Re: "Dracula" en 4e

Whaouh ! Vous avez déjà tenté l'expérience, Vautrin ? Le roman intégral, avec son aspect protéiforme (journaux, lettres...) me semble difficile d'accès sans accompagnement. Tu nous diras à la rentrée comment il a été reçu ?

Je n'aurai pas de 4e, donc je n'aurai que les échos de mes collègues, mais une collègue a déjà étudié ce roman plusieurs fois et c'est toujours bien passé d'après elle. D'ailleurs, certains élèves de 5e avaient déjà terminé la lecture en cette fin d'année et étaient très enthousiastes ! Bon, il est évident qu'il y aura toujours 5 à 10% des élèves qui ne liront pas (mais on aurait proposé une nouvelle de 10 pages que cela aurait été pareil...) et quelques élèves qui seront sans doute un peu paumés, mais je suis conscient de l'avantage d'être dans un bon établissement...

Je me permets de partager un escape game sur Dracula, en anglais, mais faisable par des 4e: http://www.englishnexon.com/pages/teachers-zone-3eme/gothic-escape-game-1.html

Cela peut être très intéressant de le mener avec un.e collègue d'anglais. Le jeu a d'ailleurs été monté par un.e collègue de langue, vous y trouverez tout un appareil didactique, des cartes mentales et les corrigés.
Je l'ai tenté avec les élèves qui sont revenus en fin d'année, c'était un chouette moment. On a bien ri de nos accents à couper au couteau !

En LC, on a bossé sur Le Vampire de Byron / Polidori : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/l-enseigne-du-merveilleux-le-vampire en littérature audio. Le format court (30 min) et les effets sonores ont bien marché sur les élèves. Ils avaient un questionnaire de lecture à remplir au fur et à mesure de l'écoute.

Pour l'exercice d'écriture, je leur ai demandé d'inventer la fin de la nouvelle (j'ai arrêté l'écoute à l'annonce du mariage de la soeur).

Merci, Dorémy. C'est effectivement un travail que je mènerai avec ma collègue d'Anglais. Je vais lui transmettre le lien que tu indiques, à toutes fins utiles.

Ergo a écrit:Au 19e, il y a pas mal de textes: le Vampire de Polidori, la morte amoureuse de Gautier, Carmilla de Le Fanu, La dame au linceul de Stoker, le Horla...pour n'en citer que quelques-uns.

J'ai découvert ce récit il y a quelques années, j'ai adoré.

Mlle_Andromede a écrit:Je te remercie pour ta réponse Ergo.

Effectivement, il y a pas mal de textes, mais j'ai peur que le fait de s'attacher exclusivement à la figure du vampire ne soit pas assez consistant dans le cadre d'une séquence (risque de tourner en rond, de répéter les mêmes choses...).

Le problème, avec toutes les figures du fantastique, c'est qu'il y en a tellement... Et pour trouver une problématique adéquate...

Êtes-vous, en 4e, limités à un siècle en particulier pour traiter le programme ?
En LP j'ai souvent évoqué l'évolution de la figure du vampire. J'utilisais La Morte Amoureuse (extrait, Clarimonde durant l'ordination du narrateur, sa description, toujours, parfois lorsqu'elle lui prend du sang pendant qu'il dort), parfois un extrait de Carmilla, Dracula pour l'archétype retenu ensuite, extraits d'Entretien avec un vampire (textes et extraits du film) et extrait de Twilight (Bella qui découvre la bande de vampires à la cafétéria, description donc). La description de Clarimonde comparée à celle des vampires de Twilight, notamment des figures de style, est assez amusante (mes commentaires aussi). La morale aussi et l'aspect cul-bénits (voire cucul-bénits et grenouilles de bénitier) des vampires de Twilight permettaient de conclure (de la figure du diable transgressif à celui du pauvre gentil respectant toutes les normes sociales et morales). Souvent j'évoquais (évoquais seulement) Je suis une légende pour l'inversion du monstre qui est monstrueux simplement car il est unique et différent (ce qui n'est plus le cas depuis Entretien avec un vampire), donc "il faut l'abattre" ! Mais nous n'avons sans doute pas du tout les mêmes attendus au LP qu'au collège.

