais il faut avoir un club...

Je pense que plus ils sont timides, plus il faut en faire! (sérieusement, histoire de dédramatiser…)

BritLéty a écrit: d'autres, qui sont allées pour certains jusqu'au refus de passer l'évaluation à cause d'un problème de timidité.

HS mais l'année prochaine avec le nouveau Brevet, ils auront des épreuves orales.
C'est bien que les collègues de langue les y préparent.

En effet, c'est rare qu'autant d'élèves refusent de passer à cause de leur timidité .
Il doivent apprendre à gérer le stress face au groupe, même si ce n'est pas facile , car ils passeront des oraux pendant toutes leurs études .
Bien leur expliquer cela et ne plus prendre les élèves en individuel ,sinon, ils vont s'y habituer et continueront à refuser de passer devant les autres . S'ils passent par petits groupes de 2 ou 3 par affinités,sur un dialogue par exemple, est-ce que ça pourrait les aider à se sentir plus à l'aise ? ( c'est chronophage, certes, mais s'il faut en passer par là ...) .

Il y a bien des trucs:
- s'imaginer qu'on joue le rôle d'un autre, qui lui s'exprime facilement, est à l'aise, etc (c'est bête mais ça aide)
- se préparer en s'imaginant dans la situation, et en parlant à haute voix, seul ou avec ses parents, ses copains (c'est un truc donné quand on passe des entretiens d'embauche, je l'ai trouvé utile personnellement)
- respirer par le ventre (mais ça c'est un truc que je donnais aux terminales et aux post-bac, je me verrais mal l'expliquer à des collégiens)
Je crois que ce qui bloque les élèves, c'est davantage de parler devant la classe que devant le professeur. Si la classe est sympa, c'est évidemment plus facile à gérer que si on sait que l'on devra lutter contre des moqueries plus ou moins cruelles.

gnafron2004 a écrit:Pour moi, il est important de se confronter à un "public"… si on repousse constamment cette épreuve (on est d'accord, pour certains, s'en est une) on ne les habitue pas à affronter leurs difficultés. J'en ai un peu marre, personnellement, du résultat de la bienveillance à tous bout de champs: des élèves qui ne sortent jamais de leur zone de confort. C'est pas ça, la vie...

Je ne suis pas sûr d'être d'accord. Certes il faut stimuler les élèves le plus possible et particulièrement les plus effacés, mais j'ai le plus grand respect pour les timides et je m'efforce de mettre le plus de doigté possible en les sollicitant, ce qui les met en confiance et les aide à se défaire en partie de leur appréhension, ce qu'on n'a aucune chance d'obtenir en les brusquant.
Il faut dire que j'ai plus que mon lot de grandes gueules et qu'un peu de calme et de pondération, ça fait du bien aussi.

dandelion a écrit:
Je crois que ce qui bloque les élèves, c'est davantage de parler devant la classe que devant le professeur. Si la classe est sympa, c'est évidemment plus facile à gérer que si on sait que l'on devra lutter contre des moqueries plus ou moins cruelles.

C'est la 1re chose à laquelle j'ai pensé en te lisant. Ambiance de classe pourrie avec moqueries à la clé, d'où refus de passer? A creuser.

C'est pas faux a écrit:

gnafron2004 a écrit:Pour moi, il est important de se confronter à un "public"… si on repousse constamment cette épreuve (on est d'accord, pour certains, s'en est une) on ne les habitue pas à affronter leurs difficultés. J'en ai un peu marre, personnellement, du résultat de la bienveillance à tous bout de champs: des élèves qui ne sortent jamais de leur zone de confort. C'est pas ça, la vie...

Je ne suis pas sûr d'être d'accord. Certes il faut stimuler les élèves le plus possible et particulièrement les plus effacés, mais j'ai le plus grand respect pour les timides et je m'efforce de mettre le plus de doigté possible en les sollicitant, ce qui les met en confiance et les aide à se défaire en partie de leur appréhension, ce qu'on n'a aucune chance d'obtenir en les brusquant.
Il faut dire que j'ai plus que mon lot de grandes gueules et qu'un peu de calme et de pondération, ça fait du bien aussi.

Je te rassure, je ne les mets pas plus mal à l'aise qu'ils ne sont déjà, mais je les oblige à passer à l'oral, c'est ce que j'appelle sortir de sa zone de confort: pour moi rester dans sa zone de confort, c'est ne faire que ce qui est facile et agréable. Ce n'est pas pour autant que je les brutalise, je te rassure. Mais oui, même en étant bienveillant, on peut les brusquer !

J'ai donc fait passer mes 3 classes de 4èmes sur le même sujet cette semaine.
Avec les deux autres classes, aucun problème.

Et à y réfléchir, c'est très possible qu'il y ait un groupe d'élèves un peu limites dans cette classe, le genre déjà bien baraqués alors que les autres sont soit très timides voire limite introvertis, soit " crevette ".