Bonjour à tous,

Voilà plusieurs années que j'étudie Dracula en 4ème: c'est un texte qui plait, surtout au début. Il est vrai que même en version abrégée, c'est long. J'agrémente la séquence de plusieurs manières:
- un travail d'analyse cinématographique à partie d'extraits de trois films: Nosferatu, Le Bal des vampires et Dracula de Coppola,qui me permet entre autres de travailler les registres et la notion de réécriture.
- un journal de lecture qu'ils rédigent au fil de l'eau, il peut s'agir d'un court résumé, d'un choix et d'une justification d'illustration, d'impressions de lecture, de réponses à des questions...
- l'enjeu le plus important de la séquence est de faire comprendre aux élèves que la lecture longue fonctionne sur la compréhension et l'assemblage d'indices et d'interprétations plus ou moins fiables. Avec ses multiples narrateurs, sa forme épistolaire, le roman doit se lire comme un roman policier. Apprendre à mettre en rapport et confronter les témoignages de divers personnages, à restaurer une chronologie ou à forger des hypothèses de lecture est ce qu'il y a de plus difficile pour eux.

Le gros bémol de cette séquence, c'est que finalement, Dracula n'est pas un roman fantastique... L'indécision réalisme/surnaturel est vite balayée, au profit de la certitude que Dracula est bien un monstre sanguinaire. Je complète donc avec la lecture de nouvelles de Poe ou de Maupassant, dont ils doivent rendre compte sous forme d'exposé.

Enfin, la séquence étant longue, je la réserve pour des classes pas trop faibles qui ne risquent pas de se lasser trop vite.

Bon, en même temps, ça fait longtemps que la thèse de Todorov a été démontée. Déjà, avant lui, Caillois définissait le fantastique de façon bien plus large, et depuis, les travaux de Tadié en ont remis une couche.
Donc aucun problème pour classer Dracula dans le genre fantastique.

Il peut sembler fort étrange qu’un fantôme soit senti comme faisant partie de l’univers fantastique, quand un ogre ou un farfadet, créatures non moins surnaturelles, ressortissent non moins à la féerie.
Il est important de distinguer sans tarder entre ces notions proches trop souvent confondues. Le féerique est un univers merveilleux qui s’oppose au monde réel sans en détruire la cohérence. Le fantastique, au contraire, manifeste un scandale, une déchirure, une irruption insolite, presque insupportable dans le monde réel. Autrement dit, le monde féerique et le monde réel coexistent sans heurt ni conflit. Ce sont deux milieux qui obéissent à des lois incompatibles et qui sont habités chacun par des êtres qui vivent respectivement à l’aise et tout naturellement dans ces univers différents […] L’univers du merveilleux est peuplé de dragons, de licornes et de fées ; les miracles et les métamorphoses y sont continus ; la baguette magique, d’un usage courant ; les talismans, les génies, les elfes et les animaux reconnaissants y abondent ; les marraines, sur-le-champ, exaucent les vœux des héroïnes méritantes. Ce monde enchanté est harmonieux, sans contradiction […]
Le fantastique suppose la solidité du monde réel, mais pour mieux la ravager […] Alors vacillent les certitudes les mieux assises et l’Epouvante s’installe. La démarche essentielle du fantastique est l’Apparition : ce qui ne peut pas arriver et qui se produit pourtant, en un point et à un instant précis, au cœur d’un univers parfaitement repéré et d’où on estimait le mystère à jamais banni. Tout semble comme aujourd’hui et comme hier : tranquille, banal, sans rien d’insolite et voici que lentement s’insinue ou que soudain se déploie l’Inadmissible.
La féerie est un récit situé dès le début dans l’univers fictif des enchanteurs et des génies. Les premiers mots de la première phrase sont déjà un avertissement : En ce temps-là ou Il y avait une fois… C’est pourquoi les fées et les ogres ne sauraient inquiéter personne. L’imagination les exile dans un monde lointain […] sans rapport ni communication avec la réalité de chaque jour où l’esprit n’accepte guère qu’ils puissent faire irruption […]
La différence est éclatante, dès qu’il s’agit de fantômes ou de vampires. Certes, ce sont aussi des êtres d’imagination, mais cette fois l’imagination ne les situe pas dans un monde lui-même imaginaire ; elle se les représente ayant leurs entrées dans le monde réel.

Anthologie du fantastique de Roger Caillois

Je n'ai rien de plus à apporter au sujet mais je vous remercie pour toutes ces pistes !
Après trois années seulement, je commence à me lasser du programme de 4è que j'ai toujours pris "dans le même sens", faute de temps et peut-être un peu par fainéantise. J'ai envie de me faire plaisir l'année prochaine et je viens d'acheter la version abrégée GF Etonnants classiques car elle m'a été conseillée par un collègue... J'aurais probablement dû fouiller sur le forum en amont.
Puisque je traiterai la nouvelle réaliste dès la rentrée, j'envisage d'étudier Dracula en OI et de donner trois nouvelles fantastiques en LC en parallèle, mais je suis peut-être ambitieuse.

Bonjour à toutes et à tous,

Stagiaire cette année, je voudrais travailler sur la figure du vampire avec mes 4èmes. J'ai deux bonnes classes et les élèves sont très motivés, j'aimerais donc étudier Dracula (en version abrégée bien sûr !). L'ennui, c'est que les programmes spécifient très clairement "une nouvelle fantastique en OI". Or, comme c'est mon année de stage, j'ai peur que l'on me reproche de ne pas avoir réellement respecté ce qui était demandé...

Je précise que j'ai commencé l'année par la nouvelle réaliste, donc ils sauront déjà ce qu'est une nouvelle et ses caractéristiques. Je ne me rends donc pas bien à compte à quel point ça peut être grave que je me détourne du programme pour faire un roman fantastique.

Vaut-il mieux que je trouve un recueil de nouvelles sur le vampire pour l'OI et que je leur donne Dracula en lecture cursive (accompagnée évidemment) ?

Merci beaucoup !

MlleBovary a écrit:Bonjour à toutes et à tous,

Stagiaire cette année, je voudrais travailler sur la figure du vampire avec mes 4èmes. J'ai deux bonnes classes et les élèves sont très motivés, j'aimerais donc étudier Dracula (en version abrégée bien sûr !). L'ennui, c'est que les programmes spécifient très clairement "une nouvelle fantastique en OI". Or, comme c'est mon année de stage, j'ai peur que l'on me reproche de ne pas avoir réellement respecté ce qui était demandé...

Je précise que j'ai commencé l'année par la nouvelle réaliste, donc ils sauront déjà ce qu'est une nouvelle et ses caractéristiques. Je ne me rends donc pas bien à compte à quel point ça peut être grave que je me détourne du programme pour faire un roman fantastique.

Vaut-il mieux que je trouve un recueil de nouvelles sur le vampire pour l'OI et que je leur donne Dracula en lecture cursive (accompagnée évidemment) ?

Merci beaucoup !

Le recueil Les dents de la nuit fonctionne bien. Je l'ai utilisé plusieurs années.
Et en cursive, j'utilisais ce concert fiction autour de Dracula : https://podcloud.fr/podcast/samedi-noir/episode/publication-sans-titre-29

Bonjour à tous,

Cette année, je me lance sur Dracula avec mes 4e mais j'ai beaucoup de mal à me décider et à monter mon plan de séquence par conséquent. Quelle problématique avez-vous choisie ? Quelles activités ont très bien fonctionnées ?

Merci pour votre aide!

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